Si le Bonapartisme vu comme un courant parcourant la droite française de 1815 à nos jours vient des Droites en France, René Rémond ne concevait pas sa grille de lecture comme absolue ni figée, mais comme une typologie utile pour parler des grandes familles culturelles et idéologiques qui se retrouvent dans plusieurs courants des "droites, qui sont nées au moment de la Restauration, mais qui évoluent au cours de l'histoire. L'intérêt de cette typologie est qu'elle est souple et qu'on peut en débattre pour définir des héritages politiques multiples, pour tel ou tel groupe politique.
Il a commencé avec trois droites: Légitimiste: monarchistes contre-révolutionnaires, réactionnaires, noblesse, catholiques, traditionalistes. Au XXe s: Croix de Feu, Action Française. Orléaniste: au départ monarchistes parlementaires acceptant l'héritage de la Révolution, puis bourgeoisie républicaine, élites économiques libérales Bonapartiste: révolutionnaires patriotes souhaitant un exécutif autoritaire et plébiscitaire, s'appuyant sur le suffrage populaire direct, avec une réduction des pouvoirs intermédiaires (Boulanger, De Gaulle) et un renouvellement de la classe dirigeante. On pourrait y classer une certaine frange de ceux qui voulaient Pétain en 1940 mais ne se doutaient pas de ce que le régime de Vichy allait devenir, qui ont été trompés, et surtout n'ont pas été consultés. Le manque total de légitimité de Pétain par rapport à un quelconque suffrage populaire disqualifie son classement dans le bonapartisme. Le régime de Vivhy a d'autres spécificités, comme sa ruralité, qui en font un syncrétisme singulier qui emprunte aux trois premières droites, mais aussi à d'autres traditions françaises et étrangères.
Pour ce qui est du FN, Rémond les classait d'abord plutôt dans les légitimistes de la contre-révolution, même s'ils ont des éléments d'autres droites, mais il a considéré qu'il existait bien une quatrième droite, la "Droite extrême" (Les Droites d'Aujourd'hui, 2005), qui n'est pas dans la continuité des trois autres. Michel Winock ou Pierre Milza parlent de "national-populisme" pour cette droite, dont la caractéristique principale est qu'elle n'a jamais été au pouvoir, allant du Poujadisme au FN en passant par l'Algérie Française.
Quand au fascisme, c'est une autre histoire. Son origine appartient à la gauche urbaine du prolétariat, socialiste, antibourgeoise, qui se définit par une volonté de révolution et d'ordre nouveau. De même que le national-socialisme, le fascisme apparaît comme un fait nouveau du XXe siècle, dont les historiens on tenté de retracer ses origines. Si l'historien Zeev Sternhell a vu dans les droites françaises de la fin du XIXe une des matrices du fascisme, ses formes abouties ne se sont pourtant pas réalisées en France. D'autres comme Winock ou Milza y voient une catégorie à part entière, née avec l'émergence des média de masse, et qui se définit par ses ennemis: les juifs, les franc-maçons, les protestants, la finance, les étrangers, la grande bourgeoisie cosmopolite. Milza distingue deux fascismes, le premier étant prolétaire et socialiste, puis un second s'appuyant sur les élites conservatrices.
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