Polycarpe de M. a écrit :
Et avant la Préhistoire, ce sont les Ères géologiques ?
Pas vraiment. On ne parle pas de la même chose. Les ères géologique (et leurs subdivisions) se basent sur des critères géologiques. Comme la présence de certaines roches, leur absence, .... Il y a d'ailleurs un débat pour savoir si on doit considérer que nous sommes dans une nouvelle ère ou pas, puisque l'homme change son environnement et que ça laissera une trace géologique.
En fait, il y a plusieurs moyens de diviser le temps qui passe en périodes. Les astronomes possèdent leur manière à eu en fonction des évènements astronomiques qui ont eu lieu depuis le Big Bang. Les géologues se basent sur les roches et le paysage pour utiliser les ères. Les biologistes ont aussi leurs calendrier dicté par les grandes extinctions et l'explosion de la diversité qui suit ces extinctions. Les généticiens ont leur méthodes.
Et puis viennent les historiens. Pendant des siècles, la seule manière de faire de l'histoire c'était de plonger dans la mémoire des hommes et le meilleur support fut les traces écrites qu'ils ont laissés. Très vite les premiers historiens se sont rendu compte que la mémoire des hommes est faillible, ce qui n'est pas le cas des écrits ... Tant qu'on respecte certaines règles.
Depuis un siècle et de demi, on découvre qu'on peu améliorer la connaissance de nos ancêtres, il faut analyser les traces et les artefacts qu'ils nous ont laissé. Si on veut borner la préhistoire, l'un des critères pourrait justement être l’existence des premiers artefacts. Avant de créer des outils, l'homme (ou ses ancêtres) étaient un animal comme les autres. Mais, on a depuis découverts que de nombreux animaux créent des outils et s'en servent. On a aussi découvert que certains pré-humains, qui ne sont pas sur la branche qui mène à l'homme, mais sur des branches divergentes, utilisaient aussi des outils de pierre.
Depuis, quelques dizaines d'années, on découvre que l'archéologie appliquée aux temps historiques nous montre que les écrits des époques passées ne s'intéressaient qu'à une partie des gens qui vivaient aux époques concernées. Pire, pour certaines époques, les écrits qui nous sont restés nous présentent une vision tellement partiale qu'ils ne correspondent pas à la réalité trouvée sur le terrain.
La préhistoire se trouve donc avec 2 bornes qui découlent de conventions. Ce qu'on nomme l'Histoire ne s'intéresse qu'aux faits réalisés par les humains. Que ce soit l'
histoire évènementielle ou l'
histoire sociale, le résultat est le même : leur sujet d'intérêt, c'est l'homme. La Préhistoire est donc bornée par l'apparition de l'Homme. Avant, ce serait une
histoire naturaliste qui s'intéresse aux animaux dont certains sont nos ancêtres, mais d'autres pas. Pour la borne du haut, ce n'est pas parce que l'écriture apparait que tout un coup on sait tout de ce qu'il advient aux hommes. Il y a donc une zone plus ou moins floue où l'on possède déjà des traces écrites. Mais, soit on ne sait pas les lire, soit les renseignements qu'ils nous apportent sont trop fragmentaires. De plus, certains peuples antiques nous sont connus par le témoignage d'autres peuples qui possèdent l'écriture, alors qu'eux-mêmes, soit n'écrivent pas, soit ne nous ont pas laissés des traces permettant de restituer leur histoire. On a donc créé une zone grise qu'on nomme Protohistoire.
Les bornes et les conventions qui les régissent sont claires. Leur application dans les faits est assez floue. Actuellement, du fait des techniques modernes, aucun peuple ne vit dans la préhistoire (même si certains vivent comme à la préhistoire). Mais certains ne sont entrés dans l'histoire que par devers eux et seulement depuis quelques décennies.
Si on prend les Amériques, la préhistoire commence lorsque le premier homme y met le pied, il y a ... quelques dizaines de milliers d'années. On peut considérer que les civilisations pré-colombiennes appartiennent à la protohistoire. Mais, comme on décode de mieux en mieux les écrits laissés par les anciens Mayas ou les anciens Aztèques, tôt ou tard, il faudra considérer qu'ils ont aussi une histoire. C'est Colomb qui en découvrant ces terres, les fait entrer dans l'histoire (enfin partiellement). Parce que certaines tribus amazoniennes sont encore à la limite entre préhistoire et protohistoire : on ne connait leur histoire que par ce qu'en racontent les ethnologues qui les rencontrent. Même si leur histoire peut nous paraitre d'une grande banalité.