angkor42 a écrit :
Je ne savais pas que les anthropologues et archéologues spécialisés sur la préhistoire pensaient que nos lointains ancètres étaient des pacifistes un peu hippies vivant à l'état sauvage, je pense que l'excellent film "la guerre du feu" l'illustre parfaitement ce que pouvait être une guerre préhistorique, brutale, violente, animale, un peu comme dans une race de singe qui sont les seuls animaux autre que l'homme à ce mener de véritables guerre à base d'alliances, de trahisons pour exterminer un clan adverse.
Sur la similitude des rapports sociaux entre les hommes et les autres singes sociaux (babouins, macaques et chimpanzés) :
Citer :
« Il n’est rien, ou presque, de ce qui se passe dans les antichambres du pouvoir qu’on ne puisse trouver en germe dans la vie sociale d’une colonie de grands singes », résume le zoologue Desmond Morris […]. (2002, S&A 662, 100-101)
« Il semble que notre activité politique soit un héritage de l’évolution que nous partageons avec nos proches cousins. Ce que mes recherches m’ont appris, c’est que les racines de la politique sont plus anciennes que l’humanité. »
« Les racines de la politique se trouvent certainement chez les primates » […]. (2002, S&A 662, 101)
Il a confirmé qu’une hiérarchie démultipliée – avec un nombre d’intermédiaires important – épargne bien des tensions et conflits à la communauté. (2002, S&A 662, 103)
Plus un leader est efficace sur le plan de ses mimiques et de sa gestuelle, moins le contenu de son message verbal semble important ! […] Selon ses travaux, les hommes politiques – tout comme les singes – usent de trois mimiques universellement reconnues : la joie, l’agressivité, la peur. Si les Américains ne tolèrent que sourire rassurant et jovialité, les Français, en revanche, ne sont pas insensibles à l’agressivité. Neutralité ou comportement fuyant sont également mal perçus par les électeurs des deux côtés de l’Atlantique. (2002, S&A 662, 103)
Un autre critère essentiel chez tous les primates, y compris humains, c’est la fidélité. (2002, S&A 662, 107)
« S’il s’agit d’un ensemble de comportements qui consiste, pour un individu, à accaparer une position et un certain pourvoir en se faisant soutenir par les autres, puis à redistribuer en échange son influence de manière à équilibrer le jeu des interactions dans la société qui l’entoure, alors oui, les chimpanzés font de la politique » […]. (2002, S&A 662, 101)
Et le pouvoir, cela signifie concrètement un meilleur accès aux ressources, y compris sexuelles. « Il s’agit d’obtenir des femmes et des bananes » […]. (2002, S&A 662, 102)
La coopération, le jeu, le soin aux enfants et les activités sexuelles dépendent d’ailleurs de la stabilité qui en découle. Ce qui explique que la plupart du temps, les femelles préfèrent soutenir le vieux mâle dominant plutôt qu’un jeune « parvenu » agressif. (2002, S&A 662, 102)
Bras tendu, paume tournée vers le haut, un chimpanzé cherche à « obtenir un soutien lors d’un conflit ». Lorsque deux chimpanzés s’agressent, l’un tend ainsi la main vers un troisième. […] Si le chimpanzé ainsi interpellé se lève, un changement radical se produit dans l’attitude du quémandeur. « Il n’est plus la pauvre créature menacée et gémissante qui tendait la main, il charge son adversaire en aboyant et criant agressivement, tout en se retournant constamment pour vérifier que son allié est toujours là. » (2002, S&A 662, 104)
Les chimpanzés sont, par exemple, incapables d’avoir des relations pacifiques avec d’autres groupes. […] ils s’engagent même, en liberté, dans des guerres brutales avec des congénères, qu’ils peuvent tuer et dont ils dévorent les petits. Même au sein de leur propre groupe, les violences peuvent être mortelles. (2002, S&A 662, 106)
Mais ce qui frappe chez les chimpanzés de haut rang, c’est qu’ils forment régulièrement des coalitions de type “B + C contre A”. C’est aussi difficile qu’inattendu, parce qu’il faut une profonde capacité mentale pour estimer l’arithmétique des pouvoirs en jeu tout en incluant le sien propre. » Lorsque deux mâles de statut inférieur forment ainsi une coalition pour renverser un mâle dominant, ce dernier quête à son tour le soutien de chacune des femelles. Celles qui acceptent de se lancer dans la bataille lui permettent alors de mesurer directement sa popularité ou son autorité.
Pour s’assurer la neutralité des femelles, un jeune rival est capable d’intimidation, menace et cajolerie. Battu une première fois par une alliance entre les femelles et le mâle dominant Yeroen, Luit (25 ans), mâle numéro deux de la colonie […], a été observé harcelant et mordant les femelles avec son compère Nikkie, chaque fois qu’elles se rapprochaient du vieux chef. Et ce jusqu’à isoler socialement ce dernier qui hésitait de plus en plus à leur porter secours. Sinon, son attitude était extrêmement positive : il s’asseyait avec elles, les toilettait, jouait avec leurs enfants. Dans les minutes précédant ses défis, il faisait même « sa tournée » auprès des femelles du groupe et de leurs enfants. Ces dernières finiront par lâcher le vieux chef. Une fois devenu mâle dominant, Luit les protégera systématiquement lorsqu’elles seront agressées par son allié Nikkie.
[…] le secret de la longévité exceptionnelle du singe Ntologi à la tête de cette colonie (près de vingt ans) : elle résiderait dans sa façon de partager la viande. Il se montrait large avec les femelles, avec les mâles âgés influents dans le groupe et les mâles de statut moyen, tous incapables de lui ravir sa position, mais susceptibles de faire de bons alliés. […] En revanche, les mâles de moins de vingt ans (l’âge où les singes commencent à grimper dans la hiérarchie) et ceux de second rang, ses concurrents potentiels, devaient se contenter de regarder les autres festoyer. (2002, S&A 662, 104)
L’affaire remonte au début des années 80. Les 62 singes de la troupe dite « de la forêt » vivent à un kilomètre d’un lodge pour touristes. Certains de ses membres vont fouiller dans les poubelles, où ils rencontrent les concurrents de la troupe dite « des éboueurs », qui s’efforcent de leur en bloquer l’accès. Parmi ceux du clan de la forêt, seuls les plus agressifs osent se nourrir dans cette zone conflictuelle. Résultat : quand éclate, en 1983, l’épidémie de tuberculose bovine, contaminées par les reliefs de viande, ils meurent.
Restent les subordonnés, les femelles et leurs petits. Dès lors, tout change. Les plus teigneux ayant disparu, la hiérarchie se relâche. Affection et épouillage remplacent morsures et menaces. Un nouveau type de société émerge ! Le plus extraordinaire ne tient pourtant pas à cette mutation sociale mais à sa pérennité. Deux décennies plus tard, il y a eu de nouvelles naissances et, surtout, les mâles survivants ont été remplacés par de nouveaux venus. Pourtant, le pacifisme est resté de mise chez ces primates. Il est donc possible de manipuler agressivité et tension sociale. (2004, Le Point 1672, 88)
Enfin, Despond Morris, dans
Le singe nu et
Le zoo humain, offre d'étonnants parallèles entre nous et les grands singes actuels, notamment en politique.