Suite à un "procès" de trois heures, sous l'autorité de Roland Freisler, président du
Volksgerichtshof, réuni exceptionnellement en Bavière, ce 22 février 1943, la guillotine de la prison Stadelheim met fin aux jours de Hans et Sophie Scholl, ainsi que leur camarade Christoph Probst.
Hans, étudiant en médecine, avec certains de ses camarades, avait rédigé un certain nombre de tracts, hostiles au régime nazi et à la guerre, qui avaient été distribués dans de nombreux lieux à Munich à l'automne 1942.
Si cette entreprise collective débuta dès l'été 1942 - Hans avait alors passé un certain temps sur le front russe comme infirmier -, ce n'est qu'au moment du 6ème tract - la propagation des trois derniers dépassa largement l'espace munichois - que les étudiants furent arrêtés par la Gestapo, moment où la défaite de Stalingrad ne fut pas cachée à l'opinion publique allemande par le régime hitlérien.
Ces tracts, outre la condamnation du régime national-socialiste, tentèrent de persuader les civils de se révolter contre ce régime aux conséquences délétères et funestes pour le peuple allemand.
Le dernier tract :
Citer :
Etudiantes! Etudiants!
La défaite de Stalingrad a jeté notre peuple dans la stupeur. La vie de trois cent mille
Allemands, voilà ce qu'a coûté la stratégie géniale de ce soldat de deuxième classe promu
général des armées. Führer, nous te remercions!
La peuple allemand s'inquiète: allons-nous continuer de confier le sort de nos troupes
à un dilettante? Allons-nous sacrifier les dernières forces vives du pays aux plus bas
instincts d'hégémonie d'une clique d'hommes de parti? Jamais plus!
Le jour est venu de demander des comptes à la plus exécrable tyrannie que ce peuple
ait jamais endurée. Au nom de la jeunesse allemande, nous exigeons de l'Etat d'Adolf Hitler
le retour à la liberté personnelle; nous voulons reprendre possession de ce qui est à nous;
notre pays, prétexte pour nous tromper si honteusement, nous appartient.
Nous avons grandi dans un Etat où toute expression de ses opinions personnelles
était impossible. On a essayé, dans ces années si importantes pour notre formation, de nous
ôter toute personnalité, de nous troubler, de nous empoisonner. Dans un brouillard de
phrases vides, on voulait étouffer en nous la pensée individuelle, et on appelait cette
méthode: "formation pour une conception sain du monde". Par le choix du Führer, un choix
comme on n'en pouvait faie de plus diabolique et de plus borné à la fois, des hommes sont
devenus des criminels sans dieu, sans honte, sans conscience; il en a fait sa suite aveugle,
stupide. Ce serait à nous, "travailleurs intellectuels" de régler son compte à cette nouvelle
clique de Seigneurs. Des combattants du front sont traités comme des écoliers par des
Chefs de groupe, ou des aspirants Gauleiter.
Il n'est pour nous qu'un impératif: lutter contre la dictature! Quittons les rangs de ce
parti nazi, où l'on veut empêcher toute expression de notre pensée politique. Désertons les
amphithéâtres où paradent les chefs et les sous-chefs S.S., les flagorneurs et les arrivistes.
Nous réclamons une science non truquée, et la liberté authentique de l'esprit. Aucune
menace ne peut nous faire peur, et certes pas la fermeture de nos Ecoles Supérieurs. Le
combat de chacun d'entre nous a pour enjeu notre liberté, et notre honneur de citoyen
conscient de sa responsabilité sociale.
Liberté et Honneur! Pendant dix longues années, Hitler et ses partisans nous ont
rebattu les oreilles de ces deux mots, comme seuls savent le faire les dilettantes, qui jettent
aux cochons les valeurs les plus hautes d'une nation. Ce qu'ils entendent par ces mots, ils
l'ont montré suffisamment au cours de ces années où toute liberté, matérielle aussi bien
qu'intellectuelle, toute valeur morale l'Europe, au nom de l'honneur allemand, a ouvert les
yeux l'Allemagne, si la jeunesse ne s'insurge pas enfin pour écraser ses bourreaux et bâtir
une nouvelle Europe spirituelle.
Etudiantes! Etudiants! Le peuple allemand a les yeux fixés sur nous! Il attend de nous,
comme en 1813, le renversement de Napoléon, en 1943, celui de la terreur nazie.
Béresina et Stalingrad flambent à l'Est, les morts de Stalingrad nous implorent!
Nous nous dressons contre l'asservissement de l'Europe par le National-Socialisme,
dans une affirmation nouvelle de liberté et d'honneur!
Lors de l'énoncé du verdict Hans Scholl aurait répondu au président du tribunal :
"Dans quelques temps, c'est vous qui serez à notre place", ce qui ne manquait pas de courage.