Nouveau venu, je me permets de relancer ce sujet, pour le moins confidentiel.
Les échanges d’août dernier nous apprenaient :
- Que trois gros tomes -450à 500 pages- de l’Archipel du Goulag par Soljenitsyne ont été édités (Le Seuil 1974) ;
- Qu’ils portent tous le même titre, source de confusion pour un lecteur même attentif ;
- Que des passionnés d’histoire n’arrivent pas à dépasser le premier tome, survolant les suivants, tant la lecture en est … indigeste ;
(On pourrait ajouter que les illustrations -rares et très sombres- se prêtent difficilement au coloriage).
- Qu’enfin, cette présentation de l’ouvrage -aux allures d’autodafé- n’a semblé, jusqu’à présent, soulever aucune objection.
Je n’ai pas relu depuis des années ces livres et suis, en toute hypothèse, incompétent pour en extraire un résumé ou, a fortiori, une analyse.
De cette lecture ressort avant tout la sensation d’une immersion totale que crée la juxtaposition du récit personnel de l’auteur depuis son arrestation et de la foule de personnages que celui-ci tire du néant, (avec leurs patronymes…indigestes), en édifiant une véritable mémoire collective de l’univers concentrationnaire soviétique, impression confortée par la lecture d’ouvrages publiés postérieurement comme : Les Ténèbres d’Oleg Volkof (Plongée dans les Ténèbres) ou Une Voix dans le Chœur d’Abraham Tertz.
J’ai retenu aussi l’élaboration empirique du Système, depuis les ‘’assassinats à la petite semaine’’ qui caractérisaient la préhistoire du Goulag, lorsque les ennemis de classe étaient incarcérés aux îles Solovki, (atmosphère de ‘’Conciergerie sous la Terreur’’) ; jusqu’à l’invention des techniques d’extermination de masse par le travail forcé mises au point lors du creusement du canal de la Mer Blanche, à la fin des années vingt, qui amena l’élimination physique d’un quart de million d’hommes en un temps record.
Enfin, plus insidieux, le souci constant du régime de justifier cette terreur en façonnant un arsenal juridique élaboré, degré par degré, lors de procès spectacles dont la finalité est de
‘’mouiller ’’ la population, de rendre les citoyens complices plus ou moins consentants de verdicts - qui sont autant d’assassinats légaux - prononcés au nom de ce même peuple.
La mise en évidence de cette installation progressive du totalitarisme constitue, à mes yeux, le point fort de l’ouvrage de Soljenitsyne.
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