Alice de Castellanè a écrit :
Narduccio a écrit :
Du coup, dans les clans qui chassent le gros gibier, la chasse impose un travail de quelques heures par semaine. Tandis que les agriculteurs doivent travailler parfois une centaine d'heure par semaine.
Pardonnez-moi cet aparté, mais pourriez-vous me dire comment / pourquoi suppose-t-on que les agriculteurs de l'époque travaillaient une centaine d'heures par semaine ? Non que je mette en doute ce que vous avancez (j'ai zéro connaissance sur le sujet), mais l'agriculture actuelle m'intéresse, ou plus précisément la petite paysannerie vivrière.
Là, je ne me suis pas basé sur une étude, mais sur ce que je connais de l'agriculture en général à certaines périodes et à certains endroits. Il est vrai qu'au début, la production devait être adaptée à la population qui existait. Or, c'est l'agriculture qui permet l'explosion démographique suivante. Donc, effectivement, peu de population doit correspondre avec un travail plus léger.
Mais, très vite les archéologues trouvent des traces d'usures importantes sur les squelettes de l'époque néolithique. Les corps sont très abimés par les tâches répétitives. Ce qui suppose qu'ils passent de très longues heures à faire ces tâches. De plus, les rendements sont encore faibles. Ce qui suppose que très vite, il a fallu cultiver toute la surface disponible. N'oubliez pas qu'à l'époque, on ne sait travailler que les terres légères, ce qui explique qu'on trouve les communautés agricoles le long des fleuves. Or, les travaux des champs étant ce qu'ils sont, en période de labours ou en périodes de récolte, on commence quand on peut et on essaye de faire au plus vite pour que tout soit fait dans les temps. Permettez-moi un exemple moderne. Cette année, il se trouve que le temps ne fut pas aussi idéal que cela pour les agriculteurs à certaines périodes précises. Par exemple, chez moi en Alsace, il a plu au moment de récolter le blé et comme cela fut suivi par des éclaircies, le blé à commencé à germer en herbe. Donc, j'ai vu des gens moissonner à 22h ou à 5h du matin. Même chose lors du labourage, il avait plu, la terre était lourde, mais on annonçait d'autres épisodes pluvieux. Du coup, certains agriculteurs ont labouré des nuits entières et ce sont arrangés pour labourer en continu entre 2 épisodes pluvieux. Tout cela pour dire que c'est la météo qui impose son calendrier et que parfois, si on veut une récolte... et bien, on ne compte pas ses heures. Bien entendu, cela concerne quelques semaines dans l'année.
Les traces d'usure sur les squelettes montrent que de nombreux paysans du néolithique faisaient un travail harassant, répétitif et qu'il le faisaient suffisamment longtemps pour que leur corps en garde une trace. Mais, on a aussi trouvé des traces d'usures sur certains corps du paléolithique. Dernièrement, j'ai vu passer une info sur des traces de lancers répétitifs trouvés sur les os du bras d'une chasseur du paléolithique. Par rapport aux traces connues sur les squelettes des sportifs modernes qui passent de longues heures à s'entrainer, on a extrapolé que les traces observées signaient les lésions de quelqu'un qui a passé de très longues heures à faire le même geste. Comme on ne pense pas qu'il lançait un javelot sur des proies ses journées durant, ni qu'il passait son temps à combattre des ennemis, les archéologues ont présumé qu'il avait passé des heures à s'entrainer pour devenir un très bon lanceur de javelot, ou de sagaie au propulseur, ou de harpon, ou ...