Cuchlainn a écrit :
Mais le problème se pose dans les DEUX sens. Il serait bon qu'on entende un peu moins proclamer que l'inexistence de toute forme de divinité est une "vérité" ou une "évidence" scientifiques, et que les contrevenants à cet énoncé sont des ennemis de la science, des obscurantistes ou des négationnistes.
Pour avoir été formé en fac de Sciences, où mon père était chercheur (et bon catholique, lui !) je peux affirmer n'y avoir jamais entendu ce genre d'affirmation, qui paraîtrait saugrenue. A part un public d'extrême-gauche un peu raide... et non scientifique, je vois mal qui pourrait aujourd'hui professer ce genre d'opinion.
la dernière fois que j'ai entendu invoquer conjointement Dieu et la science, c'était de la part d'un croyant (juif, mais peu importe) qui prétendait invoquer les mathématiques et l'exception probabiliste que constituait selon lui l'existence de l'Homme pour affirmer que la probabilité de l'existence de Dieu était égale à 1. (C'est une façon d'illustrer la théorie du "fine tuning", que j'ai déjà évoquée) Mais ce genre d'oiseau non plus ne court pas les rues, et encore moins les allées des universités.
Je ne connais pas assez les Etats-Unis pour savoir si les créationnistes sont réellement influents dans les universités. (hors de la "Bible belt", cette zone constituée par les Etats du sud les plus croyants) Si Alan Sokal s'est ému du sort fait à la Science - aux sciences exactes, précisément - par certains chercheurs en sciences humaines américains, c'était à propos d'une problématique (le relativisme culturel) qui n'a pas de lien immédiat avec les religions installées. Il s'inquiétait bien davantage de l'aspect "new age" de ce discours où la science est considérée comme "un récit parmi d'autres" ou encore "une construction culturelle." Dans une telle vision - et Sokal a bien fait de soulever ce lièvre - n'importe quelle théorie sur les extra-terrestres ou la divination acquiert le même statut que le "récit scientifique."
En France en tous cas, il me semble que Science et Religion ont cessé de s'affronter, sauf sur des questions où il y a friction (éventuelle) entre valeurs, comme par exemple la bio-éthique. Et même dans ce cas, la Science n'est pas en elle-même constitutive ou promotrice de valeurs absolues, qui dépendent bien davantage de la personnalité de chaque chercheur.
J'aurais tendance à dire que la science, au delà de la rigueur intellectuelle, ne défend qu'une valeur absolue : la curiosité et le droit de s'en servir en toutes circonstances. (Que cette curiosité paraisse malsaine à des esprits fermés, religieux ou non, c'est leur affaire ! )