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Message Publié : 02 Juin 2019 6:42 
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Pierma a écrit :
Elle sautera lorsque la révolution néolithique permettra de nourrir davantage de monde sur un périmètre géographique limité : ce qui signifie la création de villages, où j'ignore comment se distribue l'autorité, à part que ça ne peut plus se faire uniquement sur un lien personnel au "chef".


En fait, cette limite a sauté bien avant la révolution néolithique. Les premiers villages sédentaires datent de la fin du mésolithique. Et dans les clans, il n'y a déjà plus de relation dominant/dominé. C'est un apport assez récent de l'observation des chimpanzés. Celui qui essaye de ne commander que par la force, se retrouve très vite face à une coalition de mâles qui lui "foutent une bonne raclée". Aussi fort que soit un mâle qui se veut dominant, seul contre 3 ou 4, voire 5 ou 6, il ne peut pas grand chose. Donc, la domination ne passe pas par la force, elle compte, il faut "savoir tenir son rang", mais, il faut aussi savoir fédérer les factions.

Pierma a écrit :
(Au passage on n'est pas très loin du fonctionnement d'une meute de loups, mais avec une différence fondamentale : les transactions entre individus passent par le langage.)


Il y a eut des linguistes qui pensaient que la naissance du langage pouvait s'expliquer par ce besoin de faire "de la politique". Bref, de convaincre les autres que le bon point de vue, c'est celui que l'on est en train de promouvoir. Mais, des archéologues et des éthologues semblent démontrer que cette "fibre" politique chez certains groupes de primates serait plus ancienne que l'acquisition du langage. Mais, l'un n'empêche pas l'autre. C'est à dire que les meilleurs locuteurs auraient tiré bénéfice d'un tel avantage, et donc, ce fut un trait sélectionné par l'évolution (naturelle et/ou sexuelle).


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Message Publié : 02 Juin 2019 9:19 
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Jean Froissart
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Hum, les loups (et pas seulement eux) ont une forme de langage, qui passe plus par le son et la modulation que par l'articulation. Donc ils communiquent, de même que la plupart des animaux. Lorsque ma grosse chatte rôde dans la cour, j'ai observé que les hirondelles qui nichent sous le toit font un très gros raffut, qui signifie sans équivoque : "Attention, prédateur en mouvement, faites gaffe !".

On peut donc estimer qu'avant d'acquérir le langage articulé, les humains et pré-humains communiquaient déjà. Pour ce qu'on en sait, ils fonctionnaient déjà en groupes, à l'instar des hordes de loups, des vols d'hirondelles ou d'autres espèces. Tous les animaux ne sont pas sociaux (et même dans ceux qui le sont, il y a des solitaires, notamment parmi les loups, pour en revenir à notre exemple). Mais les humains ont cette particularité de l'être systématiquement. Un humain ne peut survivre seul, sans aucun contact, même minime, avec ses congénères, c'est même l'animal le plus vulnérable du règne du vivant. Donc, le comportement social, qu'on observe aussi chez nos cousins simiesques plus ou moins proches, est quelque chose qui existe dans notre... j'allais dire ADN, mais le terme est inapproprié. C'est quelque chose qui est en nous depuis avant l'apparition de l'être humain, sans doute depuis les premiers ancêtres que nous avons en commun avec les singes, grands ou petits.


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Message Publié : 02 Juin 2019 13:26 
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Atlante a écrit :
Donc, le comportement social, qu'on observe aussi chez nos cousins simiesques plus ou moins proches, est quelque chose qui existe dans notre... j'allais dire ADN, mais le terme est inapproprié. C'est quelque chose qui est en nous depuis avant l'apparition de l'être humain, sans doute depuis les premiers ancêtres que nous avons en commun avec les singes, grands ou petits.

Je pense que ça peut être pour partie codé génétiquement, l'évolution humaine ayant duré plusieurs millions d'années. Une prédisposition, en quelque sorte. Mais bien entendu, la sociabilité est avant tout le résultat d'un apprentissage. D'autant plus que les codes relationnels varient d'un continent, et même d'un pays à l'autre.

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Message Publié : 02 Juin 2019 17:50 
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Atlante a écrit :
Donc, le comportement social, qu'on observe aussi chez nos cousins simiesques plus ou moins proches, est quelque chose qui existe dans notre... j'allais dire ADN, mais le terme est inapproprié. C'est quelque chose qui est en nous depuis avant l'apparition de l'être humain, sans doute depuis les premiers ancêtres que nous avons en commun avec les singes, grands ou petits.


Tout à fait, pour de nombreux chercheurs, nos lointains ancètres pré-humains avaient déjà les bases de ce comportement social. On le voit chez nos plus proches cousins : les chimpanzés. Mais, ils reconnaissent que chez nous il est différent. Comme je l'ai déjà indiqué dans d'autres discussions, naturellement les groupes humains se scindent quand ils atteignent certaines tailles critiques. Il y a 2 différences à ce sujet entre nous et les chimpanzés. Le premier est que la taille du groupe de base est plus élevée chez les humains. Elle est comprise entre 70 et 150 individus chez les humains, si j'ai bien compris la limite chez les chimpanzés est aux alentours de 50 individus. Mais, chez les humains, plusieurs groupes peuvent collaborer, ce qui est pratiquement impossible chez les chimpanzés.

La différence semble résider dans les relations de personne à personne. Un chimpanzé peut collaborer avec un autre chimpanzé qu'il connait. S'il ne le connait pas, la collaboration est impossible. Les humains ont mis en place des signes de reconnaissance qui permettent de transcender cette limitation. Prenons une compagnie d'une armée, si un nouvel arrivant arrive :"Je suis le caporal Untel, j'ai été nommé chez vous et je prends tel poste". Il pourra effectivement prendre ce poste sans discussions, et même faire montre rapidement d'autorité et être obéi. Chez les chimpanzés, un tel intrus serait reçu avec la plus grande méfiance. Si on l'accepte, il sera un marginal tant qu'il n'aura pas montré sa valeur et montré ses capacités. Nous, humains, avons mis en places des mythes, une identité culturelle qui permet une entraide immédiate, dès que le nouvel arrivant indique qui il est en utilisant les bons codes. Car notre caporal pour être accepté, doit porter le bon uniforme, avoir des papiers d'identités, une lettre de mission, ... Bref, s'il est un inconnu, il n'en possède pas, au moins, des supports culturels qui permettent de raccrocher une histoire et des valeurs communes. Et cela passe souvent par un simple poignée de main avec un regard franc pour dire : "je reconnais que tu es des nôtres et je t'accepte comme tel."

PS: dans cette pognée de main, il y a environ 4 millions d'années d'évolution ....


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Message Publié : 02 Juin 2019 20:40 
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Léonard59 a écrit :
PS: dans cette poignée de main, il y a environ 4 millions d'années d'évolution ....

Jolie formule ! Et exacte, ce qui ne gâche rien. :wink:

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Message Publié : 03 Juin 2019 12:30 
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Jules Michelet
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Les espèces évoluent sous la pression de l'environnement et avec les mutations qui se produisent ou non. L'Homme a un degré d'intelligence qui était adapté à son environnement. Si son environnement évolue peut être, si les conditions sont réunies, évoluera-t-il vers plus d'intelligence (on peut en doute en voyant le niveau culturel qui prédomine actuellement...). Se demander pourquoi l'Homme n'est pas encore plus intelligent revient à se demander pourquoi le guépard ne pique-t-il pas des pointes à 150km/h au lieu des 100 à 120km/h maxi actuellement... ou pourquoi une ratte ne fait elle pas des portées de 10 petits rats en 15 jours au lieu de 6 à 8 petits rats en 22 jours ou pourquoi le virus de la grippe ne se propage-t-il pas encore plus vite, à plus de population ?

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Message Publié : 03 Juin 2019 20:46 
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Jean Froissart
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Skipp a écrit :
Les espèces évoluent sous la pression de l'environnement et avec les mutations qui se produisent ou non. L'Homme a un degré d'intelligence qui était adapté à son environnement. Si son environnement évolue peut être, si les conditions sont réunies, évoluera-t-il vers plus d'intelligence (on peut en doute en voyant le niveau culturel qui prédomine actuellement...). Se demander pourquoi l'Homme n'est pas encore plus intelligent revient à se demander pourquoi le guépard ne pique-t-il pas des pointes à 150km/h au lieu des 100 à 120km/h maxi actuellement... ou pourquoi une ratte ne fait elle pas des portées de 10 petits rats en 15 jours au lieu de 6 à 8 petits rats en 22 jours ou pourquoi le virus de la grippe ne se propage-t-il pas encore plus vite, à plus de population ?


J'ai bien peur d'avoir une réponse, Skippy, tout au moins pour les humains : l'humain est naturellement flemmard et opportuniste. Il évolue sous la pression des éléments, pas quand tout va bien autour de lui. Des humains ont vécu isolés sur leurs îles, à l'écart du reste du monde pendant des millénaires, sans changer de mode de vie depuis l'arrivée de leurs ancêtres sur lesdites îles. Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait aucune pression pour les contraindre à changer de mode de vie. Quand tu as l'eau, la nourriture en quantité suffisante à proximité et un climat clément en permanence, pourquoi te casser la tête à développer des techniques plus élaborées pour produire plus (tout au moins en l'absence de monnaie ou de système de valeurs financières) ? A contrario, ceux qui "inventent" et découvrent ne le font pas par hasard : pression démographique, climat plus rude, environnement hostile... Ça n'a, je pense, rien à voir avec le niveau culturel mais plutôt avec les contraintes. Si tu vis dans un milieu où tout t'est interdit, à un moment, tu vas enfreindre ces interdictions. A contrario, dans un milieu ultra-permissif, tu auras le choix ; tu en feras de bons ou de moins bons, mais tu n'auras pas à dépasser tes limites. C'est la même chose avec les limites naturelles : Christophe Colomb, persuadé qu'il pouvait atteindre l'Inde par l'océan Atlantique, a franchi le susdit océan réputé infranchissable, voire, pour certains esprits encore englués dans les ténèbres, se déversant par dessus les bords d'une terre plate. Devant une montagne, plus ou moins autre, n'importe quel esprit basique a envie de voir ce qu'il y a de l'autre côté. Des fois que l'herbe serait plus verte.


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Message Publié : 04 Juin 2019 8:28 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Concernant la reproduction et les études de plus en plus longue, je vous dirais que ce n'est pas forcément les personnes les plus intelligentes qui poursuivent les études les plus longues


Merci de toutes vos réponses !
En fait on constate qu'aujourd'hui les cadres supérieurs qui en général font des études longues ont nettement moins d'enfants que les ouvriers ou les employés !

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
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La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais


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Message Publié : 04 Juin 2019 8:45 
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Jean Froissart
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Inscription : 19 Fév 2011 17:03
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Ce constat est vrai aussi à bien d'autre niveaux: les pays riches ont moins d'enfants que les pays pauvres, les gros cultivateurs avaient moins d'enfants que leurs journaliers etc. etc. etc.
Pour moi, c'est l'humanité qui est ainsi: plus on possède, et moins on a envie de partager.

A contrario,quand on a tout juste de quoi satisfaire l'étage primaire de la pyramide des besoins -se loger, se nourrir, se reproduire-, les enfants représentent votre seule richesse.
Et quand on a 0 capacité d'investissement, vos enfants sont votre seule assurance-vie.

Pouzet a écrit :
En fait on constate qu'aujourd'hui les cadres supérieurs qui en général font des études longues ont nettement moins d'enfants que les ouvriers ou les employés !
Heureusement qu'il y a des exceptions, car sinon, imaginées sur quelques générations, les conséquences d'une telle tendance pourraient être baroques. :mrgreen:


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Message Publié : 04 Juin 2019 10:30 
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Vézère a écrit :
Pouzet a écrit :
En fait on constate qu'aujourd'hui les cadres supérieurs qui en général font des études longues ont nettement moins d'enfants que les ouvriers ou les employés !
Heureusement qu'il y a des exceptions, car sinon, imaginées sur quelques générations, les conséquences d'une telle tendance pourraient être baroques. :mrgreen:

J'adore cette vérité statistique indiscutable ! %1

(Bein oui, après 4 générations, ils passent sur la liste des espèces en danger.) :mrgreen:

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Message Publié : 04 Juin 2019 13:04 
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Thucydide
Thucydide

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L'éthologie et la paleoarcheologie ont me semble t'il apporté beaucoup de réponses à ce sujet.

Déjà qu'est ce que l'intelligence? Une capacité à résoudre un nouveau problème? Si on part de cette définition, on se rend compte aujourd'hui que certains humains sont plus lents à résoudre des nouveaux problèmes pourtant très utiles (ex : aller cherche de la nourriture au fond d'un tube trop long pour le bras) que des singes. Alors...
Là on va me sauter à la gorge en me disant : Arrêtez on a un gros cerveau c'est pas pour rien!!

Eh bien... là c'est complexe parce que la question se pose du fait que notre cerveau soit gros plutôt pour y accumuler une somme incroyable de connaissances ...nécessaires pour résoudre des problèmes multiples dont la connaissance se transmet. Donc développer une culture et la perpétuer.

La grande particularité de l'homme, c'est d'avoir été capable de perpétuer une culture évolutive à l'échelle mondiale. On observe aujourd'hui chez pas mal d'animaux les prémices de cultures techniques, je pense par exemple aux grands singes, aux oiseaux plutôt imposants et sociaux comme les corbeaux, aussi les pieuvres, les dauphins, peut-être les éléphants je ne sais plus. Les éthologues prouvent que des groupes d'individus de ces espèces perpétuent de génération en génération des connaissances techniques qui ne sont pas génétiques.

Le processus est simple : un jour un individu découvre une technique (par exemple pour un corbeau, jeter les noix sur une route pour que les voitures roulent dessus et les ouvre) et les autres individus du groupe se l'approprient. On a une transmission mimétique de la connaissance, une culture primitive est née. Sauf qu'il suffit qu'il y ait un isolement trop prononcé de ce groupe et disparition du groupe pour que cette technique ne se déploie pas.

La particularité des hominines est qu'ils ont sur une longue période de l'histoire, étaient capables d'étendre la connaissance technique découverte par un individu démographiquement et dans le temps. Un individu découvre qqch et un grand nombre d'individus se l'approprient sur plusieurs générations. Ce qui donne une forte probabilité qu'un autre individu, plus futé que les autres, "rebondisse" sur cette première invention technique (on va dire la 1.0 :mrgreen: ) pour la perfectionner et donner disons la technique 1.1. Là on arrive à une vraie culture car la transmission des connaissances devient si efficace qu'il peut y avoir évolution de la technique. Sauf que plutôt que de gargariser en disant ouaiiis l'humain est trop fort et inventif, les paléoarchéologues auraient tendances à nous dire qu'il y a peut-être eu 1000 individus qui n'ont strictement rien fait d'autres que d'utiliser la technique 1.0 avant qu'un esprit particulièrement inventif invente la 1.1.

Du coup l'important pour les paléoarchéologues ne serait plus tant que l'homme soit intelligent qu'efficace à apprendre les techniques existantes et les transmettre au plus grand nombre d'individus possible pour augmenter la probabilité qu'un individu un peu particulier ponde une évolution d'une des techniques.

Pour que la culture humaine explose il faut donc, avant que chaque individu soit inventif, qu'il y ait déjà une bonne capacité d'apprentissage, une forte démographie, une forte communication entre groupes d'individus. Sinon les archimèdes australopithèques, néandertaliens, corbeaux ou autres ne vont servir à rien... ce qu'ils auront découvert se perdra.

D'ailleurs on voit que notre culture technique a évolué considérablement avec la première explosion démographique liée à l'expansion dans le monde entier de sapiens et ensuite à la 2ème explosion du néolithique (d'ailleurs quel meilleur moyen à l'époque de transmettre les connaissances que de se regrouper en cités?). Et il y a encore un boum (que dis je une explosion) de la culture avec l'extraordinaire invention de l'écriture qui permet d'outrepasser certaines limites liées à la transmission des connaissances dans l'espace et dans le temps. Déjà même si on ne sait pas vraiment s'il y a eu une explosion ou une lente croissance des capacités langagières humaines, je ne serais pas étonné qu'on découvre qu'une éventuelle explosion du vocabulaire soit liée à une explosion de la technique. Normal l'apprentissage oral permet déjà d'outrepasser certaines limites géographiques et temporelles par rapport à l'apprentissage mimétique.

En gros ce qui fait "l'intelligence" humaine, c'est l'extraordinaire efficacité de la mise en réseau de tous ces innombrables cerveaux capables d'accumuler une quantité astronomique d'informations. La plupart de ces cerveaux ne seront pas beaucoup plus utiles que pour accumuler puis transmettre cette connaissance. Mais il s'agit déjà de 2 tâches extrêmement importantes pour que certains "génies" rebondissent sur cette connaissance préalable plutôt que de réinventer la roue, régulièrement, en de multiples coins du monde.

Atlante a écrit :
J'ai bien peur d'avoir une réponse, Skippy, tout au moins pour les humains : l'humain est naturellement flemmard et opportuniste. Il évolue sous la pression des éléments, pas quand tout va bien autour de lui. Des humains ont vécu isolés sur leurs îles, à l'écart du reste du monde pendant des millénaires, sans changer de mode de vie depuis l'arrivée de leurs ancêtres sur lesdites îles. Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait aucune pression pour les contraindre à changer de mode de vie. Quand tu as l'eau, la nourriture en quantité suffisante à proximité et un climat clément en permanence, pourquoi te casser la tête à développer des techniques plus élaborées pour produire plus (tout au moins en l'absence de monnaie ou de système de valeurs financières) ? A contrario, ceux qui "inventent" et découvrent ne le font pas par hasard : pression démographique, climat plus rude, environnement hostile... Ça n'a, je pense, rien à voir avec le niveau culturel mais plutôt avec les contraintes. Si tu vis dans un milieu où tout t'est interdit, à un moment, tu vas enfreindre ces interdictions. A contrario, dans un milieu ultra-permissif, tu auras le choix ; tu en feras de bons ou de moins bons, mais tu n'auras pas à dépasser tes limites. C'est la même chose avec les limites naturelles : Christophe Colomb, persuadé qu'il pouvait atteindre l'Inde par l'océan Atlantique, a franchi le susdit océan réputé infranchissable, voire, pour certains esprits encore englués dans les ténèbres, se déversant par dessus les bords d'une terre plate. Devant une montagne, plus ou moins autre, n'importe quel esprit basique a envie de voir ce qu'il y a de l'autre côté. Des fois que l'herbe serait plus verte.

Je suis d'accord mais je n'aime pas trop le fait de voir l'arrêt évolutif comme négatif. C'est gratuitement péjoratif. En fait c'est très positif en terme de consommation énergétique de stopper l'évolution technique s'il n'y a pas necessité. On le voit aujourd'hui, notre société n'a jamais été si techniquement évolué... et n'a jamais autant consommé d'énergie par individu. L'utilisation massive d'une technique plus évoluée est en général plus énergivore que celle d'une technique plus simple. Un exemple simple, un agriculteur laboure beaucoup plus de terrain avec un tracteur que sans, et donc s'est simplifié la tâche... mais il a fallu toute une chaine de production, hyper énergivore, pour fabriquer le tracteur. Et pour faire rouler cet engin de 2-3 tonnes, il faut bien plus d'énergie que pour bouger une herse seule. Un autre exemple bien moins glorieux, l'esclavage n'existe pas (ou vraiment peu) chez les chasseurs-ceuilleurs aux techniques peu évoluées. Il a explosé au néolithique car un énorme besoin en énergie s'est fait sentir notamment toujours par l'invention de l'agriculture. Il faut bien plus d'énergie pour survivre grâce à un champ, qui nécessite beaucoup de travail physique pour qu'il se mette à produire ce qu'on souhaite, que par ce qui est déjà fabriqué par la nature. Certes le "ramassage" de cette production toute prête en pleine nature peut-être laborieuse mais dans les faits elle est souvent bien plus facile que de travailler un champ, sans oublier que la récolte n'est pas forcément physiquement simple non plus.
Quand ce n'est pas nécessaire pourquoi consommer plus d'énergie? Au contraire, c'est stupide car se faire du mal pour rien. Et même dangereux dans le cas où on trouve comme solution d'exploitation de la technique uniquement l'asservissement humain.

C'est devant ce constat qu'un courant de pensée actuel, celui soutenant la décroissance, pense que l'unique moyen d'éviter le désastre écologique actuel est de se remettre à utiliser des techniques plus simples, relocaliser les productions, etc.


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Message Publié : 05 Juin 2019 16:20 
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Atlante a écrit :
J'ai bien peur d'avoir une réponse, Skippy, tout au moins pour les humains : l'humain est naturellement flemmard et opportuniste. Il évolue sous la pression des éléments, pas quand tout va bien autour de lui. Des humains ont vécu isolés sur leurs îles, à l'écart du reste du monde pendant des millénaires, sans changer de mode de vie depuis l'arrivée de leurs ancêtres sur lesdites îles. Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait aucune pression pour les contraindre à changer de mode de vie. Quand tu as l'eau, la nourriture en quantité suffisante à proximité et un climat clément en permanence, pourquoi te casser la tête à développer des techniques plus élaborées pour produire plus (tout au moins en l'absence de monnaie ou de système de valeurs financières) ?


C'est très loin d'être aussi simple pour de très nombreux préhistoriens. Il faut tenir compte des capacités intellectuelles d'une population. Il semble y avoir, là-aussi , des seuils. Il faut une certaine pression environnementale, il faut des gens qui aient le temps à penser à autre chose qu'à leur survie immédiate. Il y a plusieurs propositions pour montrer quels furent les moteurs de l'évolution des sociétés humaines. Et les "naturellement flemmards" ou "naturellement opportunistes" sont rejetés par la plupart des spécialistes.


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Message Publié : 06 Juin 2019 12:34 
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Dans certaines zones, l'invention néolithique se poursuit par une période de plusieurs millénaires où rien ne semble se passer. Pendant 4-5000 ans, les sociétés présentent semblent se répliquer à l'identique sans révolutions et avec des évolutions très limitées. Mais, en fait, ces sociétés s'adaptent en permanence à toutes les évolutions du climat sur ces longues périodes, ce qui montre une très grande capacité de résilience. Elles savent stocker des excédents, savoir s'en servir pour réaliser des échanges avec d'autres communautés limitrophes. Ces communautés étaient présentées de manière assez défavorables par divers préhistoriens qui rejoignaient l'avis exprimé plus haut par Atlante, comme on n'y percevait pas d'évolution, cela devait être des sociétés de fainéants se contentant de profiter des acquis pour se ménager une petite vie "pépère"... En fait, cela se base sur une analyse où l'on privilégie le "progrès" et où tout non-progrès est vu comme une stagnation.

Mais, des études archéologiques plus précises, montrent que ces sociétés ont su souvent résister à toute une série de crise.

Et ensuite, il y a eut des études sur comment évoluent des sociétés. Ce n'est pas aussi simple et évident qu'il n'y parait. Par essence la plupart des sociétés sont assez conservatrices et tendent à rester dans leur modèle aussi longtemps que possible. C'est le cas de toutes les sociétés, mêmes de celles comme l'Ancienne Égypte ou l'Empire Romain qui eurent des réussites spectaculaires sur le long terme, ou sur la domination spatiale... Quand elles perçoivent que leur modèle ne correspond plus aux besoins, elles tentent, bien entendu, de s'adapter, soit en faisant évoluer ce modèle, soit en changeant de modèle. Pendant 4 à 5000 ans, des populations ont vécu de l'agriculture au nord de la zone himalayenne. Quand les conditions climatiques ont évoluées et que la région s'est désertifiée, ces populations ont changé de modèle en quelques générations et sont devenues des populations d'éleveurs nomades. De sédentaires, elles sont devenues nomades. Dans les modèles des préhistoriens des anciennes générations, on avait constaté que les cultivateurs avaient disparus et qu'ils avaient été remplacés par des éleveurs nomades. Les différences entre les 2 cultures étant très grandes, ces préhistoriens en avaient déduits qu'un peuple de nomade avait envahi la zone et pris la place des cultivateurs qui n'avaient pas pu résister. Les études récentes indiquent qu'il n'y a pas eu invasion, mais un changement de modèle de société. C'est le même peuple, plus la même culture.


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Message Publié : 06 Juin 2019 21:38 
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Salluste
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Pouzet a écrit :
Citer :
Concernant la reproduction et les études de plus en plus longue, je vous dirais que ce n'est pas forcément les personnes les plus intelligentes qui poursuivent les études les plus longues


Merci de toutes vos réponses !
En fait on constate qu'aujourd'hui les cadres supérieurs qui en général font des études longues ont nettement moins d'enfants que les ouvriers ou les employés !


Pour des raisons culturelles et sociologiques, propres à notre époque. Je ne suis pas sûr que cela se voit sur le temps longs.

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Message Publié : 07 Juin 2019 12:33 
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Jules Michelet
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Vézère a écrit :
Ce constat est vrai aussi à bien d'autre niveaux: les pays riches ont moins d'enfants que les pays pauvres, les gros cultivateurs avaient moins d'enfants que leurs journaliers etc. etc. etc.

Je ne dirais pas comme vous. Si on remonte dans le temps, ce sont les gros cultivateurs laboureurs qui ont le plus d'enfants viables. Les plus pauvres avaient bien moins d'enfants vivant à l'âge de se reproduire à leur tour. Si on remonte le fil de nos arbres généalogiques l'on fini par retomber sur des laboureurs qui ont eu beaucoup d'enfants.

C'est la Nature qui est ainsi et il en va de toutes les espèces animales, la vie évolue sous pression. Sans pression de l'environnement rien ne pousse à l'évolution.

Vézère a écrit :
Pour moi, c'est l'humanité qui est ainsi: plus on possède, et moins on a envie de partager.

C'est surtout la mentalité actuelle individualiste. Malheureusement, avec l'arrêt du service militaire obligatoire cela ne va pas aller en s'arrangeant.

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