Artigas a écrit :
Deshays Yves-Marie a écrit :
Vous avez mis le doigt sur un obstacle important : la réticence chez la plupart des musulmans à faire le détour objectif par la critique scientifique externe (contextuelle) et interne (textuelle), réticence depuis longtemps dépassée en ce qui concerne le corpus biblique ouvert à toutes les analyses.
Il faut faire attention à ce genre d'affirmation péremptoire...Le Coran n'a cessé d'être étudié, analysé, commenté par des savants religieux musulmans, des hommes de sciences depuis des siècles jusqu'à aujourd'hui via ce que l'on nomme l'
islamologie.
En effet, on a trop tendance à faire comme si les sciences du Coran, les
ousoul al-fiqh, les sciences du Hadith, etc. n'existaient pas. Il y a une mauvaise habitude chez certains islamologues occidentaux : faire comme si tout ce que les musulmans ont pu écrire ou écrivent est de mauvaise foi (à prendre aux deux sens de l'expression!), sans intérêt, ou... l'ignorer tout simplement. Or, un exemple très simple : ce que je lis dans les livres de Blachère sur le Coran, je le retrouve dans la littérature musulmane - qui ne peut être réduit au statut de matériau d'enquête. C'est ce qu'avait bien compris un Jacques Berque, me semble-t-il.
Parce que cette littérature est écrite dans un langage différent du nôtre (davantage que le français, je songe au langage des sciences sociales), il est certes difficile parfois de ne pas avoir l'impression d'apporter la critique dans un monde qui en est dépourvu. C'est un sentiment en grande partie faux et qui a un autre désavantage : empêcher un véritable dialogue de s'instaurer (l'orientalisme est ainsi largement disqualifié chez les musulmans).
Or, il me semble bien que ce dialogue est nécessaire et qu'il s'instaure progressivement depuis un bon moment déjà ; YMD a raison dans ses derniers messages.
Plus que de critique externe, je me demande si ce que les études de l'islam ont besoin, ce n'est pas davantage d'un champ des sciences religieuses plus autonome vis-à-vis des pouvoirs. C'est sans doute ainsi que certaines questions ou certaines méthodes pourraient être davantage mobilisées.
YMD, connaissez-vous les travaux d'Hichem Djait ou d'Abdelmajid Charfi ? l'entreprise de réforme interne de Tariq Ramadan (son dernier livre semble vouloir s'attaquer aux fondements même du fiqh...) ? Pour les deux premiers, vous seriez sûrement étonné de les lire...