Jean Bart a écrit :
Comme je ne cesse de le dire, je suis un néophyte, je n'ai pas connaissance de cette information, pouvez vous m'éclairer?
Pas de problème.
M. Ferrand est l'auteur d'un ouvrage (en 2008) au titre accrocheur : L'Histoire interdite : Révélations sur l'Histoire de France.
Une histoire interdite par qui ? Des révélations sur quoi ?
D'emblée, notre chevalier plus blanc que blanc annonce la couleur :
"
Le présent ouvrage va me faire des ennemis, m'attirer la condescendance des mandarins et peut-être, me créer des ennuis. On ne s'attaque pas impunément à certains bastions... Cependant j'assume les inconvénients de cette entreprise, et d'autant plus volontiers que j'ai le sentiment, en bravant quelques interdits, d'ouvrer à l'avancée de la seule cause qui vaille pour un homme dont l'existence est vouée à l'histoire événementielle : le lent progrès - l'inexorable progrès - de la vérité. "
Aussi, notre preux héros décidé à braver tous les dangers, nous développe sans rire cinq sujets super-secrets, du jamais révélé ni jamais lu. Accrochez-vous, ça va chahuter :
- Alésia ne se trouve pas à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne, mais à Chaux-des-Crotenay dans le Jura.
- Jeanne d'Arc n'est pas une simple bergère lorraine, mais une noble manipulée par des intrigues de cour.
- Corneille a écrit les pièces de Molière.
- Napoléon n'est pas inhumé aux Invalides
- L'affaire Dreyfus cachait une autre affaire d'espionnage impliquant un important personnage militaire.
Et "on" vous cache toutes ces importantes révélations !
Révélations jamais lues ? Non bien sûr. Car pour chaque chapitre, M. Ferrand s'appuie sur un auteur (un par chapitre) bien entendu injustement ignoré par l'historiographie.
Pour Alésia, c'est André Berthier, pour Jeannne d'Arc, c'est Marcel Gay, pour Corneille, c'est Philippe Erlanger et enfin Henri Guillemin pour l'affaire Dreyfus.
Donc rien de nouveau sous le soleil puisque tous ces auteurs ont publié leurs ouvrages, depuis près de cinquante ans pour certains, comme Guillemin.
Je vais focaliser sur le dernier sujet, puisque c'est celui que je connais le mieux.
En réponse au livre de Marcel Thomas,
l'Affaire sans Dreyfus, qui révolutionne l'histoire de l'Affaire en 1961, Henri Guillemin, publie
L'énigme Esterhazy (Gallimard, 1962).
Dans ce livre, Guillemin émet une hypothèse, qui n'était pas nouvelle, selon laquelle Dreyfus était la victime, on dirait colatérale aujourd'hui, (tout à fait innocente) d'une vaste affaire d'espionnage impliquant le généralissime de l'époque, Félix Saussier, par l'intermédiaire du vrai coupable de la trahison, le fameux commandant Esterhazy et son ami Weil.
Non seulement, Guillemin exprimait une opinion personnelle en reconnaissant qu'elle ne s'appuyait que sur très peu d'éléments de preuve, mais au surplus, un an plus tard, il écrit un article paru dans le Monde, dans lequel il en revient !
C'est qu'en effet, des contre-arguments massifs lui sont parvenus des spécialistes, lesquels anéantissent complètement cette hypothèse. Outre le fait que l'on se demandera longtemps comment le généralissime de l'armée française eût accepté de se livrer à l'espionnage contre son pays, le premier argument, c'est que le colonel Picquart, chef des renseignement militaires, ignora tout de cette hypothèse, alors qu'il en eut été le premier informé dans le cas contraire.
Par conséquent, en tout cas dans ce chapitre, M. Ferrand s'appuie sur un texte dont l'auteur lui-même a reconnu l'invraisemblance en 1963 ! Est-ce sérieux ?
On voit donc, au travers de ce simple exemple, que l'on est très loin de l'histoire, avec ce récit d'historiettes mâtinées du piment de la théorie du complot qui permet de faire passer des fadaises pour des vérités secrètes enfin révélées.
Vous appelez cela de l'Histoire ?