Soucolline a écrit :
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N'étant pas physicien, je fais confiance dans les nombreux physiciens
C'est interessant : j'ai la même démarche avec les linguistes. Si la majorité d'entre eux estiment que la famille IE est génétique, alors...
Il y a pourtant une grande différence, une énorme différence et désolé si elle ne semble pas vous sauter aux yeux. Vers la fin du XIXème siècle, les physiciens savaient qu'il y avait quelque chose qui clochait dans les théories de l'époque. La solution qui semblait la plus évidente ne plaisait pas à tout le monde, ainsi le physicien français Henri Poincaré était donné favori pour trouver la prochaine théorie. Pour diverses raisons, il ne le fit pas, mais quand un jeune physicien inconnu proposa une nouvelle théorie, on l'accepta après les vérifications d'usage. Je parle d'Einstein, bien entendu. Actuellement, la plupart des théoriciens sont contents de la théorie d'Einstein qui permet de faire encore des découvertes, pourtant, ils accumulent un tas d'indices, de découvertes, d'observations qui leur donne à penser qu'il va falloir la dépasser. Surtout que les 2 théories d'Einstein sont irréconciliables et qu'elles semblent expliquer le monde à 2 échelles de grandeurs différentes, mais qu'elles donnent des résultats différents à leurs interférences ...
Les linguistes ont fait des découvertes. Il y a 150 ans, ils ont proposé 4 solutions en ce qui concerne le berceau du premier peuple indo-européen. En 150 ans, il ont réussi à écarter 1 des 4 propositions. Malgré cela, il y a encore des gens qui promeuvent la 4ème proposition : le berceau nordique. En 150 ans, les archéologues, qui furent parmi les premiers promoteurs des théories IE n'ont rien trouvé sur le terrain qui conforte ces théories. Donc, en bon scientifiques, ils ont tendance à chercher dans d'autres voies et à proposer des schémas alternatifs ui semblent mieux fonctionner. Il y a aussi des linguistes qui ont proposé d'autres schémas, mais ils ont été souvent marginalisé par une communauté qui peine à se remettre en cause. Une théorie qui bloque sur la même pierre d'achoppement depuis 150 ans n'est plus une théorie scientifique; elle est devenue une croyance. En science, savoir se remettre en cause et parfois abandonner le bébé avec l'eau du bain est primordial. Une théorie valide l'est parce qu'elle explique bien ce qu'on connait et parce qu'elle est prédictive. En 1915, Einstein calcula les positions de certains astres selon sa théorie (pour simplifier à très gros traits). Le 29 mai 1919 des observations lors d'une éclipse démontrèrent la véracité de ses calculs. Et encore aujourd'hui, la découverte de la "normalité" du boson de Higgs valide une bonne partie de la théorie actuelle qui découle des travaux d'Einstein. Au désarroi des théoriciens qui auraient préféré un boson moins conforme à l'attendu, car à partir de là ils auraient pu valider ou invalider des théories "concurrentes" de l'actuelle, ou plutôt qui la dépassent.
Vous ne voyez pas de différence entre les 2 démarches ? D'un coté des scientifiques qui s’arque-boutent sur un postulat vieux de 150 ans et qui achoppe toujours sur les mêmes points, avec des observations qui tendent à montrer que la vérité est ailleurs. De l'autre une communauté qui utilise une théorie remodelée et remise à jour en fonction des observations, qui constate que cette "vieille" théorie explique très bien certaines observations, mais qu'il va falloir la compléter, comme la théorie d'Einstein est venue compléter la théorie de Newton. Les scientifiques se plaisent à rappeler que les équations de Newton furent suffisantes pour aller sur la Lune, mais qu'il faut utiliser les équations issues des travaux d'Einstein pour le système GPS ou pour les parties de billard planétaire qui ont permis d'envoyer des sondes aux limites du système solaire.
Alors, je fais confiance aux physiciens, car je vois qu'ils sont capables de se remettre en cause, je fais confiance aux biologistes, car on voit les mêmes démarches. Mais, je doute des linguistes qui peinent à se remettre en cause. Ou plutôt, je doutait confusément au fond de moi depuis pas mal d'années. Aujourd'hui, je ne doute plus : si ce sont des scientifiques, qu'ils fassent leur révolution comme d'autres scientifiques surent le faire ou continuent à le faire. Ce n'est pas la linguistique comparée qui est en cause, c'est le postulat : un peuple, une nation, une culture, une langue, une unité génétique. Les peuples sont en faits constitués d'ensembles d'individus qui ont chacun des histoires individuelles, c'est la somme de ces histoires individuelles qui conditionne l'histoire des diverses communautés. Je ne parle pas tout à fait la langue de mon voisin, je n'ai pas tout à fait les mêmes gènes que mon voisin, je n'ai pas la même histoire, je n'ai pas les mêmes envies, et nous n'avons pas les mêmes parcours. Pourtant, je vis à coté de lui et il y a d'autres individualités autour de nous. Mon quartier vis sa vie. Il existait avant que je ne vienne emménager ici et il vivra après mon départ ou mon décès. Quelqu'un d'autre habitera ma maison. Quant à ma fille, elle habite ailleurs et si nous avons partagé une vingtaine d'année de foyer commun ce que mon épouse et moi-même lui avons enseigné et communiqué va lui servir pour tracer son propre chemin dans la vie. Elle commence déjà à avoir un accent différent et à avoir des tournures de phrases différentes. Le fils du voisin est de plus en plus souvent absent, il rentre 1 week-end sur deux et souvent il n'est pas seul quand il revient chez ses parents. Dans quelques temps, il va s'installer de son coté, près ou loin en fonction de différents critères. Le problème de ceux qui ne veulent voir que des peuples unis, c'est qu'ils ne sont pas capable d'admettre ce qui saute aux yeux, un peuple est un agrégat
temporaire d'individus qui n'ont même pas toujours des intérêts communs.