Bonjour à vous.

J'aimerais prendre connaissance de vos opinions concernant les rapports et la corrélation entre "jansénisme" et "déchristianisation".

Je travaille sur mon mémoire de M2 : "la déchristianisation dans le diocèse de Troyes au XVIIIe siècle". Et à vrai dire, je n'ose pas trop évoquer le rapport entre ces deux phénomènes. Qu'en pensez-vous?

Merci.

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"Il ne faut pas brûler la peau de l'ours avant de l'avoir vendue" (Abdeslam Ouaddou)

Je ne suis pas spécialiste et votre directeur sera de bon conseil mais j'ai plusieurs fois lu que le zèle des curés jansénistes contre la religion populaire avait comme corollaire des poussées violentes de déchristianisation et un fort détachement surtout masculin.
Vous connaissez sûrement cette étude sur le diocèse voisin d'Auxerre :
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _10_4_1579
Elle pose la question du lien assez clairement

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"Denken heisst überschreiten" : Penser signifie faire un pas au-delà. Ernst Bloch (1885-1977)

Le jansénisme a marqué l'histoire par son réseau et sa foi qui a rallié l'élite du temps. C'est un pouvoir qui inquiète la monarchie et l'église. Sa condamnation par la papauté, en tant que doctrine, avec sa théorie de la grâce donnée par Dieu à quelques uns, est un choc. On s'accorde à penser que le jansénisme a détaché de la royauté une partie de l'élite française. A t-il préparé 1789 ? Entre autres causes d'isolement du régime ancien.
Il est possible qu'il ait contribué à la déchristianisation mais comme toutes les remises en cause de la religion officielle. Moins toutefois que le protestantisme qui a une autre ampleur.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Un volume sur la question du jansénisme et de la Révolution était sorti il y a quelques années. Il est certain que parler des jansénismes est plus approprié que de parler du jansénisme. Dans tous les cas dans le lien entre déchristianisation et jansénisme, il faut voir sur le terrain de manière très locale, car l'évolution peut être fort différente selon les diocèses, les évêques, les curés et les bourgs concernés !!! Voyez le comportement des locaux et essayez de comparer avec des diocèses voisins...

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"Il n'y a point de place faible, là où il y a des gens de coeur." Pierre du Terrail

"Qui est le numéro 1 ?
Vous, Numéro 6. " Le Prisonnier

il me semble que le lien entre les deux phénomènes soit assez généralement admis à Paris : les disputes entre ecclesiastiques ont discrédité l'institution et la sévérité du clergé janséniste a pu éloigner certains fidèles qu'une morale plus laxiste aurait pu rassurer...la constance étonnante avec laquelle la monarchie a persécuté les jansénistes a paru injuste et inutile à beaucoup (et pas seulement aux jansénistes) et en particulier à la noblesse de robe au sein de laquelle les Rois des siècles antérieurs avaient trouvé leurs plus fidèles serviteurs.

Cela dit, je n'ai pas le souvenir que les philosophes des Lumières (en particulier Voltaire) aient manifesté beaucoup d'intérêt çà ce sujet - mais je me trompe peut-^tre et m'en remets à vos analyses.

C'est en effet plutot dans la noblesse et le clergé, chez les croyants que le Jansénisme a conquis les esprits jusque vers 1760, avec sa théorie de la grâce qui répondait à l'observation que certaines personnes semblent avantagées, son gallicanisme et dans l'idée que la communauté doit décider et pas l'autorité de ce qui est bien pour le groupe, principe dont on tire le constitutionnalisme et la condamnation du pouvoir absolu à la fois chez les rois que dans l'Eglise. Le primat du jugement moral chez les jansénistes est également destructeur de toute hiérarchie.
La crise des refus de sacrements achèvera de faire perdre à l'Eglise son autorité. Elle suffit à elle seule à la discréditer dans le clergé et dans l'opinion.
A coup sur le Jansénisme est comme le puritanisme en Angleterre, l'une des causes essentielles à long terme de la Révolution comme de la déchristianisatiion.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.