Jusqu'à quand les églises furent-elles peintes ?
A quel moment a-t-on enlevé les peintures qui décoraient les pierres et qui habillaient les statues ?
Est-ce la révolution ?

Chez les Orthodoxes, on n'a pas perdu l'usage. Est-ce que la réforme cistercienne qui recherchait une certaine austérité n'est-elle pas à l'origine de l'abandon de la couleur

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Pendant la révolution, les dégradations ont été des incendies, des coups de pioches ou de marteau, des effacements d'inscription au burin, mais il serait étonnant qu'on ait gratté la peinture d'une sculpture d'un saint, mais sans abîmer le saint lui-même. Donc, il faut trouver d'autres explications.

1. Est-ce que toutes les églises étaient peintes autrefois ?
Autrefois, les maisons étaient décorées, pas seulement les églises. Mais il y avait aussi des maisons sans décorations extérieurs.

2. Est-ce que l'évolution des techniques a joué un rôle ?
Les constructions en bois et torchis nécessitent un enduit de protection. Mais ce n'est pas le cas pour les églises construites avec des pierres ou des briques très résistantes. Peindre sur du plâtre est beaucoup plus facile que de peindre sur de la pierre ou de la brique. Je ne sais pas si la peinture des cathédrales colorées avait été posée directement sur la pierre ou sur un enduit. Je soupçonne qu'il n'y avait pas d'enduit ou juste une couche très fine et donc fragile. Il aurait sans doute fallu repeindre souvent, et on se serait lassé de faire cela.

3. Est-ce que la pierre nue n'est pas belle ?
Il y a eu plusieurs modes au cours des siècles. Je me souviens que dans ma jeunesse, les murs nus étaient considérés comme étant normaux, sains, et beaux. Quand on voit des vieux films, on peut remarquer que les murs sont presque tout le temps d'une couleur uniforme. Puis sont venus les tags, le goût des couleurs pastels, des peintures murales en trompe-l'oeil ou pas, etc. La mode a changé.

Mais ce ne sont que des hypothèses générales. Ce serait bien d'avoir des exemples précis.

Je n'ai pas tous les éléments de réponse sous la main, donc je reviendrai poster en attendant je peux conseiller deux choses qui permettront de satisfaire votre curiosité.
C'est le très bon ouvrage de Jérome BASCHET sur l'iconogrpahie médiévale aux éditions Folio Histoire et si vous avez l'occasion de faire un tour dans le Poitou c'est de visiter l'Abbaye de Saint Savin.
Lors de cette visite vous aurez la possibilité d'enrichir votre culture sur les techniques de peinture ainsi que leur mode de conservation, d'apprendre de nombreuses choses sur la symbolique et les évolutions de l'iconographie religieuse.

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )

Ce qui est terrible avec ce forum, c'est que à chaque fois que je pose une question, j'achète un livre...

Il y a très certainement eu une évolution des goûts ; les monuments étaient régulièrement peints au Moyen Âge qui est un âge de la couleur et en cela Pastoureau ne cesse de le rappeler. Mais l'Antiquité n'était pas en reste ; regardez par exemple la célèbre statue d'Auguste en Marbre qui a retrouvé ses couleurs d'antan par des analyses des pigments qui la recouvraient. Les mentalités modernes romantiques ou néo-classiques ont il me semble eu une admiration bien différente non pas pour la couleur mais bien pour la noblesse hiératique de la pierre brute.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.

Vous n'êtes, très certainement, pas le seul

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )

J'en suis aussi victime... Le dernier grâce aux conseils éclairés de Zunkir. ^^ Ce qui est bien c'est d'avoir justement une orientation moins "froide" vers une bibliographie que si on la trouve à la fin d'un ouvrage et ce qui n'est pas anodin, surtout quand on débute sur sur un thème.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.

Vous parlez de quelle statue Pédro ?

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[...] Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants...
Renaud, Mistral gagnant, 1985.

Je pense que Pédro fait référence à la statue d'Auguste dite de la Prima Porta, exposée aux Musées du Vatican, et qui a été étudiée dans les années 80-90 pour obtenir une idée de son aspect polychromique initial. Une copie peinte, assez criarde, a été réalisée, également contestée par d'autres spécialistes, je crois.

Le résultat sous vos yeux émerveillés :

Oui tout à fait... désolé ; des fois je tombe un peu dans le "prêche de convertis"...

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.

Tout dépend des préférences et des moyens des responsables locaux ^^

Il y eu au XIIe siècle une grand polémique entre chromophiles et chromophobes me semble-t-il par exemple (avant la tendance était plus pour les couleurs), c'est à dire entre ceux pour qui rien n'est trop beau pour la maison de Dieu et qui considèrent que la lumière est un don de Dieu, et ceux qui voient en la lumière de la simple matière, propre à divertir et à détourner le regard des choses spirituelles.

Deuxième fossé entre ces deux visions à l'époque de la réforme (clairement chromophobe) et de la contre-réforme (d'autant plus chromophile), puis vint l'ère moderne qui se veut terne ^^


Il me semble que la peinture était appliquée sur la pierre, assez régulièrement pour ce qui est de l'extérieur de l'édifice suivant les intempéries et les fêtes.
On ne se lasse de faire quelque chose que si on n'y voit plus d'intérêt, hors le goût pour la couleur s'est un peu perdu avec l'ère du noir et blanc pour reprendre une expression de M. Pastoureau.


Pour l'antiquité, les temples grecs étaient bien peints également non ? Sur l'acropole par exemple..

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« Il me paraît essentiel qu'il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis ; ce n'est pas le manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois. »
Voltaire, 1766.

Oui tout à fait ; on a souvent une image distordue de l'Antiquité comme un âge de la noble pureté de la pierre à cause je pense au néo-classique, alors que la couleur et ses codes sont extrêmement présents.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.

Le règne de l'art renaissant, classique puis néo-classique en architecture à l'époque moderne est antinomique avec le gout des couleurs prononcées. Il me semble que c'est un principe de base en histoire de l'art. Face aux cathédrales vieillissantes, délavés, fades, crasseuses et obsolètes, on préférait la pureté du marbre blanc (beaucoup plus propre à mettre en valeur le clinquant des lustres et de l'ameublement dorés ?!).

Je ne sais pas, Mael, s'il faut chercher une période pendant laquelle on a retiré les peintures. Tout s'est passé en douceur dans une lente transition. Il est également possible qu'il y ait eu des résistances à cette mode, en particulier dans les milieux plus populaires.

Mais après, toutes les paroisses n'avaient pas les moyens de mettre de la déco dans leur église...

Dans certaines vieilles églises médiévales on a retrouvé des peintures murales très belles sous des épaisseurs de "petit blanc".....Je me suis posé la question :pourquoi cacher de telles choses qui sont en fait un honneur des humains à la religion......