Pierma a écrit :
Aymont a écrit :
Et un manœuvre léger (soit dit sans aucun mépris faut-il le préciser) se débrouille très bien avec moins de 250 mots...
ça me paraît vraiment très bas. Un prof de français au lycée nous avait donné le chiffre de 800 mots pour le vocabulaire courant minimum, et de 3000 mots pour un vocabulaire un peu élaboré. Au delà on entre dans la richesse de langage - je dirais jusqu'à 4 ou 5000 mots, puis dans le registre littéraire, disons jusqu'à 8000 mots mais guère au delà : personne n'utilise tout le dictionnaire.
On peut aussi compter le nombre de mots nécessaires à un professionnel de bon niveau : Je me souviens avoir lu qu'un officier de la marine à voile devait maîtriser 800 mots de langage technique, et certaines professions techniques d'aujourd'hui doivent être dans les mêmes chiffres. Lorsque j'étais consultant en organisation, il m'a fallu plusieurs missions en n°2 avant d'être capable de mener une discussion entre professionnels de la production chez France Télécom, et je devais encore régulièrement me faire préciser certains termes ou abréviations. EDF, Airbus, et toutes les entreprises technologiques en général sont sans doute dans le même cas.
Le "petit" problème est que dans la phrase d'Aymont, sûrement extraite d'une étude, il manque l'information de savoir s'il n'a besoin que de 300 mots pour accomplir son travail ou si certains manœuvres utilisent que 300 mots dans leur vie de tous les jours. Etonnament, 300 mots, çà peut déjà être pas mal, je pense que certains ouvriers spécialisés ont besoin que de quelques dizaines de mots pour réaliser leur travail. Effectivement, plusieurs sociologues considèrent que pour avoir des interactions "normales" en tant qu'être humain il faut un minimum de .... En fait, dans les années 1980, il y avait eu plusieurs publications pour dire qu'il fallait au moins maîtriser 1500 mots. Puis, des travaux sociologiques de suivis de jeunes des cités ont montré que certains groupes avaient un vocabulaire limité de 800 mots. Du coup, c'est devenu la nouvelle référence. Mais, la même étude démontrait que moins on maîtrise de mots, plus on a tendance à recourir à la violence. Simplement parce que l'on n'arrive pas à s'exprimer et pour lever les blocages que cela induit, la violence parait la seule échappatoire
Comme vous le signalez, Pierma, les professionnels en interface entre plusieurs métiers sont ceux qui doivent maîtriser les vocabulaires les plus riches. Je suis un "exploitant", en plus du vocabulaire spécifique à mon métier, je dois être capable d'indiquer à un informaticien, un mécanicien, un électricien, un automaticien, un chaudronnier, un robinetier les aléas matériels que je détecte. En terme d'organisation je dois aussi être capable de parler avec un planificateur, un préparateur, un chef de projet. Sans oublier les spécialistes en sécurité, radioprotection, les chimistes, les logisticiens, les RH, la direction, t j'en oublie sûrement. Et, bien entendu, chacun des métiers à son langage technique spécifique. De plus, pour compliquer les choses il y a des termes identiques qui ne veulent pas dire la même chose en fonction du métier. Ainsi, : "réaliser un couplage" ne veut pas dire la même chose pour un électricien, un robinetier, un exploitant, un automaticien.
Certains dictionnaires spécialisés du XIXème siècle, début XXème donnent des centaines de noms d'outils spécifiques pour certains métiers aujourd'hui disparus. Comme les bourreliers, les carrossiers (fabricants de carrosses et non pas réparateurs de carrosserie d'automobile, ...).