Bonjour,
Dupleix a écrit :
Sujet du message: Re: Les Français vus par le cinéma américain Répondre en citant le message
Je découvre ce sujet très intéressant bien qu'un peu ancien.
Je voudrais revenir sur Casablanca.
Je ne suis pas du tout d'accord avec l'idée que ce film présente une image positive de la France. Au contraire, il est possible (au-delà de l'histoire d'amour) de lire ce film comme une métaphore politique militant pour l'entrée en guerre des USA :
- le vrai résistant (Henreid) s'appelle Lazlo et il est Tchèque. La résistance, ce sont les pays d'europe orientale
- Rick (Bogart) incarne bien sûr les USA (rien que le nom le dit...) qui commence par hésiter en se disant qu'il n'est pas concerné par tout ça, mais va ensuite suivre le chemin de l'honneur.
- et le seul français un peu notable est Renault (Claude Rains) qui incarne la France de Vichy. Un personnage somme toute pas très courageux, hypocrite et opportuniste. Il ne se rallie à la bonne cause qu'in extremis, et par suivisme après que Rick a montré l'exemple.
Les images de Paris sont celle d'une époque heureuse, mais révolue. Paris n'est plus la ville de la liberté.
Globalement, même si le personnage de Renault n'est pas spécialement haïssable, le film n'a rien de bien francophile.
Si on veut un film sur la Seconde Guerre Mondiale assez favorable à l'image des Français, il vaut mieux aller voir Inglorious Basterds
Dans les films américains sur la deuxième guerre mondiale tournée pendant le conflit même, on retrouve souvent le même rituel, à savoir:
- le méchant c'est l'allemand
- une référence à l'héroïque Angleterre
- un traitre
- les valeurs de la démocratie
Dans Casablanca il n'y a pas vraiment ce genre de schéma, au contraire, il est plutôt fidèle à un certain réalisme, puisque:
- les allemands n'occupant pas le Maroc français sont assez distant, le ou les méchants n'est pas représenté par un uniforme mais plus par une ambiance
- il n'y a guère de référence à l'Angleterre, sinon un mot de Rick sur Londres
- il n'y a pas de traitre dans le sens manichéen puisque la ville n'est que cela tous sont prêt à tout pour la fuir
- si il n'y a pas de référence à la démocratie et c'est là le point fort du film, c'est qu'il ne tombe pas dans le sentimental, alors que l'histoire dans le film l'est.
J'y rajouterai deux choses que les réalisateurs américains ont bien cernée sur la ville:
- la quasi absence des marocains de cultures musulmanes, qui, il faut le rappeler sont quand même eux qui peuple le plus la ville!
- c'est une ville, du point de vue occidentale, de nuit, festive, d'amusement, en désaccord avec le climat de crainte qui y règne
Pour conclure, je n'y vois pas de francophobie mais un film intelligent qui fait ressortir un aspect d'une ville qui en ce temps était française d'administration.
k