Deux questions sur l'annotation de livres:

1- Pourquoi annote-t-on un livre ? (pour ma part, je ne le fais jamais, sauf parfois en page de garde, liste des personnages, chronologie, ou carte ).
- pour fixer une idée dans son esprit (comme un étudiant prend des notes en cours, notes qu'il ne relira jamais, pour certains) ?
- pour retrouver rapidement des passages ?
- pour laisser des traces de son propre passage dans l'histoire (l'Histoire), traces destinées à un futur lecteur, comme une bouteille à la mer ?
- lors de mes nombreux voyages en train, je vois des lecteurs annoter leurs livres, et je me suis demandé s'ils n'étaient pas en train de jouer un rôle "d'intellectuel travaillant" (au sens théâtre) par rapport aux gens qui les regardaient lire ?
- pour ?

2- Retour à l'histoire: connait-on des annotations célèbres, peut-être ayant eu plus de répercussion que l'oeuvre annotée, en tout cas validant une des hypothèses ci-dessus ?

_________________
"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Personnellement, il m'arrivait d'annoter des livres pour des raisons "utilitaires" (relevé de phrases importantes, précisions...) lors de travaux scolaires puis universitaires, voire pour marquer ma surprise, mon mécontentement ou mon enthousiasme!
J'aime bien trouver dans les brocantes des livres annotés, je trouve que celà les "humanise"; j'ai ainsi récupéré un ouvrage de Brissaud sur "Sigmaringen" copieusement annoté par un ancien doriotiste, ex de la LVF, qui revit ses combats (douteux!) au fil des pages...

_________________
"On ne construit rien dans le désordre et dans la haine" (La Rocque)

Personnellement, c'est plutôt pour fixer une idée dans mon esprit, mais je ne le fais plus (à présent, je prends les notes à côté, sur un bloc, et j'écris aussi mes "commentaires" avant d'aller préciser le tout dans un document sur l'ordinateur).


Cela dit, comme Nicolasb, j'aime bien trouver, chez des bouquinistes, des livres annotés (je ne peux pas m'empêcher de penser "j'aurais souligné ce passage, pas celui-ci...").

_________________
« Suffering also has its worth. Through sorrow, pride is driven out, and pity felt for those who wander in samsara; Evil is avoided, goodness seems delightful. »

Shantideva

Pour ma part, en lisant les classiques de la littérature française, j'avais beaucoup de plaisir à lire les livres de poche de ma mère, qui lui servent de support pour ses cours (professeur de lettres) : elle y a fixé des remarques de tous ordres _ stylistique, références à d'autres ouvrages, etc..._ et j'ai vraiment lu différemment ces livres-là. J'y voyais le point de départ de sa réflexion, et des pistes ouvertes pour moi
Sinon, j'ai peu annoté pendant mes études, pour préparer mes fiches, j'ai surtout souligné, et posé mes remarque à part.
A présent, j'annote si le livre en vaut la peine et s'il soulève des questions que j'ai envie de creuser. Souvent, c'est pour renvoyer à d'autres textes et d'autres auteurs, ou à mes propres convictions. Comme pour ma mère, ce n'est qu'un point de départ. Je le fais seulement pour les livres dont je sais que je les relirai plus tard, parce qu'une première lecture ne m'aura pas permis d'en cerner tous les aspects.

_________________
Ne parlez jamais sèchement à un Numide.

Citation de Dédé : Une des phrases les plus célèbres des Essais de Montaigne ("Parce que c'était lui, parce que c'était moi") a été ajoutée à la main par l'auteur dans les marges d'un exemplaire imprimé destiné à une nouvelle édition...

_________________
"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

Annoter un livre (à condition qu'on en soit propriétaire) ne me semble pas un moyen très rationnel d'étude. En effet il faut tourner X fois les pages pour essayer de retrouver ce que l'on recherche. Un méthode plus efficace, que j'ai découverte au contact de vieux universitares, consiste , en fin d'ouvrage de noter ce que l'on juge intéressant en mettant le numéro de la page
Quant à annoter des livres qui ne sont pas à soi(prêtés ou empruntés en bibliothèque) relèvent d'un manque de savoir-vivre insigne.

_________________
" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Simplement pour s'y retrouver plus facilement. De beaux passages aussi, surtout dans les romans, que je viens relire souvent, une phrase de-ci de-là... Méthode à but utilitaire donc en ce qui me concerne, et seulement quand le livre en vaut la peine (c'est-à-dire qu'au moins une phrase m'a frappé) : je souligne ou je mets une barre (et pour retrouver tout de suite la page, je corne : plus il y a de pages cornées, plus il y a de choses qui valent la peine d'être relues !).

_________________
"L'insécurité, voilà ce qui fait penser."
Albert Camus

Le moraliste Joseph Joubert (1754-1824), auteur de Pensées subtiles et judicieuses publiées partiellement après sa mort par son ami Chateaubriand, arrachait toutes les pages inutiles dans les livres de sa bibliothèque : les couvertures ne conservaient ensuite que les quelques pages jugées dignes de survivre! Méthode radicale qui devrait faire méditer les écrivains trop prolixes...

_________________
"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

Moi c'est plus parce que sur le moment je n'ai pas besoin de la phrase que je viens de lire, parce que je ne travaille pas sur ce sujet à ce moment là. Le jour où j'en aurai besoin: je retrouverai directement ce que je cherche sans avoir à tout relire. Mais pour ma part, j'utilise surtout des marques-pages adhésifs ou d'une croix au crayon à papier. Je suis super maniaque avec les livres !
Il m'est aussi arrivée de découvrir, en lisant, une phrase très belle, réutilisable à souhait !!! Du coup, je la note, et si j'ai besoin de la ressortir pour illustrer une idée (même si ça n'a rien à voir avec le sujet), je la retrouve facilement !

Personnellement je n'ai jamais annoté un livre, je n'aime pas cela. Je préfère prendre une feuille et noter ce qui m'intéresse. Une fois que je ai écrit une fois une idée je l'oublie rarement. Quand je n'ai pas le temps j'utilise des marques pages.

Je crois en fait que c'est mon coté maniaque qui rejaillit sur mes bouquins. De même, que je ne l'ai prêtes que si je suis absolument sûr que la personne en prendra soin.

_________________
le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder (Oscar Wilde)

J'annote sytématiquement et énormement les ouvrages que je lis. Et je reprends ensuite ces notes dans des fiches. J'avoue en avoir perdu le gout de lire pour lire -et donc le goût de la littérature par exemple- et avoir développé une lecture effroyablement utilitaire.

Il y a les célèbres annotations de Lénine au De la Guerre de Clausewitz, réunies en un ouvrage qui est devenu à son tour un classique de la théorie politique.

Personnellement je suis partagé : si le livre m'appartient et que c'est un livre type livre universitaire, je peux faire des annotations, mais ce n'est pas sytématique. j'aurais vraiment des scrupules si le livre ne m'appartenait pas, par ex livre emprunté à la Bibliothèque, même si j'ai pu dans mon cursus universitaire faire quelques petits tirets en marge d'un paragraphe à la première lecture pour bien noter que cette phrase ou passage est important... Si le livre m'appartient et que ce n'est pas un livre d'une valeur que j'estime trop importante, je peux être amené à faire des annotations de tous ordre, du point d'interrogation quand je ne saisis pas ce que veux dire l'auteur, à la véritable annotation, qui peut-être une réflexion, un renvoi à un autre auteur, etc...je parle essentiellement ici de livres d'histoire et évidemment pas d'éditions d'avant 1900

Chargé (ou surchargé) d'annotations de tous ordres (points d'interrogation, d'exclamation, de suspension, astérisques, "cf.", etc.), un livre finit par en dire presque plus sur le lecteur responsable des annotations que sur l'auteur du texte lui-même : d'où ma réticence à prêter un exemplaire annoté au premier venu... (je préfère, pour les ouvrages que j'ai beaucoup appréciés, m'en procurer un second exemplaire "vierge" destiné au prêt, ou en acheter des exemplaires à offrir).
En une dizaine d'années d'université, je n'ai consulté un ouvrage à la bibliothèque universitaire qu'une seule fois, pendant quelques minutes... avant d'aller m'en acheter un exemplaire personnel en librairie (il s'agissait de Bach, le musicien-poète d'Albert Schweitzer... qui n'avait aucun rapport avec mes études en cours!).
Cette pratique, (onéreuse pécuniairement parlant), permet de se constituer au fils des années une bibliothèque cohérente et fortement personnalisée.

_________________
"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

Mais je ne comprends pas l'usage ultérieur des annotations : si c'est destiné à vous-même, il s'agira alors d'une deuxième lecture du livre ? Si c'est pour retrouver un passage, il faudra feuilleter ? Je ne comprends pas le coté pratique.
A la limite, je comprends mieux une annotation destinée à un autre lecteur.

_________________
"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Il est bon d'annoter un livre qui n'a pas de chapitre, cela permet de s'y retrouver. C'est le cas par exemple des vieux mémoires. J'ai un extrait du journal de Pierre L'Estoile (édition de 1943), j'ai donné à chaque paragraphe un titre pour aiser la relecture et retrouver un passage intéressant.