Julien G a écrit :
Je voulais savoir ce que cela (la transcendance) signifiait, et quelles religions permettaient la transcendence ?
Le mot est construit comme l'état à partir duquel il n'existe plus aucune ascension possible ni aucune descente possible. La transcendance qualifie ce qui est au-delà de la dualité des contraires, et elle définit en matière religieuse ce qu'on appelle le courant non-dualiste. Toutes les traditions incorporent bien entendu la transcendance.
Toutefois, la transcendance est souvent à tort opposée à l'immanence. En réalité, le non-dualisme n'autorise aucune distinction de ce genre, et l'immanence n'est nullement incompatible avec la transcendance. Aussi, l'immanence est également enseignée dans toutes les traditions.
La meilleure façon aujourd'hui de décrire ces concepts est la représentation du Vide des physiciens, car le Vide de l'espace se trouve à la fois contenu et caché à l'intérieur des corps (même dans la description la plus fine des particules de matière) mais également, ce Vide est aussi le contenant global de tous les corps. Il est donc dans une situation transcendante et immanente, à la fois contenant et contenu, intérieur et extérieur. Et cette condition spéciale n'existe que pour lui, car les corps matérialisés constituent une hiérarchie dans laquelle on peut descendre ou monter, mais le Vide échappe totalement à cette réalité phénoménale.
En mathématique, cela est la même chose ! L'ensemble Vide est contenu dans tous les ensembles objets de description. Lui même n'est pas un objet de description, puisque, l'ensemble vide est vide. Enfin, le zéro est numériquement le non-quantitatif, le non-nombre, mais ce zéro est indispensable à l'arithmétique et à l'algèbre. C'est surtout à travers ses qualités spéciales. Ainsi, le zéro est doté de puissance, et la puissance zéro d'une quantité est toujours le 1. Le Vide produit l'unité. C'est que, bien que vide, il possède la puissance et l'énergie. C'est également ce que les physiciens décrivent en disant que le Vide est bourré d'énergie.
Dans les traditions et notamment, dans les écritures bibliques, Dieu est vide et informe, car sa matérialité est neutre, invisible et sans aucune forme précise et distinctible. Mais il est doté de puissance et il crée l'Etre Unique, c'est-à-dire l'Existence. En tant que Non-Etre, il est transcendant et immanent, et sa position est celle du Zéro.
Julien G a écrit :
Enfin, existe-t-il un rapport entre la transcendence et le fait que la religion s'appuie sur un texte écrit/livre ?
Il existe effectivement un rapport ! Un texte est une forme d'expression, une forme matérielle et elle symbolise un contenu logique issu d'un langage. Il y a donc hiérarchie : hiérarchie des opérateurs logiques (Esprit) et hiérarchie des objets et opérandes (les différents êtres à l'infini), hiérarchie des résultats d'opérations. Cependant, le non-Verbe ou le Silence est dedans tout en étant hors du texte, transcendant et immanent à l'Ecrit.
Alcibiade a écrit :
- un est tout et tout est un
C'est ici une erreur grave de logique qui montre que le monisme n'a pas été au bout du raisonnement. Le Tout est nécessairement au-delà de toutes les dualités et il contient donc tous les possibilités d'existence mais dans un état où chacune s'annule rigoureusement avec sa contraire. C'est pourquoi cet Infini est existentiellement NUL. Aussi, il faudrait dire plutôt "
TOUT est RIEN et RIEN est TOUT". N'est-ce pas Socrate qui affirmait "TOUT ce que je sais, c'est que je ne sais RIEN" ? C'est aussi le sens de la crucifixion, car dans l'anéantissement de l'être, l'être devient l'image du TOUT. Le 1 s'approchant du 0 prend puissance et devient le 10, l'être glorieux. Puis le 10 deviendra le 100, le 1000 et ainsi de suite, jusqu'à manifester le zéro à l'infini.
Alcibiade a écrit :
Le panthéisme veut que Dieu soit en toute chose ("Dieu, c'est-à-dire la nature" dixit Spinoza). Autrement dit, toute chose est essentiellement Dieu. Là encore, il y a unité de l'être (et donc monisme).
Impossible ! Le 1 ne peut pas être transcendant. Il ne peut être qu'immanent ! En effet l'opération +1 ou -1 donne toujours un résultat différent de l'opérande de départ. Ces opérations entraînent donc une hiérarchie ordinale, dont la succession permet de monter ou de descendre l'ordre obtenu, et donc il n'y a pas de transcendance du 1. Par contre le 1 est immanent car les opérations x1 ou /1 ne changent pas l'opérande. A noter que l'immanence du zéro est très spéciale, car le zéro est d'une nature non quantitative, et donc l'opération x0 est une annulation quantitative, et l'opération /0 est impossible. Le zéro est réellement spécial. La nature exprime les qualités essentielles à partir de l'Etre unique et donc du 1, mais le zéro est dépourvu de toute qualité essentielle pouvant être décrite distinctement. Aussi, Dieu a une nature très différente de celle de l'Etre unique. Il est à la fois Unique et Multiple, et c'est pourquoi, dans le texte hébreu, il est noté Elohim, un pluriel et en même temps un singulier.
Alors que l'Etre, noté IHWH, est en mouvement, dynamique et temporel, limité et individuel. Par addition de lui-même, il produit des unités et ces unités font atteindre le multiple. Le 1 est donc à l'origine du multiple, mais dans une logique de séparation et de dualité. Seule la transcendance, permet à l'Etre UN de devenir l'Etre UNique, quand individualité et universalité agissent ensembles, en complémentarité et non plus sous forme d'une compétition du Moi et du Non Moi.
Alors, on obtient l'UNique qui est noté IHWH-Elohim dans le texte, ce qui en hébreu, s'écrivant de droite à gauche, place IHWH à droite d'Elohim (assis à la droite du père). Cela doit rappeler quelques souvenirs à certains. Si Elohim est bien le zéro, et IHWH le un, alors IHWH-Elohim équivaut au 10.