Beaucoup de villes en France ont soit une place, un boulevard, un collège/lycée... Anatole France. Mais qui se souvient aujourd'hui d'Anatole France qui fut à son époque jugé comme l'homme le plus intelligent qui fut (à tel point que l'on s'étonna à sa mort que son cerveau fut si petit !). Je ne suis même pas sûr qu'une de ses oeuvres soit encore étudiée en classe de français. Moi-même j'ai découvert assez tardivement son Les Dieux ont soif, beau roman sur la terreur révolutionnaire. Un tel oubli ne mériterait-il pas d'être réparé (surtout quand on voit l'indigence de la production littéraire francophone contemporaine) ?

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron

Il semble que le "purgatoire" d'Anatole France ait commencé très tôt... En lui succédant le 23 juin 1927 à l'Académie française, Paul Valéry, dans son discours de réception, ne l'a même pas nommé (!), se contentant de dire : "Lui-même n'était possible et guère concevable qu'en France, dont il a pris le nom. Sous ce nom difficile à porter, et qu'il fallait tant d'espoirs pour oser le prendre, il a conquis la faveur de l'univers. Il lui présentait, à la vérité, une France ayant les qualités spécieuses dont l'univers souffrirait qu'elle se contentât ; qui lui plaisent, et qui ne le gênent ni ne l'inquiètent. Le monde ne hait point que nous nous réduisions à une fonction de pur agrément. Il nous supporterait comme un ornement de la terre. Il admet assez généreusement que nous représentions, dans un temps qui manque de grâce, un culte particulier des choses exquises, et que nous fassions figure d'un peuple d'artistes et d'amateurs satisfaits de leur sort, de leur ciel, de leur pays plein de beautés, comme si notre histoire toute récente, tout le sang répandu, toutes les marques de l'énergie la plus soutenue et d'une inébranlable et victorieuse volonté, un consentement général au sacrifice, d'immenses moyens improvisés en pleine tempête, de donnaient pas à cette nation le droit de parler aux puissances les plus avantageuses sur le ton le plus noble, le plus net, et même, le plus raisonnable. Etc."

Lors d'une visite d'un quartier parisien avec un groupe de visiteurs étrangers et alors que j'évoquais, dans une rue commerçante, les anciens marchands de quatre saisons et leur charrettes, une de ces personnes me dit:

" Ce sont eux que l'on appelait les crainquebilles comme dans la nouvelle d'Anatole France ? "...

Je ne me souviens pas d'un "français" qui m'ait fait cette remarque sur nos crainquebilles parisiens !

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Il faut que les ouvriers sachent bien qu'il n'y a pas de remède pour eux que la patience et la résignation.
Casimi Périer

Ma grand-mère qui était arrivée à Paris en 1923, m'a dit un jour quand j'étais petit garçon, qu'il y avait beaucoup d'Arméniens qui ont suivit le cercueil d'Anatole France et que c'était très émouvant. Il a été un très grand arménophile.

Dans la Préface de "L'Arménie, son histoire, sa littérature, son rôle en Orient", Mercure de France, 1897, Anatole France écrivait : "Il convient donc, Mesdames et Messieurs, qu'une assemblée de Français rende à ce peuple, dans sa grande et noble infortune, un solennel hommage. Nous accomplissons ici un devoir sacré. Nous rendons à l'Arménie les honneurs dus, moins encore à ses illustres infortunes, qu'à la constance avec laquelle elle les a supportées. Nous la louons de cet invincible amour qui l'attache à la civilisation des peuples représentés dans cette salle à notre civilisation. Car l'Arménie est unie à nous par les liens de famille et, comme l'a dit un patriote arménien, elle prolonge en Orient le génie latin."

Aujourd'hui grâce à Internet, les Arméniens du monde entier prennent l'importance d'Anatole France dans le Mouvement arménophile (1878-1923). Voici quelques uns de ses discours à ce sujet :

- Rome 1903 : http://www.globalarmenianheritage-adic. ... e_roma.htm

- Paris 1916 : http://www.imprescriptible.fr/documents ... /index.php discours prononcé dans le Grand amphithéatre de la Sorbonne : http://www.globalarmenianheritage-adic. ... 6avril.htm

- Google.Books : http://www.google.com/search?tbs=bks%3A ... ce+Armenia - Google.arménien (si vous avez téléchargé des polices de caractères arméniens) : http://www.google.com/search?hl=hy&sour ... %D5%BD&lr=

Bonne continuation. Adic (France)
#571

Cet hommage à Anatole France sur un site dédié à l'histoire est pleinement mérité. Sa quadrilogie s'appelle L'Histoire contemporaine, rappelons le.. Quelques scènes méritent de figurer dans les anthologies d'histoire. Les manoeuvres des clercs pour obtenir le poste d'évêque en flattant le pouvoir de la IIIe République (L'Anneau d'améthyste) sont particulièrement grinçantes. Autre scène frappante dans le même roman : un vieux couple légitimiste, retiré sur ses terres, désespéré depuis la mort du comte de Chambord, qui est persuadé que l'Espagne va l'emporter en 1898 à Cuba. Ils ont des bateaux magnifiques, avec des noms de saints, qui se glorifient d'avoir combattu les infidèles. Face à eux, les EU représentent une puissance mécanique sans âme. Ils sont évidemment consternés à la lecture du journal et se rendent compte qu'un bateau en bois, même béni par un archevêque, ne peut rien contre un cuirassé en métal. Bref, des moments où l'on sent une appréhension forte de l'histoire. Rappelons qu'Anatole France s'est engagé de tout son poids en faveur de Dreyfus. Il parle de l'Affaire de manière ironique dans l'Île des Pingouins.
Enfin, il s'est intéressé au roman historique. J'ai gardé un bon souvenir de Thaïs qui se passe dans les premiers temps chrétiens en Egypte, même si l'intrigue me semble a priori un peu forcé. En revanche, on sent une documentation très sérieuse sur le gnosticisme chrétien du 5e s.
Inutile de dire que tout cela est écrit avec un style impeccable Bref, je suis heureux de voir que certains n'oublient pas cet auteur !

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"Denken heisst überschreiten" : Penser signifie faire un pas au-delà. Ernst Bloch (1885-1977)

Anatole France est un grand écrivain français, son style est d'un pur clacissisme, magnifique, le lire donne une joie intense tant l'imagerie de l'auteur est toujours imprévue. France brosse des situations qui révèlent une imagination débordante. L'envers de l'histoire comtemporaine se lit d'un seul trait, les 4 tomes. Le lire est comme boire du miel. France aime ses personnages et l'humanité. Ses descriptions des personnes sont incomparables. On ne les oublie pas, M. Bergeret par exemple.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

A l'instar d'Anatole France, Julien GREEN (1900-1998) -- que j'ai eu l'honneur et le plaisir de rencontrer deux fois -- semble traverser un purgatoire... Les éditions de La Pléiade tardent à nous fournir les derniers tomes de ses "oeuvres complètes"...

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"Le doute est le premier pas vers la conviction" (al-Ghazali, mort en 1111).

La rôtisserie de la reine Pédauque est un de mes livres de chevet, parmi les plus beaux romans d'apprentissage écrit.

Ce qui est formidable avec Anatole France aussi c'est son empathie avec de nombreux personnages dont il ne partage absolument pas les convictions. L'anticlericalisme par Anatole France est particulièrement génial, bien éloigné des clichés des bouffeurs de curés.