crazystory a écrit :
Excusez mon ignorance, mais hier soir, dans une émission animalière, j'ai entendu que nous avions 97% de patrimoine génétique commun avec les orang-outangs. Donc plus que les 91% invoqués plus haut... S'agit il de la même chose ?
On a un peu tendance à mélanger pas mal de choses. Le patrimoine génétique humain, c'est l'ensemble des gènes et de leurs variantes que possède l'ensemble du genre humain. 97% de ce patrimoine est identique à celui des orangs-outangs. Mais, si on va vers les chimpanzés ou les bonobos, on dépasse les 99%.
Chaque humain puise dans ce patrimoine, ou plus précisément dans le patrimoine de ses 2 parents. Aucun de nous peut avoir des gènes d'une autre personne que ses parents ... Sauf, bien entendu dans certains cas de greffes ou suite à des modifications qu'on commence à utiliser pour guérir certaines maladies génétiques. Mais, nous pouvons enrichir le patrimoine humain grâce aux multiples mutations qui ont leiu à chaque instants dans diverses parties de notre corps. Sachant que nous ne transmettrons que celles qui se trouvent dans nos cellules germinales.
Mais, une part de notre ADN est constituée de parties qui peuvent muter plus ou moins facilement. Ces parties servent de marqueurs. Les marqueurs sont utilisés en médecine légale pour identifier formellement un individu. Ils servent aussi en génétique des populations et ils sont souvent utilisés à l'envers sur certains sites qui vendent la possibilité de découvrir d'où on vient. En fait, un seul marqueur ne donne qu'une bien maigre image. Ainsi, selon la carte de Tolan, si on possède le marqueur "premiers agriculteurs", on a plus de chance de provenir du Pays Basque que de Lettonie. Mais, c'est une probabilité. En médecine légale certains se servent d'un mix de divers marqueurs pour essayer de découvrir d'où viennent certaines personnes. Les américains en font un assez grand usage. Les européens sont plus circonspects, car les résultats sont très aléatoires et dépendent de l'histoire généalogique de chacun des individus. Vous pouvez habiter en Lettonie, avoir des ancêtres familiaux provenant du Pays Basque et avoir le marqueur "premiers agriculteurs". Mais, il est possible, sauf si on prend les marqueurs particuliers que sont ceux du chromosomes Y ou ceux de l'ADN mitochondrial que votre frère ne le possède pas ...
Toutefois, au niveau de la génétique des populations ces marqueurs sont d'une aide très efficace, comme le démontre l'article suivant :
Le Point. fr : Le génome du Grand Ouest passé à la loupeOr, pour que les analyses des marqueurs ADN veulent dire quelque chose, il faut se servir d'outils mathématiques se basant sur les statistiques. Par exemple, pour l’étude citée, il a fallu déterminer une "valeur génomique moyenne". En fait, on prend une série de marqueurs et on étudie les différences qu'on trouve chez les divers individus. On passe cela à une moulinette informatique et on trouve une valeur reflétant la proximité par rapport à un ancêtre commun ou par rapport à un individu moyen de la population concernée. Cet individu moyen pouvant ne pas exister dans la réalité et n'étant qu'une chimère statistique.
Bien entendu, il existe plusieurs modèles de ces moulinettes informatiques qui ont souvent été développées en fonction des besoins par les généticiens et la valeur relative de tel ou tel marqueur peut être accentuées ou minimisé en fonction de divers critères. De plus, on n'a pas forcément fait de recherches sur tous les marqueurs d'une population, mais sur ceux qui peuvent sembler pertinent pour les chercheurs.
En fait, ces marqueurs ont une certaine propension à muter. Mais, ils ne mutent pas tous de la même façon. Si je fais des recherches sur quelques décennies, je vais m'intéresser à des marqueurs très mutagènes. Si je veux comprendre le lien qui unit les hommes aux reptiles, j'irais étudier des marqueurs très stables qui ne mutent quasiment pas. Donc, si je ne veux pas dépenser des sommes folles, je vais concentrer mon étude sur les "bons" marqueurs, ceux qui évoluent à la bonne vitesse par rapport à ce que je désire savoir.
Maintenant, intéressons-nous aux "91%" évoqués sur la carte de Tolan, en l'absence d'indications précises, il est difficile de savoir si c'est :
- la variabilité par rapport à un ancêtre génétique commun;
- la variabilité par rapport aux marqueurs d'un ancêtre fossile connu. Sachant que là aussi, on peut avoir 2 cas. 1- Il y a peu de fossiles et on étudie la variabilité par rapport aux gènes d'un seul fossile. 2- Il y a de nombreux fossiles pour la population étudiée et on a chois, soit un ancêtre représentatif de la population, soit on a calculé un ancêtre génétique moyen.
- la variabilité par rapport au marqueur moyen actuel.
De plus, nous ne savons pas exactement si on prend un mix ou un pool de marqueurs. Ces 2 termes veulent à peu près dire la même chose. En fait, on prend une série de marqueurs qui définissent une population. Ces l'ensemble des marqueurs qui sont plus ou moins spécifiques de cette population. Sachant, qu'on pourra toujours trouver à un instant donné, des gens qui possèdent l'ensemble de ces marqueurs et n'habitant pas la zone géographique déterminée. Ou des gens vivant dans cette zone et ne possédant aucun desdits marqueurs ...
Sachant que parfois, cela pourrait aussi concerner le pourcentage de la population générale d'une région qui pourrait posséder dans son bagage génétique le marqueur concerné.
Bref, scientifiquement, pour que ces chiffres veulent dire quelque chose, il manque pas mal de données pour leur donner une consistance. Mais, on comprend bien que ceux qui éditent de telles cartes veulent nous faire comprendre que des gènes correspondent à des populations et qu'il suffirait de savoir notre éloignement ou notre pourcentage commun de marqueurs pour savoir à quelle population on appartient. Sauf que la plupart des spécialistes préfèrent parler actuellement de populations ethnoculturelles. En fait, ce qui définit une population, c'est un ensemble de traits génétiques moyens et une culture moyenne. Sachant aussi que si on entre dans le détail, cela peut devenir très compliqué. Je suis un alsacien d'origine italienne. J'aime les petits gâteaux de Noël qu'on nomme ici des
bredalà (ou des bredele pour les bas-rhinois ...) et j'aime aussi les kouglofs. Pourtant, j'aime pas forcement les mêmes bredalà ou le même kouglofs que mes voisins qui ont chacun leur vision de ce qu'est un bon bredalà de Noël et cela dépend beaucoup des recettes que leurs faisaient leurs mamans (ce qui dépend des recettes des grands-mères, avant de celles des arrières grands-mères ....).