Faget a écrit :
Et vous ? Donnez nous donc les souvenirs que vous en avez gardé ?
A condition que vous l'ayez lu
Mon premier contact avec la princesse de Clèves a été le film qui en a été tiré, je devais avoir une douzaine d'années . Les acteurs étaient Jean Marais qui jouait le rôle du prince de Clèves, la sublime Marina Vlady la princesse et un godelureau qui jouait le duc de Nemours. Je ne comprenais donc pas comment elle pouvait préférer ce jeune blanc bec à son mari, mais j'avais été émerveillée. Le livre, je l'ai lu un peu après. Moi j'étais éprise de noblesse et de nobles sentiments et donc contrairement à Sarkosy je ne l'ai pas du tout trouvé chiant. Mais un livre où les personnages sont tous d'une loyauté et d'une sincérité absolue, où personne ne cherche à utiliser l'autre et à le manipuler et où personne ne cherche de profit dans la relation avec l'autre (il n'y a ni traître, ni méchant) je comprends que cela lui soit passé au dessus de la tête.
Je résume pour ceux qui ne connaîtraient pas. Une princesse mariée tombe follement amoureuse d'un jeune duc et c'est réciproque. Mais la haute idée qu'elle se fait de son devoir et de son rang la conduit à ne pas céder à la passion. Elle va même jusqu'à expliquer franchement le problème à son mari afin qu'il lui permette de quitter le cour et l'aide à se protéger de la tentation. Elle demande aussi au duc de ne pas chercher à la revoir. Le prince est admiratif de la vertu de sa femme, mais ce n'est pas seulement un mari jaloux de son honneur, il est fou d'amour et meurt de savoir qu'elle en aime un autre. Dans le film on la faisait mourir dramatiquement à son tour, mais dans le roman Mme de Lafayette nous dit que sa vie fut assez courte et qu'elle la passa retirée du monde.
C'est vrai que ce n'est pas une histoire de princesse de Disney, là où se plaît le président. Pour aimer, il faut aimer l'histoire et aimer à chercher à comprendre une culture qui n'est pas la notre et des sentiments qui nous sont étranger. Pour aimer il faut aussi aimer le français, Mme de Lafayette écrit dans une langue limpide, très facile à comprendre pour des gens de notre époque, mais superbement construite et équilibrée. On dit que c'est le premier roman psychologique de l'histoire de notre littérature. On peut aussi conseiller aux historiens les mémoires de Mme de Lafayette.
Je suis reconnaissante au président d'avoir bien involontairement remis ce roman à la mode. On 'explique assez facilement que ce soit tout ce qu'il déteste.