Je suis allé visiter ce matin l'exposition Girodet au Louvre, exposition qui pourrait être l'occasion de discuter un peu de l'oeuvre de ce peintre.

Un mot sur l'exposition d'abord: magnifique. J'y allais un peu à reculons, n'étant pas passionné par la peinture romantique, j'en suis ressorti conquis. Elle vaut le détour ne serait-ce que pour une seule chose: la magnifique présentation du non moins magnifique Sommeil d'Endymion.



Vous me direz que c'est une oeuvre qu'on peut voir au Louvre tout le reste de l'année, mais justement, tout l'intérêt de cette exposition, c'est de la présenter dans des conditions décentes: alors qu'elle est habituellement située en plein jour et surtout très en hauteur, elle est ici présentée dans une salle entièrement noire, si ce n'est un mince éclairage, et surtout à hauteur parfaite: par cette mise en scène, c'est vraiment une nouvelle oeuvre que l'on découvre, que j'irai presque jusqu'à qualifier de caravagesque.

Le reste de l'exposition est également passionant, notamment les quelques traces du voyage en Italie, et toute la partie sur les relations de Girodet à la littérature: Rousseau et bien sûr Chateuabriand notamment.

Bref, on ressort de là avec une nouvelle vision de Girodet: pas si romantique que cela, ou tout du moins pas seulement romantique.

Par ailleurs, le catalogue de l'exposition, qui coûte 49 euros, est absolument magnifique. On y trouve même une lecture queer du Sommeil d'Endymion, originalité à saluer dans ce genre de catalogue généralement on ne peut plus académiques.

Ce n'est là qu'une mise en bouche. Je proposerai prochainement un commentaire détaillé de certaines des oeuvres présentées. J'imagine que certains d'entre vous ont l'intention de visiter l'exposition et que nous pourrons en discuter ensemble.

Je lance également par ailleurs une discussion sur l'ossianisme (thème omniprésent dans une partie de l'oeuvre de Girodet) qui m'a été inspirée par cette visite:

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).

A noter une petite exposition sur Girodet, en pendant de celle du Louvre, au chateau de Compiègne, largement consacrée aux décors du palais exécutés par ce peintre

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"l'Impératrice est légitimiste; le Prince Napoléon est républicain, Morny est orléaniste: Moi meme je suis socialiste; il n'y a que Persigny qui soit bonapartiste, et il est fou!"
Napoléon III

Comme promis, passons maintenant au commentaire de quelques unes des oeuvres exposées. Pour commencer, quelques remarques sur celle qui sert d'icone à toute l'exposition: Le sommeil d'Endymion.




D'abord, rappelons l' "histoire" d'Endymion (issue essentiellement d'Apollodore, Bibliothèque I, 7,5 et de Pausanias, Description IV, 1, 2), ce jeune et beau berger qui, voulant rester éternellement beau, eut l'idée de rester éternellement jeune. Pour ce faire, il demanda (une autre version veut que la demande émane de Séléné tombée sous son charme) à Zeus de l'endormir à la fleur de son âge, afin de rester éternellement jeune et beau. C'est Endymion, plongé dans cet éternel sommeil jouvancien, que représente la toile de Girodet. Le personnage de droite est Zéphyr, qui écarte de ses mains les branches pour laisser pénétrer la lumière, allégorie de Diane.

Endymion est très idéalisé: de longs doigts de pieds comme sur les statues classiques, une main gauche qui n'est pas sans rappeler celle de Saint Jean-Baptiste.





C'est presque une statue que représente Girodet, ce qui renforce le thème du sommeil éternel. Zéphyr est lui beaucoup plus "réaliste".

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"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).

Le Sommeil d'Endymion, est je crois l'un de mes tableaux préféré, en particulier pour le rendu de la lumière, avec ce jeu de clair-obscur. La position d'Endymion rappelle les statues antiques.
Il y a tellement de choses à dire sur ce tableau, que je pourrais passer des heures à en parler, mais malheureusement je n'ai pas le temps pour le moment. Peut-être plus tard

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L'art est à la beauté ce que Dieu est au mystère. Tout.