Duc de Raguse a écrit :
Encore une fois, je pense qu'il ne s'agit pas ici d'un simple "hochet". Ou alors il ne serait que le résultat d'un mouvement de balancier par rapport à certains élus, de gauche et de droite, qui ont accepté d'abandonner certains de leurs quartiers à la gestion de leurs nouveaux bienfaiteurs ? On pourra toujours reprocher aux médias de rechercher davantage ces affaires que d'autres, mais l'assassinat de Paty a été bien fait dans des circonstances, qui ont produit, volontairement (par les auteurs), un effet terrible, pour créer un précédent effroyable. Rien n'a été monté "en épingle" par les médias.
L'obsession remonte aux années 80 où excusez moi mais le contexte géopolitique de l'Islam était loin d'être ce qu'il est actuellement et où les Occidentaux aimaient à soutenir les "combattants de la liberté" afghans luttant contre les Soviétiques. Le voile par contre faisait déjà débat et sans tellement de nuance. A tout mélanger, à ne pas distinguer le radical du simple fidèle ces positions ont largement contribué à détourner une partie de la communauté de l'intégration pour un repli sur les valeurs islamiques. Les statistiques de la fréquentation des mosquées sont à se titre signifiantes.
Le tout répressif a fait preuve de son inefficacité, personnellement j'attends qu'on arrive à avoir un débat cohérent et constructif au plus haut de l'Etat et de vraies prises de positions claires sur l'Islamisme à l'international.
Duc de Raguse a écrit :
Nous sommes d'accord, les leviers politiques actuels sont grippés par une forme de pensée unique, qui sévit dans les médias. Cette cancel-culture est effectivement visible sur les plateaux télévisés, mais seul le ridicule (même si c'est inacceptable) menace le contrevenant et non pas le lynchage public par une foule hostile.
Si on considère que voir son évolution de carrière bloqué soit effectivement un désagrément mineur... Mais que voulez vous l'ire de la foule fait toujours plus peur que le blocage institutionnel.
Duc de Raguse a écrit :
De là à prétendre que tout ceci est agité pour faire détourner notre attention sur les dérives de nos modèles économiques et sociaux, je n'en suis pas certain.
Il y a un vrai problème communautariste en France aujourd'hui, et l'Université n'y est actuellement pas étrangère, même s'il elle ne s'est saisie de la chose qu'a posteriori.
C'est que vous ne vivez pas dans un quartier populaire avec 30% de chômage et où les mesures gouvernementales peinent à offrir des réponses. Le communautarisme c'est aussi une réponse ; que connaissent de la république des jeunes en banlieue ? Les forces de l'ordre qui ne sont pas vraiment là pour le versant préventif... J'ai grandi dans une petite cité dans une petite ville du Limousin. Les visites des gendarmes étaient quotidiennes en été pour des choses aussi graves que des parties de foot ou des mobylettes sur l'herbe. J'ai vu des gendarmes la main sur la crosse face à nous, 6 ou 7 gamins de 14 à 16 ans tellement féroces que nos parents venaient nous soutenir... Imaginez à Sarcelle l'ambiance... Maintenant je ne suis pas là pour déterminer qui est la cause de quoi. Mais je pense qu'il devrait impérativement exister une police de proximité et des structures pour encadrer les jeunes afin de leur éviter autant que possible la spirale de la délinquance, du deal, de la radicalisation. Le karcher ça a ses limites.
CEN_EMB a écrit :
Je prise assez votre avis pour que vous compreniez que le "et en face, ils font pas des trucs excessifs peut-être ?" ne me suffise pas.
C'était une simple réaction face à l'empilement des faits divers (aussi terribles soient-ils) qui n'apportent pas grand chose au débat si ce n'est une émotion par franchement souhaitable.
CEN_EMB a écrit :
Comme l'a dit duc de Raguse, il ne me semble pas que l'extrême-droite classique, en France, si tant est qu'il y en ait encore une clairement identifiable, n'ait commis le moindre assassinat. Et sa force de frappe est suffisamment insignifiante pour que ses clameurs ne portent pas bien loin, contrairement à ceux dont nous parlons dans ce fil et qui ont pignon sur rue et tapis rouge.
Je suis d'accord à une nuance près ; l'influence idéologique de l'extrême droite et de ses thèses en France. Le négliger est faire preuve d'un sacré aveuglement. Le fait que les mouvements radicaux soient peu identifiables est peut être aussi une conséquence de ce succès.
CEN_EMB a écrit :
L'islamisme est un problème fondamental de la République, je le dis sans aucun problème. Oui, le programme politique voulant faire de l'islam le véhicule d'entrée d'un modèle de société érigé spécifiquement et intégralement contre celui de l'Occident est un problème et devrait être perçu ainsi par n'importe quel républicain. Le problème est bien que plus personne ne sait ce que veut dire être républicain (faites le test avec ceux qui n'ont que ce mot à la bouche, c'est rigolo : "définissez-moi ce qu'est une république", vous verrez un vide abyssal s'ouvrir dans leurs yeux, suivis par des réponses aussi formatées que dilatoires*), et que plus personne n'est crédible pour dire "le bien commun" dans un pays où le communautarisme a fractionné la nation en des objets socio-politiques plus ou moins concurrents ou hostiles.
Est-ce que l'entièreté de la communauté musulmane est insoluble dans le message républicain ? Sont-ils donc tous salafiste faisant primer le message de dieu sur les règle de la république ? La question est là. Pourquoi cette défiance vis à vis des lois de la république ? Question qu'on se pose peu dans les cénacles du pouvoir pourtant une partie de la réponse est là. Pourquoi ce repli identitaire ? Là encore les choses sont aisément traçables...
CEN_EMB a écrit :
L'université est non seulement partie de ce mouvement particulièrement néfaste, mais elle l'alimente joyeusement plutôt que de lui couper les pattes. Ca ne l'honore en rien et cela provoquera sa perte.
Je me demande quelle influence vous prêtez à l'université en France ? Les quartiers sont sans doute les lieux de France les plus éloignés du milieux universitaire. Parlez moi tant que vous voulez de l'influence délétère d'imam formés dans des écoles saoudiennes, du rôle des réseaux sociaux dans les schémas de la radicalisation... Le rôle de l'université là dedans...
CEN_EMB a écrit :
Je connais des dizaines de personnes qui feront tout pour que leurs enfants ne rentrent pas dans un système aussi perverti et décadent, et - pourtant pur produit de la méritocratie républicaine - j'en fais partie.
Vous venez de cocher les cases typiques de votre engagement politique et c'est un peu malheureux parce que pour le coup on touche là à des représentations qui ne sont pas tellement opératoire sur le plan de la réflexion. La décadence, la belle affaire ; on nous abrutit les oreilles de cette notion depuis que le monde est monde et je pense que si tous les décadentistes avaient eu raison nous vivrions dans le dernier cercle de l'Enfer. Je suis allé à la face, j'ai croisé des groupuscules étroits d'esprit, pris dans leur célébration d'une idéologie prônant l'absolue vérité et incapable d'accéder au dialogue. Je me suis fait traiter de "social-traitre" par des fils de la petite bourgeoisie moi le gamin de prolétaire. Merci, je connais la chanson. Je sais aussi le folklorique de ces positionnements, leur caractère repoussoir et finalement bien moins terribles qu'on pourrait le penser.
Mais au delà j'ai la certitude que vous ne mettrez pas vos enfants dans une université de Lettres et Sciences Humaines, qu'ils iront (ou sont allés) dans une prépa, une façon de médecine... et qu'ils resteront hors du périmètre de nuisance de ces hordes rouges (c'est de l'humour).
Pour ce qui est de la méritocratie je la souhaite mais j'ai peu d'espoir. Elle n'existe qu'à la marge et le chantier immense qu'il faudrait mettre en place pour lui donner un semblant d'existence est bien loin de voir le jour... s'il est possible d'ailleurs.