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Message Publié : 09 Déc 2005 1:25 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 28 Nov 2005 23:03
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Localisation : Galaxie d'Andromède, Système solaire Zeta
Comment explique t-on l'évolution assez glauque de la littérature moderne, avec son cortège d'assassinats, d'histoires sombres à la Zola et à la Céline, Malraux ?
La littérature du 18° siècle (Voltaire) et d'avant (Rabelais) et même d'encore avant (écrivains greco-romains) était dans un style souvent profondément différent, plus d'humour, d'amour, de joie de vivre, que d'histoire de complots, assassinats, escroquerie, meurtres en tout genre.
Il est vrai qu'à l'époque le prix du papier empêchait de publier n'importe quoi.
Le progrès technique n'a pas que des avantages.
Cette littérature un peu célinienne n'aurait-elle pas contribué à créer une culture digne des lamentables évènements du 20° siècle ?
(Il y a du souci à se faire pour le siècle qui vient).
Il est vrai qu'il est plus facile de faire peur que de faire rire.
Mais si vous vous y connaissez mieux en littérature, quel est votre avis sur ce genre d'évolution ?


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Message Publié : 09 Déc 2005 23:03 
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Plutarque
Plutarque
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Inscription : 15 Juil 2005 23:14
Message(s) : 143
Citer :
d'histoire de complots, assassinats, escroquerie, meurtres en tout genre.


Puis je vous rappeller l'essence des tragédies, qu'elles soient antiques ou qu'elles aient été écrites par des Racines et des Corneilles ? :roll:

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"Labor omnis improbus vincit"


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Message Publié : 10 Déc 2005 0:07 
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Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
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Localisation : Outre nulle-part
Romeo a écrit :
Il est vrai qu'il est plus facile de faire peur que de faire rire.


"Mieux vaut de rires que de larmes écrire, puisque le rire est le propre de l'homme".
François Rabelais.


Vlad

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"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"


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Message Publié : 10 Déc 2005 0:12 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 16 Avr 2005 0:09
Message(s) : 1311
Localisation : Outre nulle-part
Romeo a écrit :
Comment explique t-on l'évolution assez glauque de la littérature moderne, avec son cortège d'assassinats, d'histoires sombres à la Zola et à la Céline, Malraux ?


Connaissez-vous "La Bible" ? le premier ouvrage ayant été imprimé dans l'Histoire.... :wink:

Vlad

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"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"


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Message Publié : 19 Déc 2005 10:29 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 14 Nov 2005 12:57
Message(s) : 24
Romeo a écrit :
Comment explique t-on l'évolution assez glauque de la littérature moderne, avec son cortège d'assassinats, d'histoires sombres à la Zola et à la Céline, Malraux ?
La littérature du 18° siècle (Voltaire) et d'avant (Rabelais) et même d'encore avant (écrivains greco-romains) était dans un style souvent profondément différent, plus d'humour, d'amour, de joie de vivre, que d'histoire de complots, assassinats, escroquerie, meurtres en tout genre.
Il est vrai qu'à l'époque le prix du papier empêchait de publier n'importe quoi.
Le progrès technique n'a pas que des avantages.
Cette littérature un peu célinienne n'aurait-elle pas contribué à créer une culture digne des lamentables évènements du 20° siècle ?
(Il y a du souci à se faire pour le siècle qui vient).
Il est vrai qu'il est plus facile de faire peur que de faire rire.
Mais si vous vous y connaissez mieux en littérature, quel est votre avis sur ce genre d'évolution ?


Bonjour,

Il se pourrait que l'oeuvre de Byron, du fait du retentissement particulier qu'elle a pu avoir, ait marqué un tournant. Mais il ne faut pas oublier que la littérature est aussi, pour partie, le reflet de la société qui la voit naître (mais également celui de la vision qu'en ont ou veulent en donner ce qui la diffusent). Si elle influence, elle est aussi influencée en retour.

Voici un autre point de vue, celui d'Ernest Hello, sur l'évolution de la littérature de son siècle. J'ai opéré un certain nombre de coupures. Le texte est disponible en intégralité sur le site de la BNF.

Ernest Hello a écrit :
L'Art et la littérature visaient autrefois l'idéal. Ils pouvaient le viser fort mal; mais ils le visaient toujours. Parcourez le poème lyrique, le poème épique, le poème dramatique, le roman. Vous trouverez partout l'auteur en quête d'un idéal. Les siècles passés, dans leur effort artistique et littéraire, ont aspiré à la poésie. Cette poésie a été tantôt vraie et tantôt fausse. Souvent les écrivains ont pris l'abstrait pour l'idéal et l'emphatique pour le sublime. Souvent, dans leur amour du héros, ils ont oublié l'homme. Dans leur amour de l'élégance, ils ont oublié la simplicité. Souvent, dans leur amour de la distinction, ils ont oublié la réalité. Mais, toujours, quel qu'ait été le succès de leur effort, cet effort a été dirigé vers une conception quelconque de la beauté et de la poésie.
Qu'a fait le dix-neuvième? Il s'est élevé contre cette antique habitude qui tenait à la nature même de l'Art, à sa vie et à son essence. Pour la première fois depuis le commencement du monde, il a osé dire: Le beau, c'est le laid
Et il est allé chercher ses types en dehors de la beauté.
La révolution qui s'est opérée il y a cinquante ans, et qui s'est appelée le romantisme, a brisé les formules qu'on appelait les règles et qui emprisonnaient l'Art; en cela, elle a eu parfaitement raison. Mais elle a brisé la vie même de l'Art, qui est la recherche immortelle du beau, et elle a eu parfaitement tort. Après avoir supprimé les règles arbitraires, elle a supprimé les lois essentielles. Voulant violer les règles, elle a fini par les violer régulièrement, et elle a institué une règle nouvelle, qui est la violation des règles précédentes. Jadis, la littérature n'osait pas appeler les choses par leur nom, dans la crainte que ce nom ne fût pas noble.
(...)
Cependant, le romantisme avait déplacé l'idéal; il ne l'avait pas supprimé. Son idéal était la fantaisie, par laquelle il avait remplacé les anciennes conventions de l'Art.
La fantaisie consiste dans l'absence des lois. Elle est infidèle par essence; le romantisme a été fidèle à l'infidélité qu'il adorait.
La nature est déchue. L'Art doit se servir d'elle pour la relever, pour marcher avec elle, à la conquête du beau.
Le romantisme, oubliant la déchéance, prit la nature pour modèle, au lieu de la prendre pour instrument
Il oublia l'idéal vrai, mais il choisit un autre idéal; il adora son caprice. L'imagination fut son cheval de bataille; et dans l'effort qu'il fit vers la réalité, ce fut sa propre fantaisie qu'il atteignit seulement. Il voulut exprimer la nature; mais la nature, que du rest, il étudiait fort peu, lui glissa entre les mains, et il ne peignit que lui même. L'imagination, qui s'adorait elle-même, remplaça la réalité, comme elle avait remplacé l'idéal.
(...)
Mais ce pauvre grotesque finit par disparaître dans l'étourdissement de son triomphe et au romantisme succéda le naturalisme.
(...)
Victor Hugo, essentiellement poète, était poursuivi, même malgré lui, par l'idéal. Son idéal, c'était son moi. (...)
Zola, essentiellement prosateur, n'est tourmenté par aucune vision. Il ne cherche ni l'idéal, ni lui-même. Il ne peint que ce qu'il regarde.
La beauté, dans la maison de l'Art, est devenue une étrangère. L'Art s'étonne de ne plus entendre parler d'elle.
Dans la conception antique, l'Art levait les yeux.
Dans la conception romantique, l'Art regardait devant lui. (...) Il se contemplait lui-même. Il s'adorait dans sa projection.
(...)
Dans la conception naturaliste, l'Art baissa les yeux.


http://visualiseur.bnf.fr/Document/Cadr ... T=&Y=Image


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Message Publié : 21 Déc 2005 23:20 
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Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 15 Fév 2005 1:19
Message(s) : 354
Localisation : Cherbourg
Et que faites-vous des tragédies antiques du théâtre grec?


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Message Publié : 22 Déc 2005 10:09 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 14 Nov 2005 12:57
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Eh bien nous observons que l'oeuvre d'Euripide marque un recul tragique par rapport à celle d'Eschyle... :)


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Message Publié : 05 Jan 2006 20:47 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 26 Juil 2005 18:43
Message(s) : 467
Il n'y a pas d'évolution "glauque" de la littérature !
De tous temps, les hommes ont pris conscience du mal et du malheur de leur condition !
Les formes de cette prise de conscience ont varié, simplement.
Depuis l'antiquité jusqu'à la Renaissance, on ne pensait qu'en TYPE. Puis peu à peu on a commencé à prendre conscience du concept d'individualité donnant elle même un sens au monde, à son monde. Cela ne veut pas dire qu'aucun individu, auparavant, n'écrivait sa vision du monde, mais l'approche n'était pas formellement individualiste.
Montaigne est à mon avis une étape essentielle dans l'histoire de la littérature : il est le modèle, le pivot d'une conception du monde par soi-même comme individu.
Alors, on va commencer à projeter les horreurs de l'âme dans le monde.
A cela s'ajoute la prise de conscience, par la communication, par la formation d'états plus vastes et mieux organisés, et puis par l'augmentation de la population mondiale, et de ce qui en résulte.
S'il y a une chose que la littérature ne trahit pas, c'est l'esprit du temps : chaque littérature exprime la pensée du siècle.
L'usage du latin a tenté de fixer dans un même espace-temps figé et éternel la pensée produite. Dès qu'on a commencé à écrire en français, l'évolution s'est enclenchée : on a écrit dès lors sur les changements des temps et leurs mauvaises conséquences.

Mais cela est une question immense et sans fin qui mériterait une étude en 20 tomes. Au moins.

J'ajoute enfin qu'il peut y avoir une conception du MAL dans des oeuvres qui ne sont pas apparemment "glauques" et qu'à l'inverse, des oeuvres apparemment glauques ne représentent pas particulièrement le MAL à l'état pur.

Si le problème du MAL vous intéresse, lisez Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, et d'autre auteurs comme Ionesco : Rhinocérospar exemple.

_________________
Celluy est saige, (...) qui ne congnoist ennemy que soy-mesmes et qui tient sa volunté et son propre conseil pour suspect. - Marguerite de Navarre


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