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Message Publié : 10 Nov 2013 19:53 
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Inscription : 09 Avr 2003 12:43
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Localisation : Nantes
Malaparte, souvent conseillé quand j'étais au lycée, j'ai pas accroché, trop glauque, un peu nauséeux. Peut-être que je devrais retenter.

Que Sartre ne soit plus lu ne m'étonne pas. Je l'ai toujours trouvé très surfait, trop prétentieux, trop germanopratin. Il paie a posteriori, sa tyrannie sur les lettres et la philosophie française. Camus, que Sartre a très injustement dénigré, lui, a survécu et c'est bien normal, son œuvre est bien plus riche et beaucoup plus universelle. Mais pourquoi s'obstine-t-on a le faire lire au lycée, alors qu'il faut un minimum d'expérience pour le bien apprécier ?

C'est la lecture des Centurions de Lartéguy et les mémoires d'Hélie de Saint-Marc qui m'ont réellement faire comprendre la complexité des engagements lors du putsch. Lartéguy, comme Kessel, ont eu des existences digne de leurs romans.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron


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Message Publié : 12 Nov 2013 16:17 
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Tite-Live
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Inscription : 25 Juin 2012 15:20
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Entre le 10 et le 23 septembre 2013 , sous les yeux des astronomes étonnés et dubitatifs , le petit astéroïde P/2013 P5 s’est tout bonnement transformé en une comète bizarre :une comète à 6 queues !
Explication probable : sa rotation s’est accélérée et il éjecte de la matière depuis sa surface .

Personnellement le phénomène ne m’a absolument pas surpris … vu qu’il est parfaitement décrit dans le chapitre XIV d'un ouvrage que je lis et relis au moins une fois l’an depuis plusieurs dizaines d’années !

Il s’agit bel et bien de la cinquième planète , celle de l’allumeur de réverbère !!!

D’ailleurs je vous fais juge en mettant le lien de l’extrait :
http://home.pacific.net.hk/~rebylee/tex ... hap14.html


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Message Publié : 13 Nov 2013 11:06 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Localisation : Centre
Citer :
Que Sartre ne soit plus lu ne m'étonne pas. Je l'ai toujours trouvé très surfait, trop prétentieux, trop germanopratin. Il paie a posteriori, sa tyrannie sur les lettres et la philosophie française. Camus, que Sartre a très injustement dénigré, lui, a survécu et c'est bien normal, son œuvre est bien plus riche et beaucoup plus universelle.


Aussi, ce n'est pas un très bon romancier, trop sèchement intellectuel pour ça, ses romans sont en carton, sans vie.
Les romans d'Aragon, pour ceux qui ont encore la curiosité d'y mettre le nez, tiennent mieux la route; la description de la bourgeoisie de province est bien vue, les personnages ont de l'épaisseur, le lecteur peut encore adhérer, tandis que les cas de conscience politico-germano-pratins des héros de Sartre ont perdu tout intérêt.


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Message Publié : 13 Nov 2013 13:23 
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Tite-Live
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Inscription : 25 Juin 2012 15:20
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C’est sûr que la présence d’un gros objet perturbe beaucoup son voisinage.
Voici ce écrivait dans ses mémoires en 1920 le poète F.Fabié sur Victor Hugo :

« …Bourles m'apprit l'existence de «Hernani», de «Marion Delorme», du «Roi s'amuse», de «Ruy Blas», etc. Je me promis bien d'acheter toutes ces merveilles dès que j'en aurais les moyens et en trouverais l'occasion.

Hugo ne devait jamais être mon homme ; mais il me surprenait, m'enlevait parfois, me stupéfiait souvent, me décourageait par ses splendeurs et ses coups d'aile... Mon sentiment sur son oeuvre n'a pas tellement changé depuis. Plus tard, ayant reçu de lui une belle lettre (qui n'avait pas, entre 1870 et 1880, sa lettre de Victor Hugo ?) je ne m'en autorisai jamais pour approcher celui que les thuriféraires appelaient le Père et que pour un peu, ils eussent nommé le Dieu. Léon Cladèl et plusieurs autres m'offrirent vainement de me présenter à l'idole : je ne pus m'y résoudre. J'assistai, en revanche, à ses théâtrales obsèques où je représentais... les poètes du Rouergue !...»


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Message Publié : 22 Jan 2014 7:46 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
J'avais lu "Jane Eyre" quand j'étais puceau. Je l'ai relu cette semaine, je l'ai toujours trouvé aussi bien.
Hymne à la pureté d'une âme qui a souffert, on peut trouver ça vieilli, mais ça parle d'un monde à une époque.
Tiens, ce soir, je vais essayer de retrouver "Les hauts de hurlevent". De mémoire, même ambiance, ça ne rigolait pas tous les jours chez les sœurs Brontë

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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Message Publié : 22 Jan 2014 12:41 
Je découvre ce fil. Sur ce qui la mode qui se démode ou pas, je trouve qu'il y a d'intéressantes réflexions à mener. Pagnol parle, notamment dans sa Trilogie, d'une époque "révolue", et pourtant il ne semble pas près de rejoindre aux oubliettes Sartre (qui pouvait sembler plus "intemporel" en son... temps). Et d'ailleurs Pagnol arrive à être anachronique en son temps, si je puis dire. César est supposé se passer vingt ans après Fanny, supposé se passer dans les années 1930. Donc il a dû y avoir la DGM entre les deux, et on ne s'en rend pas compte. D'une manière générale, on ne comprendrait pas aujourd'hui qu'une fille, parce qu'elle se trouve enceinte de quelqu'un qui est parti sans qu'on puisse le joindre, soit contrainte d'épouser d'urgence un homme qu'elle n'aime pas vraiment, et bien d'autres décalages de cet ordre. Et pourtant, ça marche toujours du tonnerre !

Au passage, je me souviens d'avoir lu dans les années 1970 un roman de SF de Silverberg écrit vers 1960, supposé se passer vers 2050... et je trouvais déjà les costumes et styles de rapports humains surannés. Mais c'est peut-être plus important, en SF (j'en lis peu), de pouvoir se raccrocher à du concret pour pouvoir s'"identifier".


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Message Publié : 02 Fév 2014 12:47 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 13 Mars 2010 20:44
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Est-il ici ?
serait-il là ?
Chauvelin tremble dès qu'il bouge…
Satan lui-même le créa :
l'insaisissable Mouron Rouge !
Sur 14, Louis Dumur, un peu désuet quand même.
Sinon, je lis plutôt des monographies familiales, à petits tirages.

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 02 Fév 2014 16:09 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Localisation : Armorique
Dédé a écrit :
J'avais lu "Jane Eyre" quand j'étais puceau. Je l'ai relu cette semaine, je l'ai toujours trouvé aussi bien.

Vous n'avez pas dû tout comprendre...
Il faut être "puceau" pour lire les Brontë ? On comprend mieux avant ou après ? Et quel personnage concernant Jane Eyre ? "Bien" est un qualificatif littéraire pour vous. Dans ce cas, j'ai trouvé que Montesquieu, c'était pas mal.

Citer :
Hymne à la pureté d'une âme qui a souffert, on peut trouver ça vieilli, mais ça parle d'un monde à une époque.

Vous avez dû avoir un très mauvais prof de littérature anglaise ou pire un mauvais prof de français qui a voulu voulu expliquer la littérature anglaise. :rool:

Citer :
Tiens, ce soir, je vais essayer de retrouver "Les hauts de hurlevent". De mémoire, même ambiance, ça ne rigolait pas tous les jours chez les sœurs Brontë

Là encore une totale méconnaissance et des lieux communs éculés. Ce livre est toujours au programme outre manche pour expliquer le cloisonnement social...
Vous avez manifestement une vue un peu étriquée de la littérature anglaise, j'imagine le pire pour la poésie (E. B. Browning doit s'en prendre plein la tête).
En général, une oeuvre perd à la traduction. Là, manifestement... Un plus aussi connaître la biographie des auteurs, ceci évite les lieux communs. Avoir fait des comparaisons entre les oeuvres comme les romans (Charlotte/Emily) ou les poèmes (Anne, Branwell).
Evitez "Wuthering Heights", vous ne saisirez pas le panel de sentiments, de passions, la plume, le contexte : bref, le bouquin. C'est vraiment dommage pour certaines oeuvres... Mieux vaut les laisser dormir...
Comment peut-on classer ce livre dans les livres "que plus personne ne lit"... Ahurissant ! Ou alors rajouter "en France" et là oui, évidemment et c'est une chance pour le bouquin.

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 02 Fév 2014 16:38 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
@ Gaete59, j'ai du mal à comprendre votre emportement. Dédé raconte ses souvenirs de lecture et son ressenti et vous vous emballez en parlant littérature et prof de littérature. On ne peut pas lire un livre juste pour ce qu'il est et pas pour ce qu'il représente en littérature ?

Vous devriez essayer de retrouver votre pureté/naïveté d'avant d'avoir été initiée à la littérature par vos professeurs.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 02 Fév 2014 18:22 
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Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
Merci infiniment, Narduccio.
Pas merci, gate59.
Parce que je n'ai pas fait d'études littéraires, je ne devrais pas avoir d'avis.
Parce que je suis ingénieur, je devais me contenter de vous expliquer le système vis-écrou. Soit. Je parie que vous êtes aussi ignare en système vis-écrou que moi en littérature.
Alors les sœurs Brontë que j’avais lues quand j'étais puceau (je croyais que vous auriez compris que c'était une figure de style, pour un féru de littérature ce n'est pas très malin de le prendre au premier degré. D'ailleurs, je le suis peut-être encore, qui sait), Les Hauts de Hurlevent que j'ai relu cette semaine, à presque 60 ans (semaine prochaine) j'y vois, finalement, un univers très déprimant, un lieu clos qui, me semble-t-il, correspond a celui où vivait Emily, mais c'est sans doute un lieu commun, vous allez me dire.
Mais quel "cloisonnement social" quand toute l'histoire parle d'une seule famille (enfin, deux entrecroisées plusieurs fois). Je ne comprends pas.

Pour finir, j'ai pas mal discuté sur Passion Histoire. Je m'attendais à me faire "allumer" partout, sauf sur ce sujet. Pas grave.
Dédé.

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Message Publié : 02 Fév 2014 18:33 
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Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
Et maintenant, je vais cesser le second degré.
Le message du "spécialiste en littérature" au "lecteur ignare et sentimental" me rappelle une histoire vécue.
C'était au théâtre, "Les présidentes", de Werner Schwab. Comme nous sommes ignare (nous deux), nous avons vu cette pièce sans avoir lu la "notice", sans savoir qui était l'auteur, sans savoir son intention. Il nous semblait que l’œuvre devrait se suffire à elle-même.
Nous l'avons vu dans une mise en scène où les 3 femmes étaient assises sur des toilettes, et à la fin elles étaient en apnée dans la fosse sceptique. Dans un théâtre qui se veut moderne, donc (?) à la fin on était invités à discuter avec les acteurs, et la directrice du théâtre. Ma compagne a dit (a osé dire) que c'était une pièce de merde. Moi j'ai fermé ma ... bouche. La directrice s'est lancée dans une grande tirade, comme quoi quand on ne connaissait rien on n'allait pas au théâtre, comme quoi elle avait proposé le livre avec le programme, comme quoi on aurait du le lire avant de venir. Cette dame, j'ai alors ouvert ma ... bouche pour lui dire mon mépris.
Ici, je n'ouvrirai pas ma gueule, comme on est dans un lieu policé, on ne méprise personne.

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Message Publié : 02 Fév 2014 19:57 
Dédé a écrit :
dans la fosse sceptique.
Fausse(ment) septique ? lol
Désolé, c'était irrésistible dans le contexte... :oops:


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Message Publié : 02 Fév 2014 22:47 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Narduccio a écrit :
@ Gaete59, j'ai du mal à comprendre votre emportement.

J'entends tout à fait. Vous savez très bien que ce n'est pas le fait de donner une opinion mais la forme. L'auriez-vous exprimé ainsi ? J'en doute fort. ;) Et ceci quel que soit le "degré".
Le sujet principal est tout de même l'histoire de la littérature. Revenons à la définition du mot "littérature". D'autres intervenants ont cité des livres, personne avec cette sorte d'argument. Imaginez un post : "... J'ai dû lire ceci lorsque j'étais encore pucelle..." . :rool: Ceci vous pose une personne et le reste. Pour la poésie, c'est raté. Pour les oeuvres romantiques, c'est raté aussi. Pour Pascal, Montaigne etc. J'ai comme un doute... B) Je peux donc avoir une opinion et me dire :
Voici un style de "plus" dans d'argumentation qui semble tenir la route
J'emploie ce style de "plus" en argumentation
Mon argumentation tient forcément la route avec ce "plus"... %1 Vous voyez le résultat.
Je vois que le fil s'enrichit. Et c'est du lourd. C'est chouette la littérature, ne nous étonnons pas que la jeune génération adore.
Le premier a avoir intégré le style "cru" est Louis-Ferdinand Destouches dans ses descriptions donc le XXème. Ah oui, on le connait mieux sous son pseudo : c'est Céline. Un peu nauséeux parfois.

Citer :
Vous devriez essayer de retrouver votre pureté/naïveté d'avant d'avoir été initiée à la littérature par vos professeurs.

La pureté et la naïveté ? Il faut changer de lecture. Surtout pas "Les Hauts de Hurlevent". Il faut s'être un peu débarrassée du carcan pour comprendre, justement. Cathy était tout sauf naïve et pure. Naïve oui, pour cette vaine tocade pour Edgar mais pure j'ai comme un doute. A moins que vous n'entendiez ces mots de manière biblique. Si la passion était pure et naïve, ceci se saurait.

----- @ Dédé -----

Pour être compris, ces deux livres et surtout celui d'Emily Brontë demandent à être lu en étant remis dans leur contexte. Pour les remettre dans le contexte, il faut connaître la période -de la narration-, le XIXème anglais. Maintenant, on peut lire ceci comme des romans "Arlequin" mais c'est se donner beaucoup de mal vu l'interpénétration des deux familles, la notion du temps, l'évolution des personnages etc. Il faut donc savoir ce que peut être la notion de passion, haine, culpabilité et autres... sur une vingtaine d'année et avec l'évolution des faits, de l'entourage (c'est connu que la narration est celle de Lockwood, de Joseph, d'Hélen -Nelly-). Nous avons donc déjà trois personnages de milieux très différents. Leur approche des personnages-clé sera donc très différente d'autant que Lockwood arrive à la fin. Alors oui je pense qu'il faut avoir un peu d'expérience pour comprendre cette histoire. En 1988, le livre était au programme d'anglais en terminale littéraire. En philo, je crois que l'on avait traité du désir et autres choses pures et naïves. Maintenant on peut y voir une gentille histoire d'amour dans les landes anglaises (pas même un quart du livre).
Chacun sait la place des femmes dans la société de cette époque : on passe de l'autorité du père à celle de l'époux. Mais là, il peut y avoir -de par l'ouverture d'esprit de Mr Earnshaw-, un choix (le roman se situe au XVIIIème).
Une famille dans la middle class. La seule chance pour une jeune fille : faire un beau mariage ou au pire une union dans son milieu. Heathcliff a atteint cette middle class grâce à son protecteur. Il a été élevé comme les enfants Earnshaw et il perd ce "privilège" le jour où il perd son protecteur. Le fils va le ravaler au rang du dernier des domestiques. Les enfants ont grandi mais désormais nul espoir d'union car comme le comprend Cathy dont le frère doit donner l'aval : "... épouser Heathcliff serait me rabaisser. Si mon frère n'avait pas traité Heathcliff ainsi, tout aurait été possible..."
Il y a aussi cet attachement viscéral au lieu : "En quittant Hurlevent Cathy tourna le dos à tout ce qui avait fait son enfance...". Lorsqu'Heathcliff reviendra, , il rachètera Hurlevent à Linton Earnshaw, frère de Cathy, criblé de dettes. La fortune a changé, tout pourrait encore être possible, c'est sans compter avec la société du moment ainsi que l'exprime Edgar : "Oui Cathy, je le recevrai car je sais qu'il est cher à votre coeur mais de grâce reprenez-vous devant la maisonnée, ne nous ridiculisez pas et songez qu'Heathcliff reste un domestique en fuite..." - Aucun espoir n'est permis. Un choix peut être fait, un choix à la "Anna Karenine" mais ceci se passe au XIXème et ce n'est que l'exaltation des sens qui d'ailleurs va se perdre dans l'ennui. Le seul but d'Heathcliff -après le décès de Cathy- est d'abattre cette maison. Il y parviendra par tractations et héritages. Etrangement, il tient sa vengeance et soudain, il abandonne : errance, recherche de rédemption ? Il n'y survivra pas. La haine fait vivre bien plus que l'amour. En perdant son but, Heathcliff perd la vie. Ceci aussi il fallait le démontrer à cette époque donc le sentir, en avoir la perception. Comment une jeune femme a pu décrire un panel de pulsions de manière aussi subtile, aussi intense, aussi transgressive. Elle décrit les sentiments tant du côté masculin que féminin. Un esprit cartésien ne peut comprendre ceci. Il comprendra le contexte, tout ce qui tient de l'analyse donc ce qui est connu, su, vu et revu. Les structures sociales seront déduites mais ceci est déjà donné dans le premier tiers du livre par Cathy : "... Nelly, je suis Heathcliff, il est ma vie, il est mon âme. Qui peut vivre sans sa vie ? Qui peut vivre sans son âme ?". Voici aussi la grande question : jusqu'où peut-on aller par passion quelle qu'elle soit ? Et là encore au XIXème, il fallait drôlement avoir analysé la question. Un moment on a cru que Branwell (le plus doué) était l'auteur. Ceci ne se peut. Ce serait basé sur un fait divers survenu à Halifax alors qu'Emily enseignait. A noter cependant la récurrence chez les deux soeurs des profils d'homme avec les mêmes qualificatifs :
le teint brouillé (c'est pas classe pour l'époque), un mauvaise mise, taiseux, taciturne, solitaire, une violence rentrée, petit, rablé, le regard est très important, la gestuelle, tout ce qui est réprimé, la récurrence de la transgression et on ne sait plus qui est l'initiateur etc.
Cette trame sera reprise dans maints romans jamais égalés et très réducteurs. Les personnages sont grossiers, comptables et l'on peut deviner la fin. C'est ce qui fait la différence entre le normal et la passion. Qui peut dire comment va se terminer une histoire passionnelle ? La raison est hors, les pulsions ont toutes latitudes. Vous le voyez avec le personnage d'Edgar : la raison même, l'ennui bref la mort.
Appréciant le livre et l'adaptation avec Fiennes et Binoche, je n'ai pas compris la subtilité de votre second degré. Ceci dit je sais me débrouiller avec vis et écrous.

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Message Publié : 02 Fév 2014 23:10 
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Grégoire de Tours
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Petite remarque rapide avant d'aller au lit.

Si je suis d'accord avec Gaete59 concernant le ton de Dédé (je trouve sa formule complètement ringarde), je suis assez d'accord avec lui sur le fond.

Notre vécu personnel influence notre compréhension des oeuvres. Je vais prendre deux exemples très simple. J'ai lu Le Petit Prince durant mon enfance, durant mon adolescence et à l'âge adulte. J'ai à chaque fois eu une opinion différente sur ce livre: je me rappelle vaguement l'avoir apprécié durant mon enfance, je n'ai pas vraiment accroché en étant ado (pourquoi nous faire lire cette histoire de gamin?) et j'ai adoré en étant adulte (quelle poésie, quel humanisme!). Même chose pour Astérix: enfant, j'adorais les aventures, les romains qui se font taper dessus. Puis, avec le temps, j'ai commencé à comprendre les jeux de mots, les références culturelles et les clichés, certaines caricatures. Astérix est typiquement la BD qui a plusieurs niveaux de lecture.

Et par conséquent je comprends tout à fait Dédé lorsqu'il constate toujours apprécier une oeuvre après avoir évolué dans sa vie. Nous nous sommes sûrement tous pris à trouver certaines lectures de notre enfance ou de notre jeunesse en général totalement naïves, fleur bleue ou dénuées d'intérêt. Si j'ai bien compris Dédé, il a constaté que, contrairement à ce qu'il pouvait attendre, il a autant apprécié cette relecture, malgré son vécu, les expériences et désillusions qui ont émaillé sa vie. Où est le problème?

Enfin, concernant la compréhension de l'oeuvre. Oui, il faut les remettre dans leur contexte (encore qu'un prof de littérature nous disait qu'à force de trop vouloir remettre les ouvrages dans leur contexte, on retire à l'auteur sa capacité de création, comme s'il était prisonnier du contexte dans lequel il a vécu). Mais il y a une différence fondamentale entre compréhension et appréciation. Je m'excuse mais on a le droit de trouver un livre "bon". Il y a des oeuvres que j'ai lues et que j'ai appréciées, même si j'en ai peut-être tiré une analyse erronée. Et à contrario, j'e n'ai pas du tout aimé certains livres alors que je pense avoir maîtrisé leur contexte, leur conception et assez bien deviné les intentions de l'auteur. Et il y a des livres qui sont considérés comme des chefs-d'oeuvre, et qui le sûrement sont objectivement, mais qui m'ont laissé totalement insensible ou presque. Je reconnais le génie de Baudelaire, mais je n'ai pas du tout aimé Les Fleurs du Mal. (peut-être qu'en relisant maintenant...)

Et d'ailleurs, à partir du moment où un livre est écrit, il "échappe" à l'écrivain et chaque lecteur peut se l'approprier comme il veut. Et je conclurai en prenant l'exemple du Pendule de Foucault d'Umberto Eco. Ce livre (érudit, mais doit-on être un grand philosophe pour l'apprécier?) parle de sociétés secrètes, d'occultisme. Dans sa démarche, l'auteur voulait, entre autre, mettre en évidence certains mécanismes qui font que depuis très longtemps beaucoup pensent qu'il y a des secrets liés aux templiers, qu'il y a des sociétés secrètes qui gouvernent le monde, qu'il y a des secrets qui peuvent être percés et ainsi de suite. Pour ce faire, il a malicieusement réuni des références très nombreuses et variées pour leur donner une sorte de cohérence (cohérence totalement artificielle). Et bien de nombreux lecteurs ont interprété ce livre comme une contribution en faveur de l'occultisme, comme une étude qui faisait véritablement la synthèse de courants et de textes qui conduisent réellement à un phénomène occulte.

Umberto Ecco a constaté que malgré sa tentative de mettre en avant l'irrationalité de ces mouvements occultistes, de nombreuses personnes ont crû que son oeuvre était justement une oeuvre qui entrait dans ce mouvement. Il a simplement reconnu que l'appréhension des livres dépend de chaque personne, et il s'est plutôt amusé du fait.

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Comme disaient les Kennedy, "faut pas se laisser abattre"


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Message Publié : 03 Fév 2014 5:59 
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Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Localisation : village des Pyrénées
Finalement, merci à tous.
Avec ma ringardise, j'aurai au moins provoqué de longues dissertations, que je vais lire ... quand j'aurai fini (non, je ne vous dirai pas ce que je lis, ce n'est pas de la littérature anglaise, et c'est très lu).
Bonne journée.

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