Tout le monde connait "le président", film réalisé par Henri Verneuil en 1961 et dans lequel Jean Gabin joue formidablement un rôle de président du conseil et d'ex président du conseil. Ce personnage tient par beaucoup de cotés à Clémenceau (dont on voit par ailleurs le portrait dans le film )

La question n'est pas là ! J'en discutais avec certains de mes amis et certains tenaient à ce que la première partie tenait des moeurs de la 4ème république alors que d'autres penchaient plus pour la IIIème.

Quelle est votre opinion ?

Pour piqure de rappel voici une séquence parmi les plus célèbres du film

http://www.youtube.com/v/Dq8CyzMJNWY&feature=plcp

_________________
C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme

Ce film et un pur petit chef-d'œuvre (pour moi, c'est le meilleur rôle de Gabin).
Il fut diffusé récemment sur Arte lors d'une récente soirée électorale.

_________________
Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle

Le contexte décrit dans le film est un habile mélange des deux régimes.

Si les débats parlementaires à base de motions de confiance assassines se prêtent parfaitement aux deux, la construction européenne qui est évoquée rappelle bien sûr plus le contexte de la quatrième, alors que les scandales financiers et les compromissions évoqués lors de la célèbre tirade de Gabin font plutôt penser aux tempêtes qu'a connue la troisième à la fin du XIXème siècle.

Bref, un patchwork fort bien tissé !

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran

Bien sûr la fin ressort de la fin de la quatrième (la télé, Darget et Zitrone). Mais c'est plutôt la première partie (beaufort en activité ) qui m'interpelle. Et principalement la scène ci dessus. Philippe Chalamont (magnifiquement interprété par Bernard Blier) parle de la plus meurtrière des guerres. Il parle évidemment de 14-18 ! ET Émile Beaufort répond "lors de Verdun, monsieur Chalamont avait 10 ans, ce qui lui donne évidemment le droit d'en parler". Pas question de 2ème Guerre mondiale là-dedans ! Donc Mr Chalamont est né en 1908. Il a déjà été chef de cabinet d'Émile Beaufort quelque années auparavant et il est député !

Résumons donc ! l'action se passe avant 1939. or à cette époque M. Chalamont avait 31 ans ! Un peu jeune n'est ce pas ? En outre le débat porte sur L'Europe ! En 1938, les débats portaient sur bien autre chose

L'action donc n'est pas cohérente ! Ou cette scene se passe avant guerre et le sujet de l'europe est hors propos, ou il se passe après guerre et on ne parle pas du Gap de carrière de M. Beaufort durant la SGM et surtout la guerre relatée aurait été la SGM toute proche et non la PGM

Celà n'enlève rien à la beauté du film ! Et moi ce qui m'intéresse ce sont les us et coutumes! Sont elles de la IIIème ou de la IVème république

_________________
C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme

En ce qui concerne l'absence de deuxième guerre mondiale, il me semble que c'est un parti pris de Verneuil. Quand on re-crée un univers politique cohérent mais délié de la stricte réalité du moment, on gagne en "durabilité" de l’œuvre, et l'auteur se laisse une liberté plus grande.
On retrouve la même méthode dans I comme Icare, où l'action se déroule dans un pays fictif, manifestement les USA, mais des USA francophones. Ou dans 100 000 dollars au Soleil, dont on ignore bien quel pays accueille ces cowboys de la route (Mali, Niger? Et cette république autonome dont j'ai oublié le nom, avec pour capitale Cherfa?)
Bref, la même méthode que Hergé avec la Bordurie et la Syldavie, qui rendent le lieu et l'action atemporels.
En revanche, je ne me souviens pas si dans le livre de Simenon (qui est de 1958), la seconde guerre mondiale est utilisée dans les parcours des différents protagonistes.

Je vous conseille la lecture du roman ,du même nom ,de Simenon qui a servi pour écrire le scénario .Il y a quelques differences avec le film

Ben déjà, la fin diffère du tout au tout
(attention, je révèle le scenario )
Car dans mon souvenir, le président de Simenon s'incline devant Chalamond, estimant qu'il est trop tard et maintenant inutile de révéler ses malversations passées