C'est très simple : tous les bâtiments d'église et tout ce qui était dedans lors de la promulgation de la Loi de Séparation de 1905 est devenu
de jure propriété des communes (ou de l'Etat pour les cathédrales) tout en restant
affecté au culte.
Sauf quelques très rares cas de
désaffectation, ils sont donc à la disposition première et entière de l'
affectataire, la communauté chrétienne représentée par son curé (ou par son évêque pour la cathèdrale).
Shinji a écrit :
Et qu'en est-il des reliques ? La Sainte-Couronne par exemple, acquise par Saint-Louis en 1238 et aujourd'hui conservé dans le trésor de la sacristie de Notre-Dame de Paris ? A qui "appartient"-elle, en droit ?
Les reliques et leurs reliquaires sont
des objets mobiliers et entrent donc le cadre ci-dessus.
En ce qui concerne la Sainte-Couronne, tout dépend de savoir si elle était dans le trésor de Notre-Dame de Paris en 1905, ou si elle appartenait au trésor d'une autre église parisienne et a été déposé à Notre-Dame après 1905 par commodité. Dans le premier cas, elle est propriété de l'Etat et l'affectataire en est l'évêque de Paris (puisqu'il s'agit d'une cathédrale), dans le deuxième cas, elle est propriété de la commune de Paris et l'affectataire est le curé de la paroisse où elle se trouvait en 1905.
Dans la pratique, qu'est-ce que ça signifie pour les objets mobiliers ?
- que l'affectataire en est l'usager courant,
- qu'il peut en confier l'usage à qui bon lui semble du moment que c'est pour les besoins du culte ; je crois que c'est ce qui se passe au moins une fois par an pour la Sainte-Couronne qui est confiée à la confrérie des Chevaliers du Saint-Sépulchre pour une célébration solennelle à Saint-Gilles-Saint-Leu,
- qu'il doit en rendre compte (état de conservation, usage réservé au culte, localisation si il a été temporairement confié à un tiers, ...) au légitime propriétaire,
- que le propriétaire, commune ou Etat, doit en contrepartie en assurer l'entretien et la bonne conservation, voire la restauration :
- le reliquaire (or et cristal, si mes souvenirs sont bons pour la Sainte-Couronne),
- et les reliques elles-mêmes dans le cas qui nous intéresse.
Cette législation s'applique, je le rappelle, à l'ensemble des objets mobiliers présents dans les églises en 1905 : les meubles meublants (autels, retables, confessionnaux, mais aussi bancs et chaises, ...), orfévrerie (calices, ciboires, ostensoirs...), paramentique (habits de choeurs, ...), éléments de décor (tableaux, statues, tentures et tapisseries, ...), reliques et reliquaires, ..., etc. La liste est longue !
Là où ça coince sérieusement, c'est pour les objets tombés en obsolescence du fait de la réforme liturgique, notamment tout ce qu'on appelle la paramentique (l'ensemble des vêtements liturgiques).