Jefferson a écrit :
Si vous étiez allé plus loin, vous auriez appris que que l'assassinat du Duc d'Enghien se justifiait politiquement parce qu'on était alors au début du Consulat et qu'il fallait bien lutter contre le péril royaliste.
Comment dire...
C'est un peu ce que l'on retrouve dans le testament de Napoléon :
"J'ai fait arrêter et juger le duc d'Enghien parce que cela était nécessaire à la sûreté, à l'intérêt et à l'honneur du peuple français, lorsque le comte d'Artois entretenait, de son aveu, soixante assassins à Paris. Dans une semblable circonstance j'agirais de même."
Dans le Mémorial :
"Si je n'avais pas eu pour moi, contre les torts du coupable, les lois du pays, leur disait-il, au défaut de condamnation légale, il me serait resté les droits de la loi naturelle, ceux de la légitime défense. Lui et les siens n'avaient d'autre but journalier que de m'ôter la vie ; j'étais assailli de toutes parts et à chaque instant : c'étaient des fusils à vent, des machines infernales, des complots, des embûches de toute espèce. Je m'en lassai; je saisis l'occasion de leur renvoyer la terreur jusque dans Londres, et cela me réussit. A compter de ce jour, les conspirations cessèrent.
Et qui pourrait y trouver à redire ? Quoi ! journellement, à cent cinquante lieues de distance, on me portera des coups à mort; aucune puissance, aucun tribunal sur la terre ne sauraient m'en faire justice, et je ne rentrerais pas dans le droit naturel de rendre guerre pour guerre ! Quel est l'homme de sang-froid, de tant soit peu de jugement et de justice qui oserait me condamner ? De quel côté ne jetterait-il pas le blâme, l'odieux, le crime ? Le sang appelle le sang ; c'est la réaction naturelle, inévitable, infaillible ; malheur à qui la provoque !... Quand on s'obstine à susciter des troubles civils et des commotions politiques, on s'expose à en tomber victime. Il faudrait être niais ou forcené pour croire et imaginer, après tout, qu'une famille aurait l'étrange privilège d'attaquer journellement mon existence, sans me donner le droit de le lui rendre : elle ne saurait raisonnablement prétendre être au-dessus des lois pour détruire autrui et se réclamer d'elles pour sa propre conservation : les chances doivent être égales.
Je n'avais personnellement jamais rien fait à aucun d'eux ; une grande nation m'avait placé à sa tête : la presque totalité de l'Europe avait accédé à ce choix; mon sang , après tout, n'était pas de bouc ; il était temps de le mettre à l'égal du leur."
Ou encore dans les mots que Miot de Mélito prête à Napoléon dans ses Mémoires :
"je ne puis me repentir du parti que j'ai pris à l'égard du duc d'Enghien. Je n'avais que ce moyen de ne laisser aucun doute sur mes véritables projets, et de renverser toutes les espérances des partisans des Bourbons. Enfin je ne puis me le dissimuler, je ne serai tranquille sur le trône que lorsqu'il n'existera plus un seul Bourbon, et celui-ci en est un de moins. C'est le reste du sang du grand Condé , c'est le dernier héritier du plus beau nom de cette maison. Il était jeune, brillant, valeureux, et, par conséquent, mon plus redoutable ennemi. C'était le sacrifice le plus nécessaire à ma sûreté et à ma grandeur."