Duc de Raguse a écrit :
Effectivement Pierma et lorsqu'on cessera de faire faire à un jean trois fois le tour de la planète pour le confectionner puis le vendre, je pourrais croire à cette lubie de "développement durable", qui consiste à demander à la personne lambda de baisser son chauffage de 1°C l'hiver, de trier ses déchets (pour avoir bonne conscience ?), voire encore d'acheter bio, tout en développant en parallèle un mode de production capitaliste, pratiquement plus régulé (les Trente Glorieuses sont loin), qui saccage les vies humaines et leur environnement.
Je passe sur la stigmatisation des pauvres extra-européens - expliquons à un Brésilien qui participe à la destruction de l'Amazonie et qui a sa famille à faire vivre qu'il commet un meurtre, le plus souvent commandité par les sociétés citées plus haut, sans parler des décharges à ciel ouvert en Inde où de pauvres diables "traitent" des déchets toxiques expédiés d'Occident - et même français (ces "sales cons qui fument et roulent au diesel" pour paraphraser quelqu'un...).
Je ne peut que plussoyer. Il est évident que la question sociale est centrale dans l'approche de ce problème. Vouloir protéger l'environnement sans passer par la question sociale est un non sens, une absurdité. C'est pour cela que tout le "green washing", les faux semblants, et autres fumisteries qui reposent encore une fois le plus sur les plus démunis, sont complètement vides de sens. Je pense qu'il y a en effet une volonté de se donner bonne conscience, ou au moins de faire semblant de faire quelque chose.
Reste que notre modèle de société, basé sur un épanouissement (bien souvent fantasmé... riches ou pauvres, je ne vois pas beaucoup de gens réellement heureux autour de moi, au-delà des apparences bon teint... ) matérialiste et individualiste nous conduit à la catastrophe dans la mesure où nous vivons dans un monde fini, mais en cherchant une croissance et un développement infinis.
Dire que tout le monde va accéder au niveau de vie des plus aisés, ou même en partie, est un mensonge et un non sens. Notre niveau de vie coûte plus qu'il n'enrichit celui d'une grande majorité des habitants de la planète. A contrario, dire que c'est normal qu'une toute petite partie de la population monopolise les richesses aux dépends de tous les autres, c'est cynique et indéfendable dans la mesure où cela conduit nécessairement au chaos (à l'extrémisme, à la violence...Etc).
Il faudrait peut-être culturellement, et même "civilisationnellement" redéfinir nos aspirations, notre rapport à l'autre, au monde, au reste du vivant (ces trois choses n'en étant qu'une unique).
Citer :
Je n'ai jamais suivi la vulgate marxiste, mais le comportement de nos élites totalement abruties d'aujourd'hui va finir par me faire changer d'avis !
Critiquer un système basé sur le chacun pour soit, l'exploitation d'autrui, la compétition à outrance, le rapport prédateur avec le reste du monde, le cynisme mêlé de pseudo nihilisme, le mépris de l'autre ne fait pas de vous un dangereux bolchévique, bien au contraire...
Il est temps de sortir de ces positions politiques d'un autre âge et d'inventer des choses nouvelles (en redéfinissant nos valeur et notre système éthique, qui devraient être nos guides avant notre avidité), avant que les vautours n'aient finis de dépecer la carcasse.
Citer :
je suis bien persuadé que le raisonnement libéral affirmant qu'il participe à l'accroissement général des richesses est juste. (Jamais le niveau de vie de la planète n'a été aussi élevé.)
Peut-être qu'il faudrait redéfinir ce qu'on appelle un "bon niveau de vie". Si cela passe nécessairement par une sécurité matérielle (ce que nous n'avons pas... beaucoup de gens dans le monde n'ont pas accès à l'eau, à la nourriture, aux commodités les plus élémentaires... pour eux, mieux peut-être aurait-il fallu rester à leur mode de vie traditionnel... mais même ici, peu sont ceux qui n'ont aucun risque de se retrouver un jour SDF), son essence, son but, ne se trouvent peut-être pas là.
Encore une fois, peut-être devrions-nous collectivement engager une profonde réflexion sur la confusion entre être et avoir que nous faisons tous et qui nous conduit dans une impasse. "Pourquoi toujours plus quand plus ne sera jamais assez"?