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Message Publié : 06 Août 2006 0:48 
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Depuis un peu plus d'une décennie les études de l'ADN ancien sont utilisés en anthropologie pour améliorer la compréhension des filiations entre les diverses espèces (animales ou humaines), mais aussi à l'intérieur de ces mêmes espèces, Ces études apportent beaucoup de renseignements, mais, du fait de la méconnaissance du public, celui-ci à tendance à extrapoler ces résultats ou, au contraire, à les rejeter car il ne les comprend pas. L'analyse de cet ADN ancien est réalisé par des paléogénéticiens. Il s'agit de généticiens spécialisés dans les spécificités de ce type d'études.

Avant toute chose, il convient de garder à l'esprit que l'ADN est facilement détérioré au fil du temps. On ne trouve donc que des séquences courtes encore intactes. Les études portent sur des séquences entières, elles ne seraient pas exploitables sur des fragments partiels.
Dans nos cellules, il y a 2 types d'ADN. Le premier, l'ADN nucléaire, parce qu'il se trouve dans le noyau de la cellule porte le message génétique qui sert au bon fonctionnement de notre corps et de ses cellules. Le second, l'ADN mitochondrial, se trouve dans les mitochondries qui sont des minuscules organites inclus dans nos cellules. Il se transmet essentiellement par voie matrilinéaire. Comme, il y a plus d'ADN mitochondrial que d'ADN nucléaire, on va rechercher préférentiellement des séquences du premier. La séquence de référence actuelle de l'ADN mitochondrial est longue de 16569 paires de bases.
Les études portent toujours sur des sections non codantes de l'ADN. La raison en est simple, les sections codantes sont contraintes par la sélection naturelle. Certains gènes n'existent ainsi qu'en quelques allèles différents. Hors de cette bibliothèque restreinte, il n'y a pas de vie possible. Les sections non codantes ne sont pas tenues par de telles contraintes et peuvent donc muter tout à loisir.
Mais, on se retrouve rapidement devant une nouvelle contingence. Il faut que la section recherché a une certaine variabilité. Une portion non variable n'apporterait pas d'informations sur la filiation entre les divers fossiles. Une portion trop variable, par exemple qui varierait à chaque génération, perdrait tout intérêt au bout d'un certain nombre de générations. Il faut aussi que cette variabilité soit bien décrite et bien connue, c'est le cas par exemple des « régions hypervariables I et II ». Elles sont respectivement longues de 400 et 250 paires de bases.
De tout cela que faut-il retenir ?
- Que malgré le fait que 246 millions de paires de bases composent notre ADN, il est normal que les analyses portent sur de courtes séquences.
- Qu'elles sont probantes, malgré le fait qu'elles portent sur de courtes séquences.
- Qu'elles ne concernent que la filiation matrilinéaire. La filiation patrilinéaire impose de faire des analyses de l'ADN nucléaire, ce qui est impossible sur de l'ADN trop ancien.

http://anthro.unige.ch/fr/cours/1333/doc/corboud/MODULE-10/ADN-ancien.pdf
http://bmsap.revues.org/document524.html
http://www.didac.ehu.es/antropo/2/2-1/Keyser.pdf
http://ist.inserm.fr/BASIS/medsci/fqmb/medsci/DDD/6238.pdf


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Message Publié : 06 Août 2006 10:07 
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Jean Froissart
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La séquence de référence actuelle de l'ADN mitochondrial est longue de 16569 paires de bases.


Est-ce spécifique à Homo Sapiens ou bien ce chiffre peut-il augmenter avec le temps ?

J'ai lu quelque part que des mutations de l'ADN (des mitochondries, pour l'autre je ne sais pas) intervenaient à des intervalles réguliers (un certain nombre de générations, 24 je crois, mais je ne me souviens plus bien). Cette information est-elle véridique ?


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Message Publié : 06 Août 2006 15:33 
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Atlante a écrit :
Est-ce spécifique à Homo Sapiens ou bien ce chiffre peut-il augmenter avec le temps ?

Apparemment, il aurait plutôt tendance à diminuer avec le temps. Mais il arrive que des séquences se dédoublent ou des des virus introduisent des tronçons parasites. Exactement comme avec l'ADN nucléaire.

Atlante a écrit :
J'ai lu quelque part que des mutations de l'ADN (des mitochondries, pour l'autre je ne sais pas) intervenaient à des intervalles réguliers (un certain nombre de générations, 24 je crois, mais je ne me souviens plus bien). Cette information est-elle véridique ?

Il s'agit de moyennes. On s'est rendu compte qu'il y a en moyenne une mutation qui perdure tout les X générations. Chaque tronçon est plus ou moins impacté. Un tronçon codant est moins impacté parce qu'une mutation ne peut y perdurer que si elle est neutre ou bénéfique. Tandis que dans les partions non codantes, toutes les mutations peuvent perdurer.

Il faut tenir un dernier détail à l'esprit, c'est que les filiations peuvent être différentes suivant le tronçon examiné. Théoriquement, avec l'ADN mitochondrial on n'a que la filiation matrilinéaire, mais il est possible qu'il y ait contamination par de l'ADN mitochondrial d'un des pères.


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Message Publié : 06 Août 2006 19:01 
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Jean Froissart
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Dans ce contexte, est-ce que les études de Bryan Sykes sont fiables à 100 % ? De nombreux laboratoires, notamment au Royaume Uni et aux US, proposent maintenant d'étudier la généalogie d'une personne à partir de son ADN (généralement des cheveux) afin de déterminer à quelle souche d'ADN mitochondrial elle est apparentée (je crois qu'il y en a sept, étalonnées entre 70 000 et 10 000 ans). Il me semble néanmoins qu'une telle étude ne remonte qu'une lignée parmi des lignées et que théoriquement, on est susceptible de descendre du monde entier.


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Message Publié : 06 Août 2006 21:34 
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Atlante a écrit :
Dans ce contexte, est-ce que les études de Bryan Sykes sont fiables à 100 % ? De nombreux laboratoires, notamment au Royaume Uni et aux US, proposent maintenant d'étudier la généalogie d'une personne à partir de son ADN (généralement des cheveux) afin de déterminer à quelle souche d'ADN mitochondrial elle est apparentée (je crois qu'il y en a sept, étalonnées entre 70 000 et 10 000 ans). Il me semble néanmoins qu'une telle étude ne remonte qu'une lignée parmi des lignées et que théoriquement, on est susceptible de descendre du monde entier.


dans certains segments, il y a des mutations qui sont limitées et qui "signent" l'appartenance à un groupe humain. Ainsi, tous les néanderthaliens dont on a fait l'analyse génétique différent par la même séquence de l'ADN mitochondrial. Ces modifications n'ont été retrouvées chez aucun humain actuel. Elles n'ont pas non plus été retrouvées chez les homo sapiens paléolithique dont ont a pu analyser le génome. Les spécialistes considèrent donc que cette séquence, dans l'état actuel de nos connaissances, signe l'appartenance à l'espèce homo neanderthalis.
De même, on a retrouvé ces 7 séquences qui semblent remonter assez loin dans le passé (au nombre de porteurs actuels) et qui sont restées stables durant tout ce temps. Comme on n'a pas fait l'analyse exhaustive de tous les humains actuels, comme on n'a pas fait l'analyse de 70 milliards de Sapiens qui ont vécu au fil du temps; il est impossible de garantir qu'il n'existe pas une huitoème séquence. Comme, il est impossible de guarantir qu'aucun humain actuel ne possède la séquence Neanderthalis. Mais, au vu du nombre d'échantillons analysés, ce sont plus des impossibilités théoriques que pratiques.
les analyses proposées par ces laboratoires permettent juste de montrer que parmis nos ascendantes, il y avait une de ces 7 "Eve" préhistoriques. Pour l'instant, il y en a forcemment, l'une des 7.


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Message Publié : 27 Août 2006 22:56 
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Est-ce que ce type d'analyses pourrait servir pour des époques plus récentes? Déterminer l'origine des étrusques, des égyptiens...
Merci


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Message Publié : 27 Août 2006 23:26 
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Il sert déjà pour des époques plus récentes. Mais il indique surtout l'extraordinaire homogénéité du genre humain.


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Message Publié : 28 Août 2006 17:28 
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Narduccio a écrit :
Il sert déjà pour des époques plus récentes.

Et connais-tu certains résultats?


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Message Publié : 28 Août 2006 22:44 
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Il y a diverses discussions ou on cite les résultats de telles recherches.

Mais voici quelques liens en plus:

L'Europe des 7 familles
Tsar Nicolas II et sa famille
Basques et lapons
effet fondateur
marqueurs génétiques
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap7/barriel.html
Recherche généalogique franco-canadienne
http://cerbere.ca/dnacf/ADN-mt-Resultats.htm
http://cerbere.ca/beaugrand-portail/
http://www.turquieeuropeenne.org/article876.html


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Message Publié : 08 Oct 2006 16:56 
Bonjour

Depuis quelques semaines une chaîne télé d'infos en continu annonce dans sa rubrique "sciences" que des études génétiques récentes (labo américain je crois) concluent que nous serions porteurs de 5% de chromosomes "archaïques" et que Neandertal serait bien un de nos ancêtres.
N'étant pas un spécialiste, même amateur, de génétique et encore moins de paléo-génétique, je me demande ce que vaut cette info, surtout qu'on en entend pas beaucoup parler ailleurs.

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Message Publié : 08 Oct 2006 19:12 
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Que 5% ? C'est bien plus que cela, nous possèdons des brides d'ADN qui remontent à plusieurs millions d'années. C'est simple, certains gène n'éxistent qu'à un nombre réduit d'allèles (7 pour l'hémoglobine sauf erreur de ma part) et ces variantes sont apparues assez tôt. Donc, pour ces gènes, il est impossible de ne pas avoir les mêmes versions que de très lointains ancètres.


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Message Publié : 08 Oct 2006 20:47 
L'info parlait de 5% de génes de Neandertal en particulier , le journaliste conclut en disant "contrairement à ce que nous pensions, nous sommes bien parents avec ...etc etc "

Il ne parlait pas de traces "archaïques" lointaines ou très lointaines.

.


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Message Publié : 08 Oct 2006 21:09 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Si vraiment, "nous sommes parents" au sens où Sapiens descendrait directement de Neandertal, alors c'est une véritable révolution. Mais dans ce cas nous devrions avoir beaucoup plus que 5% de gènes en commun avec lui ! Plutôt 95 ! (nous en partageons plus de 90 avec le chimpanzé, déjà...)

Accessoirement, pour arriver à cette conclusion, il faudrait déjà connaître très finement le génome de Neandertal. C'est quoi "un gène de Neandertal" et qui ne pourrait pas être hérité de l'ancêtre commun Erectus, tout simplement ?
Si nous possédions une telle connaissance de Neandertal, cela aurait fait grand bruit !

Bref, jusqu'à plus ample informé, ne sommes-nous pas là simplement en présence d'un journaliste qui s'enflamme sur pas grand-chose, à coups d'approximations ?


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Message Publié : 08 Oct 2006 21:49 
Je crois qu'il faudrait l'étude, tout au moins les conclusions, pour comprendre de quoi il retourne exactement ...

.


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Message Publié : 08 Oct 2006 22:09 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Il s'agit de résultats préliminaires d'une étude visant à decrypter en 2 ans 80% du génome d'un homme de neanderthal vieux de 45 000 ans.

Voici les chiffres exacts :
Citer :
On sait aujourd'hui que les génomes de l'homme moderne et du chimpanzé divergent de seulement 1%. Or, d'après les travaux préliminaires réalisés par l'équipe de Pääbo à paraître prochainement dans la revue Nature, Neandertal partage, sur ce fameux 1%, plus de 96% de séquences d'ADN communes avec l'homme moderne et seulement 4% avec le chimpanzé. L'analyse de ces portions d'ADN où Homo sapiens diffère des deux autres espèces revêt donc une importance capitale pour la compréhension de notre généalogie.


Ce qui démontre que l'homme de neanderthal est plus proche de l'homme moderne que du chimpanzé. On s'en doutait déjà vu que la séparation des pré-néanderthals et des pré-sapiens à eu lieu entre - 450 000 ans et - 200 000 ans, tandis que la séparation d'avec l'ancêtre des chimpanzés à eu lieu il y a environ 7 millions d'années avec peut-être les derniers échanges de gènes il y a 4,5 millions d'années.

Maintenant, il faut voir si nos gènes différents découlent tous des gènes de Neanderthal, ce qui voudrait dire que nous sommes ses descendants ou s'ils divergent, ce qui voudrait seulement dire que nous avons un ancêtre commun. Bien entendu, la réponse devrait se trouver quelque part entre tous les gènes divergent et tous les gènes découlent.

http://www.lefigaro.fr/sciences/20060725.FIG000000094_le_genome_de_neandertal_bientot_decrypte.html
http://www.hominides.com/html/actualites/adn-genome-neanderthal.html
http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles_sea?ad=sci_20060516.OBS7888.html&host=http://permanent.sciencesetavenir.com/
http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/4986668.stm

J'ai bien peur que le journaliste en question extrapole beaucoup les résultats et qu'il n'ai que de lointaines connaissances, bien imparfaites, en génétique.

Voici un schéma explicitant ce que l'on connait pour l'instant :

Image

Ce qui donne l'arbre de parenté suivant :

Image

Je vous conseille de lire l'article du lien suivant, bien que plutôt technique, ainsi que les divers liens en bas de page.

http://www.snv.jussieu.fr/vie/documents/adnancient/adnmt.htm


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