massario a écrit :
La thèse de Marie Lacan:
La Néolithisation du bassin méditerranéen : Apports de l'ADN ancien
sous la direction de Jean Guilaine et Eric Crubezy.
http://thesesups.ups-tlse.fr/1392/1/2011TOU30177.pdfMerci de ce texte très intéressant. Je l'ai juste survolé, mais j'ai trouvé déjà pas mal d'infos. On y trouve, entre autre, la solution à votre interrogation initiale :
Citer :
L'haplogroupe G, marqueur de la néolithisation en Europe?
Le résumé final répond à cela:
Thèse de Marie Lacan a écrit :
La transition néolithique a été un événement majeur dans l’histoire du peuplement de l’Europe.
Afin d’évaluer directement comment la néolithisation du bassin méditerranéen a pu influer sur le génome des européens anciens, nous avons mené des analyses moléculaires sur des spécimens humains datant de cette période.
Les analyses ont porté sur 134 prélèvements provenant de 29 sites archéologiques différents, datés du mésolithique jusqu’à la jonction avec la période protohistorique. Une attention plus particulière a été portée sur deux sites principaux, pour lesquels les premiers prélèvements étudiés semblaient contenir de l’ADN endogène relativement bien préservé, la « Cova de l’Avellaner » en Catalogne espagnole (première moitié du Vème millénaire av. J.-C.), et la « grotte I des Treilles » (Aveyron) datée de la fin de la période néolithique (environ 3000 ans av. J.-C.).
Malgré les difficultés rencontrées inhérentes aux particularités de l’ADN ancien, nous avons pu analyser différents types de marqueurs moléculaires localisés à la fois sur l’ADN mitochondrial, mais aussi sur l’ADN nucléaire (autosomes et chromosome Y). Cela nous a permis d’obtenir des informations inédites sur le recrutement funéraire des deux cavités sépulcrales principales (détermination du sexe des individus, des liens de proche parenté, et de la structure génétique globale), mais aussi de déterminer l’origine biogéographique des individus inhumés. Nous avons également pu analyser un polymorphisme nucléaire associé avec la persistance de la lactase.
Dans l’ensemble, les résultats confirment que la diffusion du Néolithique a bien été un
phénomène hétérogène en Europe. Ils suggèrent également que l’impact de cette transition a pu être différent sur les lignées féminines et masculines. En effet, si les haplogroupes mitochondriaux retrouvés sont assez variés et sous entendent une origine maternelle diversifiée et majoritairement ancienne, la plupart des individus masculins portent des haplogroupes Y décrits comme étant associés à l’expansion néolithique (G2a et E1b1b1a1b). Un biais imputable au recrutement funéraire mis en œuvre au sein des deux ensembles sépulcraux peut cependant expliquer la faible diversité retrouvée au sein des lignées paternelles ; de nouvelles investigations seront nécessaires pour confirmer ces premières constatations. En tous cas, ces résultats représentent, à ce jour, les premières données existantes sur lignées masculines présentes au Néolithique dans le sud ouest de l’Europe.
Au final, ce travail prouve pour la première fois grâce à des données moléculaires anciennes, que la néolithisation du sud ouest de l’Europe a bien été accompagnée d’une diffusion de personnes le long des côtes méditerranéennes qui auraient introduit dans les régions occidentales de la Méditerranée, de nouvelles lignées génétiques depuis les Balkans et/ou le Proche Orient.
Pour résumer le résumé
Les 134 fossiles examinés montrent des histoires hétérogènes. [2 petites remarques de ma part :
- 134 fossiles est un échantillon très faible. Ce qui fait que des futures découvertes pourraient tout bouleverser.
- Pour les histoires hétérogènes, ça confirme ce qu'on constaté les divers spécialistes de la période depuis environ 50 ans]
L'ADN des individus masculins semble majoritairement décrire l'histoire d'une invasion [pacifique ou non, on ne peut pas le savoir] en provenance du Moyen-Orient. [Cela semble correspondre avec l'image qu'on se faisait de l'époque avec les déplacements des diverses cultures des céramiques connues]. L'ADN des individus féminins semble provenir de femmes présentes sur le terrain depuis des périodes bien plus anciennes. [Ce qui expliquerait partiellement les variations culturelles locales. Mais, cela dépend du sexe des artisans ...]
En fait, des auteurs anciens avaient déjà décrits 2 scénarios qui pourraient expliquer de tels résultats.
1er scénario dit "Enlèvement des Sabines".
Une part de ce scénario implique que les sociétés des agriculteurs soient des sociétés ou la bigamie serait courante. Il y aurait donc un certain nombre de jeunes hommes n'ayant pas accès au mariage. Comme ce seraient les hommes les plus riches de la société qui pourraient avoir 2 épouses, il y aurait pas mal de jeunes hommes pauvres et célibataires.
A un moment, quand ils se sentent trop écartés de la société, ces jeunes partent en bande à la conquête d'un nouveau territoire à coloniser. Quand ils sont installés, ils font des razzias dans les groupes mésolithiques adjacents pour se procurer des femmes (d'où le nom "enlèvement des Sabines"). Quelques décennies plus tard, comme ils ont recréés une société sur le modèle de leur société d'origine, un nouveau groupe de jeunes part créer une nouvelle colonie et le cycle recommence.
Malheureusement, ce scénario n'explique pas tout ce qu'on observe. Par exemple, j'ai cité les particularités culturelles locales qui "mixent" la culture des arrivants avec des traits archaïques. Cela ne pourrait s'expliquer que si les femmes sont les artisans qui pétrissent les céramiques, elles feraient donc des ustensiles à la nouvelle manière en y mettant des traits de leur ancienne culture.
Second scénario dit "Échanges et commerces"
Dans ce second scénario, quand les terres s’appauvrissent, les agriculteurs partent à la recherche de nouvelles terres. Ils arrivent au contact de tribus mésolithiques qui leur laissent des terres. Il faut bien comprendre que les terres nécessaires à cette première agriculture sont des terres légères souvent situées aux abords des cours d'eau. Il s'agit souvent de terres qui n'ont pas de grande valeur pour les chasseurs-cueilleurs. Les 2 groupes ne sont donc pas en concurrence et développent assez rapidement une espèce de symbiose, les uns fournissant aux autres ce qu'ils ne produisent pas. Les agriculteurs mâles épousant des femmes des groupes mésolithiques et vice-versa. Pour les différences locales des céramiques, elles s'expliqueraient aisément, les potiers adaptant leur culture aux envies de leurs nouveaux voisins pour leur vendre des objets qui leur plaisent. Mais, elle explique assez difficilement pourquoi dans certains cas, les gènes des agriculteurs sont moins abondants que ceux des chasseurs-cueilleurs.
PS :
Citer :
la plupart des individus masculins portent des haplogroupes Y
décrits comme étant associés à l’expansion néolithique (G2a et E1b1b1a1b).