Jean-Marc Labat a écrit :
Ce dont je ne suis pas convaincu, c'est que le changement soit du à l'homme. Etait il responsable de l'optimum médiéval, et de tous les autres depuis la nuit des temps ? L'Homme a vécu sous les glaciations, il n'y a pas si longtemps que le Sahara était une contrée verdoyante, alors assez de flagellation.
Je prend très rarement l'autoroute.
Ca m'est arrivé cette année donc, pour aller dans les Alpes (et oui, en un sens, ce trajet pour mon petit plaisir alors que tous les signaux sont au rouge est un acte égoïste). J'ai doublé/croisé des centaines et des centaines de camions en 5h de route. Et pourtant, c'étaient majoritairement des axes peu fréquentés excepté autour de Lyon.
C'était 1 jour sur 1 autoroute.
Prenons la mesure de ce que ça représente sur des décennies entières, sur des milliers d'autoroutes à travers le monde, auxquels il faut rajouter tous les déplacements en ville (des millions de km parcourus chaque jour juste dans une grosse ville comme Los Angeles... et là encore pensons au monde dans sa globalité: Tokyo, Paris, Londres, Moscou, Mexico, New YorK...etc, etc, etc, etc), sur routes "normales", les milliers de navires énormes qui voguent en permanence, les milliers d'avions perpétuellement en l'air, engloutissant (et rejetant leurs résidus) des tonnes et des tonnes de mazout et de kérosène, les rejets des innombrables usines et autres installations (et globalement même quasiment toute la production d'énergie, ne serait-ce que celle qui me permet de taper ces mots...)...
Le monde étant un espace fini et "plein" (peu de régions épargnées aujourd'hui par ces phénomènes techniques, il n'y a plus de terres lointaines, la civilisation post industrielle est partout), pour moi il y a une logique assez implacable sur le fait qu'on transforme nécessairement notre environnement en profondeur, et la consommation de toute cette énergie, en vertus des lois physiques que nous connaissons (lois de conservation de l'énergie, du fait que rien ne se crée, rien ne se perd), l'apport colossal de gazs divers dans l'atmosphère a nécessairement un impact sur elle. Le fait que nous visions de plus en plus tôt chaque année à crédit par rapport aux ressources que la planète peut fournir en un an ne peut que mener au désastre (quand un déficit se creuse d'année en année sans que rien ne soit fait pour enrayer le mouvement, ça se finit toujours en faillite... le problème, c'est qu'il n'y aucun comptable aux commandes).
Tout est en interdépendance. Il n'y a rien de "gratuit" dans le fonctionnement du monde, rien que ne soit indépendant et isolé. A partir de là, le fait que nous déréglions le climat terrestre (et ce n'est qu'une part du problème. L'artificialisation du monde vivant, l'industrialisation du vivant aussi, les pollutions diverses... tout cela ne peut, aux échelles où elles sont pratiquées aujourd'hui qu'avoir des conséquences sur tout ce qui nous entoure et par définition sur nos conditions de vie) me paraît une évidence, même sans études scientifiques qui le disent (ou du moins le suggèrent... la science n'apporte jamais de réponses définitive, elle ne fait qu'explorer la complexité du monde. L'éthique doit d'ailleurs nécessairement la compléter) et qui sont pourtant légion.
Le problème vient du fait que nous n'avons pas de vision holistique du monde, nous voyons tous par le petit bout de notre lorgnette. Nous
savons que nous sommes 8 milliards, que les villes tentaculaires et leurs infrastructures, et l'industrialisation de l'agriculture et de l'élevage ont profondément changé le monde, que toute cette humanité consomme, rejette, transforme, mais nous ne l'avons pas
intégré réellement à nos modes de pensées et à notre rapport au monde. Nous vivons toujours dans l'illusion d'un monde à conquérir, à soumettre, à exploiter.
Il est très difficile de se représenter le poids que tout cela représente vraiment, chacun dans notre bulle que nous nous sommes constituées. Les monstrueux échangeurs d'autoroutes et friches industrielles qui entourent les villes, on les voit rarement, et jamais dans leur globalité. On oublie leur présence. De la même manière, 8 milliards de terriens, c'est un chiffre abstrait, inconcevable.
Le problème est que collectivement, nous fonctionnons aujourd'hui de façon globale. il y a une dissonance fondamentale entre ce qu'est le monde aujourd'hui de façon globale, et ce que nous en percevons, et donc les représentations que nous nous en faisons, quotidiennement. Du fait de la globalisation de l'économie, ce que nous faisons ici a des conséquences partout dans le monde et inversement (l'affaire du Covid en est une bonne illustration). D'où le malaise.... Et encore une fois, le réchauffement climatique n'est qu'un symptôme d'un certain rapport au monde qui est en grande partie nié, aveugle, mais dont les conséquences sont bien réelles.
"Pourquoi toujours plus alors que plus ne sera jamais assez?"