On a quelques nouvelles des denisoviens :
http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20151127.OBS0280/les-hobbits-ont-existe-la-preuve-on-a-retrouve-leurs-dents.html?xtor=RSS-26Citer :
Le Dénisovien, l'Homme qui avait de grandes dents
L'Homme de Néandertal nous est désormais familier. On connaît depuis quelques années les croisements avec les humains modernes : il constituerait en moyenne aujourd'hui entre 1,5 et 2% du patrimoine génétique de l'ensemble des humains hors d'Afrique. Mais les Néandertaliens n'étaient pas les seuls à avoir eu des rapports "de proximité" avec des Homo Sapiens.
Beaucoup moins connus, les Dénisoviens ou "hominidés de Denisova" ont eux aussi laissé des traces, et pas seulement dans leurs os. Leur découverte est récente : ce n'est qu'en 2008 que des scientifiques russes ont trouvé de petits fragments d'os et de dents dans la grotte des monts Altaï qui a donné son nom à l'espèce : la grotte de Denisova. Le lieu attirait les hommes préhistoriques de toutes espèces : on y a identifié des restes de Néandertaliens ainsi que d'Homo Sapiens, à des époques différentes.
On n'a aucune idée de l'apparence des Dénisoviens, si ce n'est qu'ils avaient de grandes dents. Dans l'état actuel des recherches, on n'en a en effet pas retrouvé de crâne, à moins que l'on ait par erreur attribué à d'autres espèces de tels restes retrouvés ailleurs dans le monde. Par exemple, de récentes découvertes de dents humaines dans le sud de la Chine pourraient concerner les Dénisoviens, comme le pressent Maria Martinón-Torres, anthropologue à l'University College de Londres, qui a effectué des analyses sur ces dents.
On pense également qu'ils avaient un sens artistique développé : un bracelet de pierre verte découvert dans leur grotte, vieux de plus de 40.000 ans, serait en effet leur œuvre.
De la Sibérie au sud-est asiatique en passant par les Amériques
En 2010, l'ADN a fait parler ces restes humains, et on a découvert ainsi qu'ils appartenaient à une espèce distincte des Néandertaliens et d'Homo Sapiens (nous), qui se serait éteinte il y a environ quarante millénaires. De plus, ils auraient laissé leur empreinte chez certaines populations d'humains actuels : on retrouverait environ 5% de leur ADN chez des populations insulaires du sud-est de l'Asie et de l'Océanie. Cela pourrait même aller plus loin, une étude publiée en juin faisant état de traces de patrimoine Dénisovien chez les habitants de l'est de l'Eurasie et chez des populations indigènes d'Amérique.
Plus étonnant encore, l'analyse d'un os vieux de 400.000 ans, trouvé dans la "caverne des os" dans le nord de l'Espagne, a révélé qu'il appartenait à un ancêtre de l'Homme plus proche des Dénisoviens que des Néandertaliens. Une surprise de taille, puisque le territoire des premiers se situe beaucoup plus à l'est. Il se peut cependant que cet os appartienne à l'ancêtre commun à ces deux espèces, qui auraient alors divergé, l'une allant vers l'est (Dénisoviens) et l'autre occupant les territoires d'Europe de l'ouest (Néandertaliens).
Responsables de l'adaptation à l'altitude des Tibétains ?
Ces mélanges entre les populations humaines et Dénisoviennes pourraient aussi avoir eu des conséquences remarquables : l'adaptation à l'altitude des populations tibétaines serait en effet le résultat... de gènes Dénisoviens, selon Svante Pääbo, généticien de l'Institut Max Planck (Allemagne).
Aujourd'hui, on en sait encore un peu plus. Une étude menée par des chercheurs de l'institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste, et qui vient d'être publiée dans la revue PNAS, concerne le séquençage d'une partie de l'ADN de deux Dénisoviens, extrait de leurs molaires. Des dents qui sont décrites comme "plus grosses que celles de Néandertal ou des humains modernes, et qui n'ont pas les caractéristiques de l'un ou de l'autre".
Cette étude a permis de déterminer la différence d'âge entre les deux spécimens étudiés, et démontrerait que les Dénisoviens ont habité longtemps dans cette région : il y aurait en effet 60.000 ans d'écart entre deux de ces anciens hominidés. Les Dénisoviens seraient également de plus proches parents des Néandertaliens que de nous : leurs "branches" évolutionnaires se seraient en effet séparées voici 250.000 ans, alors que la nôtre et leur branche commune auraient divergé voici 500.000 ans.
On a aussi appris que les Dénisoviens avaient une diversité génétique plus importante que les Néandertaliens et inférieure à celle de notre propre espèce. "Cela suggère qu'il a dû y avoir un nombre important d'entre eux, sur une durée assez étendue", précise Svante Pääbo, qui a également participé à cette dernière étude. La différence d'époque entre les deux spécimens étudiés est également une preuve que :
Les Dénisoviens étaient présents dans les monts Altaï sur une très longue période, ou au moins qu'ils y venaient régulièrement sur une longue période."
Néandertaliens, Dénisoviens, Homo Floresiensis... Les espèces humaines contemporaines de nos ancêtres s'avèrent plus nombreuses que l'on aurait pu le croire il y a quelques dizaines d'années. Mais il reste encore bien des mystères à découvrir, qui finiront bien un jour par éclaircir nos propres origines...