Le squelette presque complet d’un mammouth vient d’être mis au jour à Changis-sur-Marne, en Seine-et-Marne. Une telle découverte, dans son contexte d’origine, est exceptionnelle en France, puisque seuls trois spécimens ont été exhumés en 150 ans : le premier en date, le mammouth « de Choulans », avait été trouvé à Sainte-Foy-lès-Lyon en 1859.
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Communiqué de presse
6 novembre 2012
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Un mammouth et des hommes de Néandertal sur les rives de la Marne
Publié le 6 novembre 2012 · Mis à jour le 28 novembre 2012
code opération : C1028691
Le squelette presque complet d’un mammouth vient d’être mis au jour à Changis-sur-Marne, en Seine-et-Marne. Une telle découverte, dans son contexte d’origine, est exceptionnelle en France, puisque seuls trois spécimens ont été exhumés en 150 ans : le premier en date, le mammouth « de Choulans », avait été trouvé à Sainte-Foy-lès-Lyon en 1859.
Mammuthus primigenius
Ce mammouth est probablement un Mammuthus primigenius, le mammouth laineux, dont l’une des caractéristiques est d’être doté de longues défenses utilisées pour dégager le fourrage de sa gangue de neige. Pouvant atteindre 2,80 à 3,40 mètres au garrot, il est recouvert de poils et d’une épaisse couche de graisse. Il évolue généralement dans un paysage de steppe herbeuse. L’espèce a vécu en Eurasie et en Amérique du Nord.
Le mammouth de Changis-sur-Marne aurait vécu entre 200 000 et 50 000 ans avant notre ère ; c’est donc un contemporain de l’Homme de Néandertal. Bien acclimaté aux régions froides, le mammouth disparaît d’Europe occidentale il y a 10 000 ans, à la suite du réchauffement climatique, le dernier spécimen s’éteignant au large du détroit de Béring il y a 3 700 ans.
L’homme et le mammouth
La fouille actuelle permettra de préciser l’âge du proboscidien (mammifère à trompe) et, peut-être, les circonstances de son décès – noyade ou envasement sur quelque berge de la Marne, chasse – et s’il a fait l’objet d’un charognage par des prédateurs ? La découverte d’un éclat de silex, en relation directe avec le pachyderme, montre l’intervention de l’homme sur la carcasse. Une étude tracéologique du silex déterminera son usage ; une étude archéozoologique détectera les éventuelles traces de découpe sur les os de l’animal.
La découverte de Changis-sur-Marne est exceptionnelle, car l’association de l’homme et du proboscidien n’est avérée que sur deux sites du Paléolithique moyen en Europe de l’Ouest : Lehringen et Gröbern en Allemagne. À ceux-ci s’ajoute le site de Ranville, dans le Calvados, où un éléphant antique (Elephas antiquus) a été charogné il y a environ 220 000 ans. Enfin, les fouilles de Tourville-la-Rivière, en Seine-Maritime, ont révélé, en 2010, des aurochs, des chevaux, des ours, des lions et des panthères charriés il y a 200 000 ans par la Seine. Face à cette manne, des pré-Néandertaliens, fins connaisseurs de leur territoire, avaient opéré des prélèvements de matières animales (viande, tendons, peaux…).
Dans un proche avenir, archéologues et paléontologues devront comprendre si le mammouth de Changis a été abattu par des Néandertaliens, ou si ces derniers ont charogné l’animal après un décès naturel. Cette découverte contribuera au débat qui anime la communauté scientifique autour de la capacité prédatrice de l’homme de Néandertal. L’ultime enjeu porte sur la datation précise de l’événement, par des méthodes radiométriques et chronostratigraphiques.