Voyez de Watteau à VLB: un fusain, une sanguine, un plomb et revoyez l'huile, là ou le peintre s'est finalement exécuté. Son coup de crayon préalable, sa force vive en sa main, son rapport plus direct au papier. Je crois que grâce à la technique même du dessin et de sa maîtrise à l'aube du règne de la miniature, le peintre du 18e excelle. L'Académie l'y oblige.
Sacha Guitry (mysogine d'accord mais fin connaisseur de dessin) savourait cette maîtrise du dessin spontanné par les peintres des Lumières.

Et vous qu'en pensez-vous?

Manifestement personne ne connaît le dessin ici...sauf celui de David représentant Marie-Antoinette dans sa charette

Non, je n'y connais pas grand-chose, mais du peu d'expérience que j'ai de la chose, la maîtrise du dessin est indispensable pour un peintre... il faut organiser, charpenter, dès lors que l'on désire représenter d'une façon ou d'une autre une scène réelle; sinon tout apparaîtra faux.

Oui, le dessin est une maîtrise de soi en quelque sorte.

Qu'il me soit permis de signaler aux amateurs le bel ouvrage si intelligemment illustré :
La géométrie secrète des peintresde Charles BOULEAU
Collection Charpentes, éditions Le Seuil, 1963.

Petites citations de grands hommes sur le dessin, en vrac:

Degas: "Le dessin n'est pas la forme, mais la manière de voir la forme."
"C'est très bien de copier ce que l'on voit ; c'est beaucoup mieux de dessiner ce que l'on ne voit plus que dans sa mémoire."

Renoir: "Ce dessin m'a pris cinq minutes, mais j'ai mis soixante ans pour y arriver."

Ingres: "La photographie, c'est mieux qu'un dessin, mais il ne faut pas le dire."

Manet: "Qui donc a dit que le dessin est l'écriture de la forme ? La vérité est que l'art doit être l'écriture de la vie."

Baudelaire: "Le dessin est une lutte entre la nature et l'artiste. Il ne s'agit pas pour lui de copier, mais d'interpréter."

Delacroix: "si vous nêtes pas assez habile pour faire le croquis d’un homme qui se jette par la fenêtre, pendant le temps qu’il met à tomber du quatrième étage sur le sol, vous ne pourrez jamais produire de grandes machines. "

Tout cela pour dire que pour moi, l'opposition "ligne-couleur" est un faux problème.
TOUS les grands artistes sont de bons dessinateurs. Je pense que c'est la base, comme le dit Degas dans sa seconde citation... En effet quand on possède la ligne à force de dessins et de dessins (soixante ans celui Renoir!), on peut faire ce que l'on veut. Qui aurait l'idée de courrir avant de savoir marcher?
L'éducation de l'oeil à la couleur est aussi primordiale, certains artistes l'on eu spontanément, le plus célèbres étant certainement Delacroix. Mais je vous assure, on peut éduquer son oeil à voir le ombres colorées, les couleurs rabattues, les gris colorés, etc. Et quand il l'est, on ne peut plus revenir en arrière!
La difficulté de la couleur réside dans deux faits:
1) Il n'existe pas de noir et de blanc absolus dans la nature.
2) Notre esprit a enrgistré une couleur donnée pour chaque objet, qui peut être très éronnée parfois. Exemple: je vous demande la couleur d'un cochon. Rose, me dites-vous? Et bien, un cochon, dans son auge sera plutôt gris, beige, ect. Toute une série de couleurs rabbattues, y compris un rose "sale"...

D'un autre côté, le manque de dessin est un peu ce que je reproche dans l'enseignement actuel des arts. Je sais bien qu'il peut être considéré comme abusif au XIXè siècle à l'Académie, mais à mon avis, c'est une base INDISPANSABLE. Un peu comme les gammes pour le musicien...

euh, il me semble que les peintres du XVIe siècle excellaient tout autant dans le dessin... Les académies sont d'ailleurs nées à cette époque, et le dessin était considéré comme le moyen de réunir les trois arts du dessin justement (peinture, sculpture et architecture) que ce devait de maîtriser l'artiste parfait, incarné par Michel-Ange qui créa des chefs-d'oeuvres dans ces trois domaines...

c également à cette époque que l'on commence ponctuellement à s'intéresser au dessin en lui-même, pour ses qualités propres et en tant qu'art autonome... Mais il est vrai que cette fascination pour le dessin ce développe surtout au XVIIIe siècle.

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"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)

On voit dans ce tableau d'Ingre que son dessin de base reproduit la réalité en la modifiant quand-même un peu, discrêtement. Ce n'est pas le dessin qu'il aurait obtenu en essayant de recopier une photo le mieux possible. Alors c'est quoi le bon dessinateur ? Celui qui trouve le meilleur compromis entre la réalité et ce qu'il trouve beau ? Ou alors celui qui obéit à la réalité ? (dans ce dernier cas, on a plus besoin de dessinateur, on tire une photo et puis on la peint)