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Bref un parcours curieux qui ne révèle pas un antimilitariste farouche (engagé volontaire puis des promotios rapides) et une période combattante très courte - mais probablement traumatisante certes. Cela étant on est bien loin d'un ancien combattant qui aurait fait 4 ans de tranchées et Verdun !...
J'ai plusieurs bios de Céline, je n'ai pas le temps de les vérifier toutes, mais celle de Buin (2009), raconte que:
Céline s'est engagé en octobre 2012, en devançant l'appel, dans le 12ème régiment de cuirassiers (cavalerie lourde donc) stationné à Rambouillet. Bien qu'ayant peur des chevaux au début, il deviendra un cavalier acceptable, selon ses supérieurs.
Il est entouré, d'après ce qu'il raconte, de recrues parlant à peine le Français, paysans de la Bretagne bretonnante, et de sous-offs alcooliques, abrutis ou sadiques, et passe son temps à manipuler du fumier, sur un fond d'ennui profond.
De cette vie de caserne, il tire une mauvaise idée de l'armée française, qu'il voit comme imbue d'elle même, sans (à son avis) les compétences ou l'héroisme justifiant cette haute opinion.
Cependant, lors de la déclaration de guerre, il succombe lui aussi à l'ambiance patriotarde, et part avec assez d'enthousiasme avec le 2ème escadron du régiment de cuirassiers, finalement stationné en Argonne. Il entend le canon mais son escadron n'y est pas engagé dans les combats. En septembre 14, ils avancent sur Verdun--encore relativement tranquille--et parviennent au fort de Troyon, où ont lieu des combats assez durs, le régiment manque d'être encerclé à Saint Mihiel.
Après un re-passage par Torcy, le 12ème cuirassier est envoyé à Armentières, où ont lieu des combats dont les Français sortent vainqueurs, dont les batailles pour le contrôle des ponts de la Lys et de la Deule, jusque vers Comine (Noirceur sur la Lys dans le Voyage).
Vers le 15 octobre, le 12ème cuirassiers entre en Belgique; les affrontements sont violents, et cette fois ci, c'est l'armée française qui recule sur Poelkapelle et Langemark.
Le 27, s'étant porté volontaire pour une mission de liaison sous le feu de l'ennemi, Céline est blessé gravement, à l'épaule et au bras droit (humérus fracturé par une balle)--et non à la tête, comme le prétend la légende littéraire qu'il a lui-même répandue.
Deux jours après, on lui enlève la balle à l'hôpital de Hazebrouk--sans anesthésie, il l'a refusée--mais l'opération lui laissera des suites douloureuses et invalidantes: paralysie des extenseurs de l'avant-bras, hyperesthésie du nerf radial, ankylose du coude. La convalescence de LFC se déroule juqu'au 1er décembre à Hazebrouk, puis il est muté au Val de Grâce. Ses parents et amis qui le visitent à l'hôpital le décrivent comme "hagard, fébrile,agité, quasi-insomniaque, choqué par sa blessure et ce qu'il a vu sur le champ de bataille".
Sa guerre est donc finie, mais il en ressort traumatisé, physiquement diminué (altération du tympan et de l'oreille interne consécutives aux déflagrations et donnant lieu à des céphalées, vertiges, et troubles divers)-- et converti au pacifisme.
C'est au Val de Grâce, le24 novembre, qu'il est décoré de la médaille militaire. Il quitte cet hôpital pour l'hôpital auxiliaire boulevard Raspail, puis pour l'hôpital de Villejuif, où le professeur Gustave Roussy (dépeint sous le nom de Professeur Destombes dans le Voyage) le convainc de subir une opération, qui a lieu, avec des résultats mitigés--ses divers troubles subsistent.
Il est envoyé à l'hôpital de Vanves le 22 février 15,où il restera jusqu'en mars.
Fin mars, il revient à Paris, d'où il partira pour aller en GB.
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Comment dans ces conditions expliquer la virulence antimilitariste qui caractérise son oeuvre? aspirait il à une guerre romantique avec héroïques charges de cavalerie et a-t-il été déçu ?
Beaucoup de combattants de 14/18 sont revenus de la guerre antimilitaristes; le cas de Céline n'arien d'exceptionnel, ses blessures étaient sérieuses puisqu'elles ont nécessité plus de temps d'hospitalisation qu'il n'en a passé au front, et l'écrivain a pu être victime d'un cas relativement bénin de PTSD (syndrome de stress post-traumatique).
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et comment cet antimilitarisme était il apprécié à Vichy ? ou par les milieux collaborateurs que céline fréquentait à Paris?
Céline n'aimait pas Vichy, et on peut supposer qu'il n'en était guère apprécié en retour; son côté énergumène ne pouvait plaire dans ce milieu (apparemment) assez gourmé. Il fréquentait surtout des collaborateurs parisiens, et un peu l'ambassade allemande.