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 Sujet du message : Taxe sur les livres d'occasion.
Message Publié : 15 Avr 2024 11:26 
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Nos bons sires envisagent de soumettre les livres d'occasion à une contribution. Pour appeler un chat un chat, une taxe. Ce qui fait que si vous achetez un livre tombé dans le domaine public, vous payez la taxe sur sa version papier, mais s'il est téléchargeable gratuitement sur Gallica, vous y echappez ? Tout ça pour protéger le livre neuf ? Mais nom d'une pipe, peuvent ils nous foutre la paix et nous laisser vivre nos vies sans avoir l'idée de nous forcer à addopter leurs idées. 75 % de ma bibliothèque est constituée de livre d'occasion chinés au fil des ans; il y en a des bons, d'autres mauvais, mais nul n'est venu me dire ce qu'il fallait que je fasse.

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Message Publié : 15 Avr 2024 13:55 
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Mais nom d'une pipe, peuvent ils nous foutre la paix et nous laisser vivre nos vies sans avoir l'idée de nous forcer à adopter leurs idées.
Mon impression est que plus une société est complexe, moins elle fout la paix, au moins à partir d'un certain niveau de complexité dépassé depuis longtemps. J'ai beaucoup moins de liberté que mes parents au même âge et bien plus que mon fils au même âge. Cela ne va pas s'arranger jusqu'à...


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Message Publié : 15 Avr 2024 16:30 
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supertomate a écrit :
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Mais nom d'une pipe, peuvent ils nous foutre la paix et nous laisser vivre nos vies sans avoir l'idée de nous forcer à adopter leurs idées.
Mon impression est que plus une société est complexe, moins elle fout la paix, au moins à partir d'un certain niveau de complexité dépassé depuis longtemps. J'ai beaucoup moins de liberté que mes parents au même âge et bien plus que mon fils au même âge. Cela ne va pas s'arranger jusqu'à...

Je partage cette opinion.

Vu dans Facebook :"Avant on disait "les cons ça ose tout", désormais "les cons interdisent tout."

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Message Publié : 15 Avr 2024 16:55 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Nos bons sires envisagent de soumettre les livres d'occasion à une contribution. Pour appeler un chat un chat, une taxe. Ce qui fait que si vous achetez un livre tombé dans le domaine public, vous payez la taxe sur sa version papier, mais s'il est téléchargeable gratuitement sur Gallica, vous y echappez ? Tout ça pour protéger le livre neuf ? Mais nom d'une pipe, peuvent-ils nous foutre la paix et nous laisser vivre nos vies sans avoir l'idée de nous forcer à addopter leurs idées. 75 % de ma bibliothèque est constituée de livre d'occasion chiné au fil des ans ; il y en a des bons, d'autres mauvais, mais nul n'est venu me dire ce qu'il fallait que je fasse.


En fait, le gros problème est que le marché du livre d'occasion explose sur les réseaux sociaux. On peut acheter des livres, sur Vinted, leboncoin, sur facebook market place, sur ... Je connais des gros lecteurs qui n'achètent plus qu'occasionnellement des livres neufs. Quelques jours après leurs sorties, la plupart des livres sont disponibles, et avec les commentaires des premiers lecteurs. Il existe des équivalent de cercles de lecture où vous pourrez savoir ce que des lecteurs qui ont le même profil que vous ont pensé de tel ou tel ouvrage, et en plus, ils le revendent.

Le prix dépend de l'offre et de la demande. J'ai acheté en solde un livre il y a quelques années environ 25€, si ma mémoire est bonne. Aujourd'hui, en occase, il est proposé à 150€...

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Message Publié : 15 Avr 2024 17:47 
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Ce n'est pas un argument, bientôt il y aura une taxe sur les véhicules d'occasion pour favoriser la vente de véhicules neufs, on peut taxer à l'infini. Que ce passe t-il quand le livre n'est plus disponible chez l'éditeur ? On spolie celui-ci d'un livre qu'il n'a plus ? Nous avons tous été confronté à la recherche d'un ouvrage qui n'est plus édité. Autrefois, il était possible d'avoir un coup de chance en fréquentant des lieux comme Gibert ou de nombreux autres qui n'avaient qu'un défaut, celui d'être situés à Paris . Maintenant toute la France a la chance d'être connectée et de rechercher l'ouvrage désiré en quelques clics, et des clowns veulent taxer ? Ils ont déjà imposé des frais de livraison qui sont une rigolade quand on habite à 50 kilomètres du libraire le plus proche, qui n'a pas l'ouvrage en stock. Cela fait 200 kilomètres, au prix de l'essence, cela fait cher du bouquin, à la condition de pouvoir y accéder s'il se trouve en centre ville. J'ai moi-même abandonné mon libraire parce que des parcmètres ont été mis dans la rue où se trouve sa boutique. Désolé, je ne dépense pas d'argent pour pouvoir faire mes emplettes. Les commerçants de centre-ville crèvent, voyez la mairie.

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Message Publié : 15 Avr 2024 18:33 
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Il faut bien voir que c'est une demande des éditeurs :
Citer :
Aux yeux du président de la République, « le livre d’occasion, quand il est fléché par certaines plates-formes », peut permettre de contourner le prix unique. Il a fait sienne la vision du Syndicat national de l’édition (SNE), pour qui le marché du livre de seconde main devient un concurrent déloyal quand des ouvrages en état neuf sont mis en vente à un prix inférieur à celui pratiqué en librairie, en grande surface, et dans les magasins FNAC ou Cultura.


Aujourd'hui, je peux trouver pour moins cher, un livre sorti hier et déjà lu (ou pas) par son propriétaire. Le prix unique est basé sur un volume de vente des livres neufs "normal". Et, comme le prix dépend beaucoup de l'offre et de la demande, le prix de certains livres d'occasion de quelques jours peut être très bas. Or, ces types de vente font que les volumes de vente du livre neuf s'écroulent. La tentation des éditeurs, c'est d'augmenter le prix de vente des volumes neufs pour restaurer leurs marges. Or, le gouvernement tient au prix unique (et abordable) des livres.

Mais, il y a de fortes chances qu'au-delà de "l'idée géniale" de la taxation, le gouvernement se rende compte que ça risque d'être une usine à gaz à mettre en œuvre, surtout si les plateformes refusent de participer. L'annonce de mise en vente pouvant se limiter à une photo de l'ouvrage. S on prend le cas de FB, si aujourd'hui on trouve ces ventes sur le market place, demain, elles peuvent être transférées dans un groupe "cercle de lecture", sans que personne sache s'il s'agit d'une vente ou d'une simple critique de l'ouvrage. Donc, seraient taxées celles du market place, et pas celles du groupe.

Sans compter que les éditeurs aimeraient une taxation qui rende, au moins, aussi cher l'ouvrage d'occasion que le livre neuf. Mettons que je mette en vente 2 livres, tous les 2 achetés 20€. L'un est très demandé et je le mets en vente à 18€, l'autre est moins demandé et le prix du marché est de 5€. Comment taxe-t-on ? La même taxe pour les deux ? Ou une taxation différentielle qui sera surement retoquée par la juridiction compétente ?

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Message Publié : 15 Avr 2024 22:19 
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Jean Mabillon
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Nous vivons donc dans un pays où le Président de la République a une opinion sur le prix des livres d'occasion...

J'en reste sans voix...


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Message Publié : 16 Avr 2024 10:25 
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A 25 a écrit :
Nous vivons donc dans un pays où le Président de la République a une opinion sur le prix des livres d'occasion...

J'en reste sans voix...


En fait, notre président, comme celui des autres pays, réagit aux demandes des professionnels qui via divers canaux lui ont fait remonter un problème. En fait, ce qui me fait rester sans voix, c'est que vous pensez que ce qui se passe dans notre pays ne se passe dans aucun autre pays. Vous devriez vous intéresser aux actualités internationales, même si je sais qu'en France, c'est compliqué, car la plupart des médias informent très peu sur la situation internationale. Et donc vous ne serez pas au courant des déclarations faites par les chefs de gouvernements des différents pays pour ce type de problèmes.

J'ai de la famille en Italie, et j'y vais assez régulièrement en vacances. Quand j'y suis, j'achète parfois des journaux locaux. Vous seriez étonné du décalage qu'il peut y avoir sur certains problèmes. Des choses qui me semblent accessoires qui font la une là-bas. Et donc il y a en France des choses qui nous paraissent importantes, mais qui seraient vues comme accessoires dans d'autres pays.

J'ai souvent constaté cette tendance très franco-française de croire que l'auscultation de son nombril est une occupation très importante.

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Message Publié : 16 Avr 2024 10:46 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Nos bons sires envisagent de soumettre les livres d'occasion à une contribution. Pour appeler un chat un chat, une taxe. Ce qui fait que si vous achetez un livre tombé dans le domaine public, vous payez la taxe sur sa version papier, mais s'il est téléchargeable gratuitement sur Gallica, vous y echappez ? Tout ça pour protéger le livre neuf ? Mais nom d'une pipe, peuvent ils nous foutre la paix et nous laisser vivre nos vies sans avoir l'idée de nous forcer à adopter leurs idées. 75 % de ma bibliothèque est constituée de livre d'occasion chinés au fil des ans; il y en a des bons, d'autres mauvais, mais nul n'est venu me dire ce qu'il fallait que je fasse.


En fait, si on lit les diverses interventions de membres du gouvernement sur le sujet, il y a aussi la volonté de protéger les bouquinistes. En fait, jusqu'à récemment, le marché du livre d'occasion était le fait des bouquinistes et de quelques antiquaires. Mais, les choses ont changé et il est de plus en plus accaparé par les plateformes en ligne. Donc, au détriment des bouquinistes. Ceux qui seraient visés par cette taxe seraient donc les livres "neufs" ou presque. Pas les livres chinés chez les bouquinistes, pas les fac-similés achetés sur Gallica.

Comment cela va pouvoir être mis en place ? Les services de la ministre de la Culture étaient censés donner une réponse pour le 15 avril. Le fait que la réponse tarde démontre que le problème est sûrement bien plus complexe qu'initialement prévu.

Ensuite, on se retrouve avec le même type de problème que la "taxe lapin". Dans les deux cas, des professionnels qui soulèvent un problème. La taxe lapin, ce sont les médecins qui voient un pourcentage plus ou moins important de gens qui ne viennent pas aux rdv, ce qui occasionne une perte de revenu, mais aussi une perte de créneaux disponibles pour les patients. La taxe sur les livres d'occasion, c'est l'accaparement du marché de l'occasion par les plateformes en ligne, et un manque à gagner pour les éditeurs de livres neufs qui vendent moins. Dans les deux cas, les professionnels réclament une intervention auprès de leurs autorités de tutelle. Les services du gouvernement se mettent à phosphorer et proposent des solutions. Et là, tollé général, aussi bien des professionnels que des particuliers qui dénoncent la machine à gaz des propositions gouvernementales.

Dans les deux cas, le gouvernement jouait perdant-perdant. Pas de propositions, et les professionnels dénoncent l'attitude scandaleuse du gouvernement qui ne fait rien pour les aider. Quelle que soit la proposition faite pour résoudre le problème, et on voit une levée immédiate de boucliers pour dénoncer la solution.

Dans chacun des cas, si on se pose simplement la question de savoir quelle pourrait être la solution qui conviendrait pour résoudre le problème ? Je pense que la réponse est simple : aucune solution ne conviendra jamais. Ne rien faire n'est pas acceptable. Mais faire quelque chose entraine forcément des mécontentements.

Au fait, si vous trouvez la solution pour résoudre ces problèmes, faites suivre à votre député ou aux services compétents. Mais, je pense qu'ils ont déjà exploré la plupart des voies de résolution.

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Message Publié : 16 Avr 2024 12:40 
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Il y a bien une soluion, que les bouquinistes s'associent pour faire des sites où les livres qu'ils ont en stock sont vendus. Plutôt que réagir aux nouvelles donnes du marché, ils tentent de continuer leur boulot comme avant avec des taxes, des contraintes, des réglements à la con. Les allumeurs de reverbères, les postillons, les maréchaux-ferrant ont fait évoluer leurs métiers, ils sont devenus électriciens, chauffeurs ou ferronniers. A eux de s'adapter. Dans le domaine qui nous occupe, les libraires sont généralement d'une ignorance crasse en Histoire, ils sont peut être bons sur les romans, un domaine qui ne m'intéresse absolument pas.

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Message Publié : 16 Avr 2024 13:18 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Il y a bien une solution, que les bouquinistes s'associent pour faire des sites où les livres qu'ils ont en stock sont vendus. Plutôt que réagir aux nouvelles donnes du marché, ils tentent de continuer leur boulot comme avant avec des taxes, des contraintes, des règlements à la con. Les allumeurs de reverbères, les postillons, les maréchaux-ferrant ont fait évoluer leurs métiers, ils sont devenus électriciens, chauffeurs ou ferronniers. À eux de s'adapter. Dans le domaine qui nous occupe, les libraires sont généralement d'une ignorance crasse en Histoire, ils sont peut-être bons sur les romans, un domaine qui ne m'intéresse absolument pas.


Ça existe : RecycleLivre.

Le problème est la collecte. Sur Vinted ou facebook market place, c'est le client qui s'arrange. En fait, la plupart des ventes se font avec un échange main dans la main, donc on est sur du local. Recycle Livre envoie un réceptionniste récupérer les livres, donc ça n'existe que dans un nombre limité de villes.
Citer :
Nous reprenons gratuitement vos livres à Paris, Lyon, Lille, Nantes, Bordeaux, Madrid, Strasbourg, Toulouse et leurs environs.


Après, coté prix, il y a quelques bonnes affaires, mais certains livres d'occasion sont vendus presque au prix du neuf...

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Message Publié : 17 Avr 2024 8:34 
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Jean Mabillon
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Disons cher Narduccio que nous sommes au bord de la guerre avec une puissance nucléaire, nous allons accueillir des JO avec risque terroriste maximal et nous avons la chance de pouvoir compter sur un chef de l'état qui estime légitime de consacrer son autorité à examiner la fiscalité des livres d'occasion.

Cela étant il n'est pas exclu qu'il propose une taxe sur la mie de pain distribuée aux pigeons.

Pour ma part, je propose de taxer également les dons de livres usagés vieux de moins de 10 mois sauf si le don est effectué en famille ou est destiné à jeune de moins de 16 ans dont les parents perçoivent le RSA...à condition que le jeune soit scolarisé dans le public...


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Message Publié : 17 Avr 2024 9:47 
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Disons que je cherchais à remettre les choses en place. Je viens de passer 6 semaines en Thaïlande, je vais passer 3 semaines en Italie, et chque fois que je reviens en France, je suis frappé par cette aptitude bien française à tout voir en noir, à ne plus voir ce qui fonctionne et à se concentrer sur ce qui est négatif. Avec en plus ces petites piques sur ce que devraient faire ou ne pas faire nos gouvernants. Vu de l'étranger, la France est devenue un pays de "ouin-ouin".

Alors, si on remettait les choses dans leur contexte, c'est d'ailleurs la base des études historiques : mettre les choses dans leur contexte. Cette phrase du PR a été dite lors d'une visite de celui-ci à un Salon du livre. S'il y allait, c'est parce qu'il avait été invité, et sûrement pour répondre à des interrogations d'un secteur économique et culturel qui est un marqueur politique depuis qu'on a cru bon de créer des spécificités culturelles françaises en ce qui concerne la lecture. Le prix du livre est fixé en France, ce qui doit être un cas quasi unique. Mais ce n'est pas depuis la dernière actualisation de la loi sur le prix du livre qui date de 2021, mais depuis la loi Lang du 10 août 1981. C'est quelque chose qui fait consensus en France, puisqu'aucun des gouvernements, depuis lors, n'a tenté de la remettre en cause. La phrase répond a un problème qui ne cesse de s'amplifier. Cela a commencé de manière confidentielle, il y a une vingtaine d'année, mais depuis environ 10 ans, la majorité des ventes de livres d'occasion se font en ligne, comme les ventes de livres neufs. Dans la loi de 2021, on autorise les communes à subventionner les librairies locales, car ces commerces sont perçus par de nombreux maires de petites et moyennes agglomérations comme des commerces qui créent du lien social, mais qui sont en voie de disparition parce que non rentables. En fait, cela rejoint la vielle problématique de la désertification des centres-villes. Et, tous les gouvernements depuis plusieurs décennies se sont intéressés au problème, sans réussir à le résoudre.

Je poserais une question accessoire, si Mitterand, Chirac, Sarkosy, ... avaient dit la même phrase devant un parterre de professionnels lors d'une visite d'un salon du livre, y aurait-il eu le début d'une polémique ? Même si cela avait été au plus fort de la guerre du Golfe, ou de l'intervention en Lybie ?

Alors, oui, quand on regarde le problème par le petit bout de la lorgnette, il peut sembler anecdotique. Quand on le remet en contexte, c'est nettement moins anecdotique. Mais, c'est un indice très net de comment on perçoit nos gouvernants depuis quelques décennies. On leur demande de résoudre un tas de petits cailloux dans les godasses. J'ai donné deux exemples, mais on en trouverait facilement une bonne centaine, sans trop se creuser la cervelle. Mais ce n'est pas nouveau. Je me souviens d'un exemple cité dans un livre que j'ai lu il y a une vingtaine d'années : sous Louis XIV, les pêcheurs d'un port de la façade Atlantique avaient sollicité le droit d'instaurer un marché au poisson dans leur ville. Donc, cela avait suivi toute la ligne hiérarchique pour finir par arriver en séance royale où le roi avait accordé ce droit. Alors, j'ignore qui avait préparé le dossier, mais dans son arrêt, Louis XIV définissait l'horaire dans lequel se marché avait le droit de se tenir. Seul problème, c'est que cela ne correspondait pas aux marées, et les bateaux arrivaient trop tard. Bien entendu, personne n'a osé solliciter le roi pour déplacer l'horaire...

On en est revenu à un mode de fonctionnement assez similaire, notre société est tellement complexe, qu'il n'y a aucun moyen simple pour régler aussi bien le problème des gens qui ne respectent pas leurs rdv chez un médecin que le fait que les lecteurs compulsifs en court-circuitant le marché du neuf sont en train de faire couler celui-ci. Donc, on se retourne vers le gouvernement. Et ce sont bien les instances professionnelles qui ont demandé, voire qui ont mis le gouvernement en demeure de résoudre ces problèmes. Et, le gouvernement essaye d'apporter une réponse, qui ne sera jamais parfaite. Et les gens, vous, moi, peuvent trouver ridicule que le PR, ou divers membres du gouvernement, perdent du temps à résoudre cela. Mais, s'ils ne le faisaient pas, les mêmes hurleraient au scandale et on trouverait injuste que les bouquinistes, les petites librairies de quartier soient contraintes à la fermeture. On voit le problème par le petit bout : "regardez, ils sont tellement cons qu'ils vont taxes les livres d'occasion pour ramener quelques eurois dans les caisses de l'état". La réalité est que cette taxation doit faire en sorte que les ventes de livres neufs permettent de maintenir une industrie à flot.

Alors, les gros éditeurs s'en sortiront. Ils vendront leurs livres via les plateformes en ligne : Amazon, Fnac, Cultura, ... Les petits couleront. Regardez au-delà de nos frontières, il y a des pays où presque toutes les librairies sont fermées. Il reste quelques magasins qui font du click-et-collect. Bref, qui distribuent des colis, et qui récupèrent les retours. Au citoyen de choisir s'il préfère vivre dans un pays avec ou sans librairies... C'est nous qui choisissons.

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Message Publié : 17 Avr 2024 9:50 
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A 25 a écrit :
Cela étant il n'est pas exclu qu'il propose une taxe sur la mie de pain distribuée aux pigeons.


Certaines communes pourraient être intéressées, car elles désirent interdire cette pratique qui cause des problèmes de nettoyage des déjections et de contrôle de la taille des populations d'animaux susceptibles de propager des maladies... ;)

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Message Publié : 17 Avr 2024 13:15 
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J'ai été libraire, à part être une grosse structure dans une grande ville, le reste est plié, entre les loyers de centre ville qui ne cessent d'augmenter, les difficultés pour le chaland de venir acheter ses livres en flânant, le stock considérable qu'il faut constituer, je ne conseille à personne de s'engager dans cette voie. Sans compter le livre numérique, bien moins cher et pratique à stocker, ceux qui lisent des livres papiers vont se restreindre d'année en année, c'est un truc de vieux. Je ne parle même pas de l'IA qui aura certainement un impact que je ne peux pas imaginer parce qu'elle ne m'intéresse pas, quand je me pose une question, je cherche la réponse et j'estime qu'avoir une réponse toute mâchée m'empêche de recouper mes informations.

Alors, la seule idée que l'on a, c'est la taxe. En France, un problème se résoud toujours par une taxe. Pourquoi faire ? Peut être pour rembourser nos dettes. Quand je vais chez quelqu'un, je regarde s'il y a une bibliothèque, je peux vous dire qu'elle sont rares et peu fournies. Les gens qui viennent chez moi sont surpris par leur nombre et les ouvrages qu'elles contiennent, des anciens comme des récents, mais je suis d'une autre génération. Chacun son hobby, comme je suis infoutu de planter un clou, j'achète des livres, et je les lis, ce qui passe aussi bien le temps que bricoler un moteur, activité qui n'a rien de péjoratif, que j'aurais bien aimé faire, mais j'en suis incapable.

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