Narduccio a écrit :
Atlante a écrit :
J'avais émis une hypothèse, dans un autre fil sur un sujet proche, en ce qui concerne la sortie par l’Égypte et la Palestine, d'une "route" très ancienne, à l'instar des "routes" qui ont traversé l'Histoire (comme la Route de la Soie, par exemple). A savoir qu'en ce qui concerne les migrations dites historiques, les hommes partent rarement à l'aventure (même en ce qui concerne les grands explorateurs) et empruntent des itinéraires déjà tracés par des prédécesseurs, plus ou moins connus. Il y a parfois une part d'inconnu, évidemment, mais, en ce qui concerne le phénomène migratoire, l'aventure n'est pas tellement de mise : ce sont des groupes entiers dont il faut assurer la survie.
Les préhistoriens débattent de cela. Pour les périodes les plus reculées, donc
homo erectus, ils partent du principe que ces groupes humains étaient inféodés aux autres animaux avec les quels ils vivaient. Donc, ces humains anciens n'auraient pas vraiment eu l'impression de migrer ou de découvrir un nouveau continent, ils se seraient "contentés" de se déplacer comme ils le faisaient usuellement pour rechercher leur nourriture. Parfois, les conditions écologiques locales ont fait qu'ils seraient passés d'une région géographique à une autre.
Je ne parlais évidemment que dans le cas des hommes dits "modernes", c'est-à-dire, les Sapiens et, à la limite, les Neandertal, qui ne sont pas si différents, finalement, quant aux facultés cérébrales, malgré quelques différences anatomiques et génétiques flagrantes.
Narduccio a écrit :
Pour les périodes plus proches, la question devient de savoir où l'homme en était de son évolution intellectuelle. Il y a des gens qui pensent que cette évolution est très récente et exponentielle et donnent qui pensent qu'elle a été plus graduelle. Les seconds vous rejoignent, les migrations les plus anciennes ont peut-être pu se faire en suivant des routes d'échanges entre divers groupes humains. Mais, se pose alors la question de la migration du premier groupe. Cela suppose aussi des échanges continus et formels sur d'assez longues distances. Les premiers postulent que l'évolution intellectuelle se serait accélérée lors des 70 000 dernières années. Ils postulent aussi qu'elle n'aurait pas été graduelle, mais par à-coups. Chaque nouvelle découverte aurait entrainé une modification de la structure des sociétés et aurait apporté un avantage au groupe qui l'aurait faite. En fait, je donne les 2 visions extrêmes de la polémique, il y a pas mal de chapelles intermédiaires.
Le problème est qu'il est difficile de trancher. Le cerveau des premiers hommes modernes semble très proche des nôtres. Les préhistoriens postulaient que les différences entre Cro-Magnon (par exemple) et nous étaient seulement des différences culturelles. Mais, si on postule que notre cerveau a évolué, cela implique que certaines de ces différentes culturelles sont la conséquences de différences anatomiques du cerveau. Donc, qu'elles existent parce que le cerveau de ces Anciens n'était pas capable de penser une autre société.
J'ai toujours un peu de mal avec le concept d'évolution intellectuelle. Évolution par rapport à nous ? En quoi sommes-nous plus évolués ? Nous vivons et pensons très différemment, c'est certain, mais sommes-nous plus évolués intellectuellement pour autant ? C'est assez tendancieux, de mon point de vue...
J'ai d'ailleurs lu un article, un jour, qui flanquait tout ça par terre. En fait, c'est une question de stimulation des zones cérébrales par rapport à l'environnement. Nous, nous serions incapables de vivre comme nos ancêtres d'il y a 20 000 ans. Tout comme eux seraient incapables de vivre comme nous (mon propre grand-père disait souvent que son grand-père à lui, né en 1864, n'avait jamais pu se faire aux automobiles et continuait à marcher obstinément au milieu de la rue, quel que soit le trafic autour de lui - heureusement pour lui, c'était loin d'être périphérique à l'heure de pointe à cette époque !). Lorsque les hommes ont inventé l'écriture, notamment, certaines zones ont cessé d'être stimulées au profit d'autres qui se sont mises en activité. C'est moins le signe d'une évolution que d'un changement et d'une adaptation aux circonstances. Mais si nous avions la possibilité d'aller voler un bébé à sa mère à l'époque du Solutréen (pour ne pas remonter trop loin) et de l'élever parmi les enfants d'aujourd'hui, il n'y aurait aucune différence fondamentale. Cet enfant serait adapté à son nouvel environnement, n'en ayant pas intégré d'autre avant, et tout autant capable d'apprendre à lire, à écrire, à compter et à trouver plus tard un job pour subsister.
Atlante a écrit :
Par ailleurs, l'archéologie démontre, toujours pour des périodes moins anciennes, que ces routes fonctionnent dans les deux sens et qu'il est donc probable, même pour les périodes reculées (mais à des échelles difficilement détectables), que les passages entre l'Afrique et le reste du monde (principalement le Proche Orient et la péninsule arabique) sont aussi à double-sens. Après tout, même si ces hommes (femmes et enfants) partaient pour trouver de plus verts pâturages, métaphoriquement parlant, ce n'était sans doute pas avec l'idée de "migrer" définitivement, d'autant que le peuplement a pris plusieurs générations (même si l'archéologie démontre aussi que le voyage jusqu'en Australie a été assez rapide, finalement). Du reste, la question de la migration paraît assez absurde dans la mesure où ces peuples lointains sont itinérants et non pas attachés à une propriété foncière ou à une autre culture que celle de leur groupe.
Dans certains cas, ces routes retours ont été mises en évidences. Dans d'autres cas, des cultures géographiquement éloignées gardent une certaine similitude, sans qu'on puisse trancher pour savoir si ces gens continuent à faire leurs objets de la même manière parce qu'ils évoluent de la même façon ou parce qu'ils sont en contacts...[/quote]
Il est clair que le problème des traces archéologiques est fondamentale. Nous ne saurons, malheureusement, jamais tout car tout ne se conserve pas.
J'ai visité hier une expo de fossiles et minéraux qui avait pour thème "les requins du Miocène" (impressionnante, la bestiole, au passage : 50 tonnes et 15 mètres de long pour le mégalodon, ça ne donne pas du tout envie de barboter !). Le panneau explicatif disait, en autres choses, qu'il y avait très peu de restes de requins fossiles, dans la mesure où ces monstres ont un squelette en cartilages et non en os, et que le cartilage est putrescible, contrairement aux os. Nos lointains ancêtres n'ont pas laissé que des traces de choses qui peuvent traverser le temps, hélas... sans oublier, comme vous le soulignez, une géographie sensiblement différente, du fait des glaciations et des niveaux plus ou moins bas des océans.
C'est le cas des échanges qui ne sont gravés ni dans la pierre, ni dans la terre. On a déjà toutes sortes d'interrogation quant à une possible navigation d'un groupe mésopotamien vers l'Egypte, via un cabotage autour de la péninsule arabique, peu avant l'époque dynastique, à plus forte raison pour des périodes reculées. On ne sait d'ailleurs même pas comment les hommes ont pu atteindre l'Australie il y a 50 000 ans, leurs présupposées embarcations n'ayant laissé aucune trace.