Très connu pour "Le pull over rouge" sur l'affaire Ranucci, ou encore pour "Notre ami le roi", sur les moeurs politiques de Hassan II, Gilles Perrault, décédé vendredi 4/08 à son domicile de Sainte Marie du Mont (dont la plage est plus connue sous le nom d'Utah Beach) à l'âge de 92 ans, a beaucoup écrit sur la guerre secrète pendant la SGM.

Son premier ouvrage "le secret du jour J", apportait en 1963 des informations sur l'intoxication des Allemands, nouvelles pour l'époque. Il a également écrit "L'orchestre Rouge", "La longue traque" (l'histoire de Roland Farjon, responsable Nord de l'OCM, dont il démontre qu'il a été accusé à tort de trahison, ouvrage qui constitue une fresque présentant toutes les facettes d'un grand réseau) ou encore une histoire plus personnelle, "Les jardins de l'observatoire".

Dans ce dernier ouvrage il raconte comment sa mère osa aller réclamer à la Gestapo, avenue Foch (que les parisiens appelaient "avenue boche") son père arrêté la veille à leur domicile pour avoir hébergé Francis Sutill, chef d'un réseau du SOE. Du haut de ses 12 ans, il en savait assez sur la Gestapo pour craindre le pire, et il était resté très étonné que sa mère réussisse à obtenir la libération de son époux et à en sortir sans même subir un interrogatoire. Devenu des années plus tard un enquêteur chevronné, il alla fouiller les archives et interroger les survivants du réseau pour comprendre ce qui s'était passé. (Au passage, il découvrit le nom de celui qui avait dénoncé ses parents, un collabo français de la Gestapo qui avait déjà été longuement enfermé.)

Enfin, si vous êtes intéressé par les services secrets, les 3 tomes de "Le secret du Roi" constituent une somme passionnante sur la naissance du premier service secret français structuré, celui de Louis XV, où l'on voit passer d'honorables collaborateurs occasionnels inattendus, comme Beaumarchais et Voltaire.

Au total, un parcours de militant et d'historien très atypique, de la part d'un homme que j'aimais pour sa solidité et son courage, et que j'ai eu le plaisir de rencontrer chez lui il y a peu de temps. Un adieu.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Merci cher Pierma.

Sur votre conseil, j'ai lu Checkpoint Charlie de Gilles Perrault. Un ouvrage que je recommande car il est plaisant et décrit des milieux et des événements assez peu connus.

Je suis content qu'il vous ait plu.

C'est en effet un éclairage de la Guerre Froide assez original, vue par un spectateur averti qui n'en est pas un combattant, mais se bagarre entre l'ouest et l'est pour des raisons très honorables qui lui donnent un vue des choses inattendue.

Tel ce procès en diffamation intenté au directeur de la DST française, qui accuse dans Le Monde Léopold Trepper d'avoir trahi au profit de la Gestapo, à un moment où Gilles Perrault sue sang et eau pour que l'ancien chef de l'Orchestre Rouge puisse quitter Varsovie pour émigrer vers Israël. (La seule solution pour éviter un naufrage total de la campagne qu'il mène pour Trepper, c'est que ce dernier - qu'il va rencontrer dans son petit appartement très surveillé - dépose une plainte en diffamation contre cette accusation. Comme il est assigné à résidence, ce sont ses amis français qui vont mener le procès pour lui.)

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Merci cher Pierma .

J'ajoute que ce livre se lit comme un roman et est aussi très éclairant sur la société politique française de 1970: une culture communiste qui reste très monolithique, une culture anticommuniste qui touche à la paranoïa, une culture "deuxième gauche" très libérale au fond : Macron ne naîtra qu'en 1977...mais ses idées n'étaient elles pas en germe chez ces intellectuels passionnés par la liberté individuelle et indifférents à la collectivisation des moyens de production?

Mais mon propos dépasse les limites chronologiques ...