En fait, les prescriptions du Concile de Trente en matière d'art ont mis un certain temps à être adoptées. L'Europe, au milieu du XVIe s., baigne dans le mouvement dit "maniériste", un style extrêmement sophistiqué et codifié, parfois un peu froid. Ce sont les oeuvres de Pontormo, Véronèse, Tintoret, Benvenuto Cellini, Primatice, Rosso... La France connaît alors un foyer majeur de création avec Fontainebleau, sur lequel le Concile de Trente a assez peu d'effets.
Le Concile de Trente, prône une image au rôle didactique (=> respect de la vérité historique, iconographie claire et compréhensible) et prosélyte (=> simulant la piété par l'émotion), à l'opposé des images incompréhensibles et peu chargées d'émotion du maniérisme.
Ce n'est qu'au tournant du XVIIe s. que les prescriptions du concile de Trente commencent à être prises en compte, par deux grands artistes italiens : Le Caravage et Annibale Carrache, puis très peu de temps après par le Bernin.
Carrache, avec plusieurs membres de sa famille, crée une académie à Bologne dont l'importance est fondamentale pour les trois siècles à suivre, et qui est en quelque sorte la fondatrice du classicisme.
Caravage, au contraire, est à l'origine d'un courant propre, dit "caravagesque", qui connaît son heure de gloire jusque dans les années 30, puis est abandonné. Mais les innovations de Caravage, notamment ses travaux sur la lumière, ont influence les artistes à l'origine du mouvement dit "baroque" (terme vague, qui recouvre de nombreuses réalités, et que de nombreux historiens d'art actuels se refusent à employer, en tout cas à prendre avec de longues pincettes), au premier rang desquels le Bernin.
Dans les deux cas, ces artistes s'opposent au maniérisme et suivent les prescriptions du concile de Trente, avec une iconographie claire (beaucoup de saints martyr, d'extases, de saintes conversations, d'images mettant en valeur la Vierge), un jeu sur le pathétique, l’illusion, l’expression des passions (
affeti).
Rome est dans la première moitié du XVIIe le centre majeur de l'Europe en matière d'art. De nombreux artistes vont s'y former, dont nombre d'artistes français.
C'est à partir du retour de Vouet à Paris en 1627 qu'un foyer parisien commence à naître. Se diffusent en France le style "classique" (courant des "atticistes parisiens" : Stella, Le Sueur, la Hyre), le style caravagesque (Valentin de Boulogne) et le "baroque" (Vouet en partie). Deux figures de peintres dominent : Poussin, qui passe presque toute sa vie en Italie, mais travaille souvent pour des commanditaires français, et est reconnu en France, et Simon Vouet, premier peintre du roi, qui a une première période caravagesque, puis vire plutôt vers un mélange de baroque et de classique. Mais on apprécie bien plus des artistes étrangers, Bernin (appelé pour le Louvre), Champaigne (portraitiste de Louis XIII et Richelieu, lié au milieu janséniste) ou Rubens (galerie Médicis du palais du Luxembourg). Il faut ajouter les frères Le Nain et G. de la Tour, assez inclassables.
L'architecture italienne est aussi diffusée en France, par exemple dans l'église Saint-Paul saint-Louis (maison professe des Jésuites) ou dans la façade sur la place de la chapelle de la Sorbonne, qui toutes deux sont reprises du modèle du Gesù. Les grands architectes français sont François Mansart (château de Maisons) et Le Vau (hôtels particuliers, puis Vaux le Vicomte).
Attention, pour la musique, c'est très différent, il n'y a pas l'opposition baroque/classique qu'on trouve dans les arts plastiques ; le classicisme est un courant plus tardif, auquel se rattachent Mozart ou Händel, par exemple.
Bon évidemment, c'est difficile à résumer, donc simplifié et partiel.