Il y a quelque semaines, visitant le musée Marmottan, j'ai été intrigué par un petit tableau intitulé " Tableaux à vendre devant l'institut de France" de Guillaume Ronmy datant de 1837. Je ne connaissais ni le peintre ni l'œuvre, mais ce qui m'a étonné c'était le sujet en lui-même ! On y voit une vente de tableaux exposés en plein air. De rares passants s'arrêtent pour examiner des toiles très variées (portraits, paysages, motifs religieux…). Un personnage fouille dans un carton à dessins. L'attitude et l'habillement des passants font penser à des bourgeois aisés profitant d'une sortie familiale (ils emmènent leurs enfants et promènent leurs chiens).

Je me suis alors aperçu que je n'avais aucune idée de la façon dont se faisait la "commercialisation" des œuvres… Une telle scène était-elle courante à cette époque ? J'imaginais jusque là que les tableaux étaient uniquement réservés aux nobles, voire aux très riches bourgeois qui passaient des commandes à des peintres établis. Y avait-il déjà des boutiques, des galeries de peintures (un "système de commercialisation") ou de telles ventes étaient-elles exceptionnelles ?

J'ai essayé de rechercher ici si ce sujet avait déjà été évoqué mais je n'ai rien trouvé pour la peinture. Je suis preneur de toute explication, liens, livres…etc sur ce sujet !

Des salles de ventes existaient.
C'est là que le duc d'Aumale a pu réunir un certain nombre de ses collections (dont les Très riches heures du duc de Berry), souvent par l'intermédiaire de Cuvillier-Fleury.

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Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle

Un marché de l'art, avec des marchands et non plus seulement des commandiatires, s'est mis en place progressivement, surtout à partir du XVIIIe siècle en France. L'un des plus célèbres est le marchand Gersaint, dont Wateau a représenté l'intérieur de la boutique... sur une enseigne qui lui était destinée. Il existe une monographie très intéressante sur le personnage, qui replace le contexte plus large du marché de l'art au XVIIIe.

Au XIXe, ce marché s'accroît. Je n'ai pas connaissance (mais ce n'est pas ma période, donc c'est probablement une lacune de ma part) de ventes en plein air pour des tableaux, mais de petites statuettes de bronze étaient vendues "à la sauvette dans la rue, souvent par des enfants (il me semble que c'était des italiens ou des savoyards, mais je confonds peut-être). Le XIXe voit se multiplier les ventes aux enchères (un pratique qui existe depuis le Moyen âge, et surtout la Renaissance, avec règlementation du métier de commissaire priseur), avec l'arrivée de la publicité, de journaux spécialisés....

(Je réponds à partir de souvenirs de cours déjà un peu anciens, désolée pour les imprécisions).

Pas mal de renseignements sur le marché de l'art et ses acteurs au 19ème siècle dans ce document :

http://theses.enc.sorbonne.fr/2008/champy

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Merci pour toutes ces informations, j'y vois beaucoup plus clair (et je sais maintenant de quel côté chercher) ! Je ne connaissais pas du tout le tableau de Wateau ni le rôle des "marchands merciers" à cette époque. Et la thèse donnée en lien (pour les sculptures, mais on peut l'étendre sans problème à la peinture) éclaire bien le sujet. Effectivement, le marché de l'art existait visiblement très largement avant la scène qui m'a intriguée dans le tableau de G. Romney….

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"On peut classer les gens en trois catégories (ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas compter)."

Le début du 19è siècle est très riche en petits maitres de la peinture, il y en a des centaines, qui vivent de la commande privée et peignent d'une part des portraits pour un large public qui ne dispose pas encore de la photographie et d'autre part des tableaux d'agrément dans un marché bien plus abondant qu'on ne l'imagine. il y a des siècles que nobles et bourgeois fortunés achètent des tableaux pour leur demeure. C'était la passion de Mazarin par exemple qui avait une collection princière.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.