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Message Publié : 22 Mars 2011 18:13 
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Thucydide
Thucydide
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Obélix a écrit :
yacoub2011 a écrit :
Certains comme Hamza Boubekeur islamise à tour de bras tout le gotha littéraire français

Est-ce que vous pourriez détailler s'il vous plaît ?

lol
C'est dans son livre Traité moderne de théologie islamique.
Rimbaud, Hugo, Loti, Lamartine, Goethe se seraient convertis à l'islam.

_________________
« Les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux, un peuple qui a faim n’a pas besoin d’écouter des versets.
Je le dis avec toute la considération pour le Coran que j’ai appris à l’âge de dix ans.
Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d’hôpitaux.»
Houari Boumediene


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Message Publié : 22 Mars 2011 18:33 
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Thucydide
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Faget a écrit :
yacoub2011 a écrit :
C'est ce qui circule en effet.
Sa conversion, il l'aurait faite en Algérie avec un maître soufi
mais je n'y crois pas.
Certains comme Hamza Boubekeur islamise à tour de bras tout le gotha littéraire français
même Rimbaud.

Yacoub, s'il vous plait, qui se serait converti auprès d'un maître soufi en Algérie :?:

Ce serait Victor Hugo, d'après Hamza Boubekeur dans son livre Traité moderne de théologie islamique.
Mais je ne le crois pas.

Les Turcs sont passés là
Tout est ruine et deuil.

C'est de lui, non et à l'époque se faire turc c''est se faire musulman.
Quand on pense au martyre de la Grèce par la turquie otomane, on ne se convertit
pas au mahometisme.

_________________
« Les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux, un peuple qui a faim n’a pas besoin d’écouter des versets.
Je le dis avec toute la considération pour le Coran que j’ai appris à l’âge de dix ans.
Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d’hôpitaux.»
Houari Boumediene


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Message Publié : 22 Mars 2011 18:55 
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Grégoire de Tours
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Localisation : sur le cardo d'une cité de la Gaulle romaine
Lors de l'expédition d'Egypte du général Bonaparte, un de ses généraux s'est converti à l'Islam. Il s'agit de Jacques-François de Boussay, baron de Menou (1850-1810). Sa convertion aurait été dictée par ses amours avec une belle Egyptienne qu'il épousa et prit le nom de Abdallah Menou. J'ai eu entre les mains une lettre signée ainsi par ce général : Abd Menou. Rappelons que le nom de Menou est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Etoile.

_________________
Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle


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Message Publié : 22 Mars 2011 19:07 
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Grégoire de Tours
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Grippeminaud a écrit :
Lors de l'expédition d'Egypte du général Bonaparte, un de ses généraux s'est converti à l'Islam. Il s'agit de Jacques-François de Boussay, baron de Menou (1850-1810). Sa convertion aurait été dictée par ses amours avec une belle Egyptienne qu'il épousa et prit le nom de Abdallah Menou. J'ai eu entre les mains une lettre signée ainsi par ce général : Abd Menou. Rappelons que le nom de Menou est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Etoile.


En fait, il s'agit du général de Menou, baron de Boussay, gentilhomme de Touraine. Mais l'anecdote est exacte.


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Message Publié : 22 Mars 2011 19:35 
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Grégoire de Tours
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Localisation : sur le cardo d'une cité de la Gaulle romaine
Laurent Frédéric a écrit :
Grippeminaud a écrit :
Lors de l'expédition d'Egypte du général Bonaparte, un de ses généraux s'est converti à l'Islam. Il s'agit de Jacques-François de Boussay, baron de Menou (1850-1810). Sa convertion aurait été dictée par ses amours avec une belle Egyptienne qu'il épousa et prit le nom de Abdallah Menou. J'ai eu entre les mains une lettre signée ainsi par ce général : Abd Menou. Rappelons que le nom de Menou est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Etoile.


En fait, il s'agit du général de Menou, baron de Boussay, gentilhomme de Touraine. Mais l'anecdote est exacte.


Concernant Menou, j'ai trouvé son patronyme dans Histoire et Dictionnaire du Consulat et de l'Empire d'Alfred Fierro, André Palluel-Guillard et Jean Tullard (Robert Laffont). Mais est-ce important ?

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Je n'ai pas cru que tes édits pussent l'emporter sur les lois non écrites et immuables des dieux. Sophocle


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Message Publié : 22 Mars 2011 19:52 
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Georges Duby
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Localisation : Montrouge
Toutes ces conversions sont soit de circonstance, pour plaire au pays, soit de fantaisie et elles concernent alors des francs maçons qui font la nique à la religion chrétienne, si elle exstent toutefois et ne sont pas seulment un bruit. Je crois surtout à un bruit sauf cas particulier.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 23 Mars 2011 11:06 
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Grégoire de Tours
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Grippeminaud a écrit :
Laurent Frédéric a écrit :
Grippeminaud a écrit :
Lors de l'expédition d'Egypte du général Bonaparte, un de ses généraux s'est converti à l'Islam. Il s'agit de Jacques-François de Boussay, baron de Menou (1850-1810). Sa convertion aurait été dictée par ses amours avec une belle Egyptienne qu'il épousa et prit le nom de Abdallah Menou. J'ai eu entre les mains une lettre signée ainsi par ce général : Abd Menou. Rappelons que le nom de Menou est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Etoile.


En fait, il s'agit du général de Menou, baron de Boussay, gentilhomme de Touraine. Mais l'anecdote est exacte.


Concernant Menou, j'ai trouvé son patronyme dans Histoire et Dictionnaire du Consulat et de l'Empire d'Alfred Fierro, André Palluel-Guillard et Jean Tullard (Robert Laffont). Mais est-ce important ?


Ma correction est anecdotique, bien entendu, mais il est remarquable que les meilleurs outils de travail, tel ce distionnaire, ne sont pas dépourvus d'erreurs.


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Message Publié : 23 Mars 2011 15:44 
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Polybe
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Il y a également le cas de Voltaire, qui, sans s'être converti, est passé d'une attitude très défavorable à l'Islam (et en particulier à Mahomet qu'il considérait comme un faux prophète), à une vision plus indulgente au fur et à mesure de ses recherches sur cette religion. Apparemment c'est la simplicité du dogme, l'absence de clergé, qui l'a séduit.


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Message Publié : 23 Mars 2011 19:20 
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Georges Duby
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Localisation : Montrouge
C'esr plutot par hostilité à la religion chrétienne qu'il abhorrait.
Il ne faut croire aux conversions de personnalités que si dans leurs archives on en retrouve trace ou dans des mémoires faisant foi, car sinon on prend des propos pour des actes.

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Message Publié : 23 Mars 2011 23:34 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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De manière amusante, cette pratique reprend la manière musulmane de chercher des garants pour confirmer le message à la manière des transmetteurs de hadiths.

La seule réflexion historique est bien entendue celle d'Alain.g.
Alain.g a écrit :
Il ne faut croire aux conversions de personnalités que si dans leurs archives on en retrouve trace ou dans des mémoires faisant foi, car sinon on prend des propos pour des actes.
Concernant Napoléon, Jacques Benoist-Méchin raconte, dans Bonaparte en Égypte, ou le Rêve Inassouvi, qu'il aurait envisagé de faire se convertir quelques bataillons de son armée afin de rendre leur présence supportable à la population. Il aurait même obtenu une dérogation des sheiks d'Al-Azzar pour leur éviter la circoncision. Mais il aurait renoncé à ce projet devant leur refus de lever l'interdiction du vin.
Par contre, après Napoléon, plusieurs officiers repartirent en Égypte à la Restauration pour participer à la modernisation du pays par Méhémet Ali. Ils se convertirent à l'islam, condition sine qua none pour obtenir un poste dans une administration musulmane. Citons Joseph Anthelme Sève. Bien sûr, il est impossible et probablement peu pertinent de démêler la part de nécessité, de politique et d'adhésion religieuse dans ces conversions.

La rumeur concernant Victor Hugo est amusante. Sur internet, on trouve des références à La Légende des Siècles, qui consacre trois chapitres à l'Islam, notamment le chapitre l'an neuf de l'Hégire. Bien évidemment, on oublie que ces trois chapitres sont suivis de ceux consacrés au Cycle héroïque Chrétien.

La rumeur concernant Cousteau viendrait d'une de ses publications concernant des phénomènes marins dus à la différence de salinité de l'eau dans le détroit de Gibraltar. :rool: D'après la légende, cela conforte la sourate 55:19-25 : 18. Lequel donc des bienfaits de votre seigneur nierez-vous? 19. Il a donné libre cours aux deux mers pour se rencontrer ;20. il y a entre elles une barrière qu'elles ne dépassent pas . Je me demande aussi dans quelle mesure son bonnet rouge, qui rappelle de loin une coiffure maghrébine, a pu jouer ? :wink:

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 25 Mars 2011 10:12 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Comme cela a été dit plus haut, le comportement de Bonaparte en Orient vis à vis de l'Islam relève de la politique et non de la spiritualité.
Lecteur de Volney, Bonaparte connaissait bien les prédictions alarmiste de ce dernier sur ce plan là :
"Pour nous approprier l'Egypte, il faudra soutenir trois guerres [celles contre les Turcs et les Anglais]
La troisième enfin, de la part des naturels de l'Egypte, et celle-là, quoiqu'en appence la moins redoutable, serait en effet la plus dangereuse. L'on ne compte de gens de guerre que six ou huit mille Mamlouks ; mais si des Francs, si ennemis de Dieu et du Prophète osaient y débarquer, Turcks, Arabes, paysans, tout s'armerait contre eux ; le fanatisme tiendrait lieu d'art et de courage, et le fanatisme est toujours un ennemi dangereux ; il règne encore dans toute sa ferveur en Egypte ; le nom des Francs y est en horreur, et ils ne s'y établiraient que par la dépopulation."
(Voyage en Syrie et en Egypte
)

Dès le départ, Bonaparte a joué sur cette corde sensible :
Proclamation du 21 juillet 1798 :
"Faites connaître au peuple que, depuis que le monde est monde, il était écrit qu'après avoir détruit les ennemis de l'islamisme, fait abattre les croix, je viendrais du fond de l'Occident remplir la tâche qui m'a été imposée. Faites voir au peuple que, dans le saint livre du Koran, dans plus de vingt passages, ce qui arrive a été prévu, et ce qui arrivera est également expliqué.
[...]
Je sais tout, même ce que vous n'avez dit à personne ; mais un jour viendra que tout le monde verra avec évidence que je suis conduit par des ordres supérieurs et que tous les efforts humains ne peuvent rien contre moi. heureux ceux qui, de bonne foi, sont les premiers à se mettre avec moi !"

A noter que s'il opta pour ces méthodes pour s'attacher les Orientaux (sans véritable réussite d'ailleurs ; il tenta par la suite l'arabisme, mais c'est une autre histoire...), il en usa aussi pour les opposer à ses ennemis. Je pense ici à une proclamation de juillet 1799 où Bonaparte fustige les Russes, des « infidèles », des « idôlatres », dénonçant leurs croyance en « trois dieux ».

A Sainte-Hélène, face à Bertrand, Napoléon a assez bien expliqué sa position :
"Les politiques qui avaient le mieux observé le génie des peuples de l'Egypte, regardaient la religion comme le principal obstacle à l'établissement de l'autorité française.
[...]
Maîtres d'Alexandrie et du Caire, vainqueurs à Chobrakhit et aux Pyramides, la position des Français était incertaine. Ils n'étaient que tolérés par les fidèles qui, étourdis par la rapidité des évènements, avaient fléchi devant la force, mais qui déjà déploraient ouvertement le triomphe des idôlatres, dont la présence profanaient les eaux bénies. Ils gémissaient de l'opprobe qui rejaillissait sur la première clef de la sainte Kaaba ; les imans récitaient avec affectation les versets du Coran les plus opposés aux infidèles.
Il fallait arrêter la marche de ces idées religieuses ; ou l'armée, malgré ses victoires, était compromise. Elle était trop faible, trop dégoûtée pour qu'il fût possible de soutenir une guerre de religion.

[...]
Il fallait se rembarquer ou se concilier les idées religieuses, se soustraire aux anathèmes du Prophète, ne pas se laisser mettre dans les rangs des ennemis de l'islamisme ; il fallait convaincre, gagner les muphtis, les ulémas, les schérifs, les imams, pour qu'ils interprétassent le Coran en faveur de l'armée."
(Guerre d'Orient. Campagnes de Égypte et de Syrie, 1798-1799. Mémoires pour servir à l’histoire de Napoléon dictés par lui-même à Sainte-Hélène, et publiés par le général Bertrand
)

De la même manière, il confiait à Roederer (Mémoires) :
"C'est en me faisant catholique que j'ai fini la guerre de Vendée ; en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte ; en me faisant ultramontain que j'ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de juifs, je rétablirais le temple de Salomon."




Cette légende voulant que Bonaparte se soit converti à l'Islam lors de la campagne d'Egypte est ancienne. Ainsi, il la combattit à Sainte-Hélène devant O'Meara (Napoléon en exil) :
« Le docteur a dit que j'étais devenu mahométan en Egypte. Il n'en est rien ; je n'ai jamais suivi aucun des usages prescrits par cette religion ; je n'ai jamais fait de prières dans les mosquées ; je ne me suis point abstenu de vin, ni ne me suis fait circoncire. Je me suis contenté de dire que nous étions les amis des musulmans, ce qui était vrai ; et que je respectais leur prophète, ce qui était vrai aussi ; je le respecte encore. J'ai voulu que les imans lisent des prières pour moi dans les mosquées , afin de me faire plus respecter par le peuple qu'il ne le faisait , et pour qu'il m'obéît plus volontiers. Les imans répondirent qu'il y avait un grand obstacle à ce que je demandais, parce que leur prophète, dans le Coran, leur avait défendu expressément de respecter les infidèles, de leur obéir et de leur tenir la parole donnée, et que je passais pour infidèle. Je leur enjoignis alors de se consulter, et de voir ce qu'il était nécessaire de faire pour devenir musulman, attendu qu'il y avait dans leur religion des préceptes que nous ne pouvions pas suivre ; que quant à la circoncision , Dieu nous en avait rendus incapables ; que quant au vin, nous étions d'un tempérament froid, et que nous ne pouvions exister sans en boire ; et que, par conséquent, nous ne pouvions ni nous faire circoncire , ni nous abstenir de vin.
Ils se consultèrent, et environ trois semaines après, ils rendirent un fetham qui déclarait que l'on pouvait se dispenser de la circoncision ; que quant à boire du vin, les musulmans pouvaient en boire, mais que ceux qui en buvaient n'iraient pas dans le paradis, mais en enfer. J'ai répondu que cela ne pouvait me convenir , que nous n'avions pas besoin de nous faire musulmans pour aller en enfer, qu'il y avait d'autres moyens d'y aller sans venir en Egypte; et je leur enjoignis de se consulter de nouveau. Après en avoir délibéré et s'être chamaillés les uns avec les autres, ils décidèrent enfin qu'on pouvait se faire musulman sans se faire circoncire , ni s'abstenir de vin ; mais qu'il fallait faire de bonnes œuvres en proportion du vin qu'on buvait. Je leur dis alors que nous étions tous musulmans et amis du prophète, ce qu'ils crurent volontiers, attendu que les soldats français n'allaient point à la messe et n'avaient pas de prêtres avec eux : car il faut que vous sachiez que, pendant la révolution , l'armée française n'avait pas de religion. Menou , au contraire , s'est réellement fait musulman , et ce fut la raison pour laquelle je le laissai en arrière. 
»

On retrouve de nombreuses similitudes dans ses dictées à Bertrand :
« Le cheik El-Cherqâouy, le chef des ulemas de Gâma el-Azhar, prit la parole et dit, après s'être longtemps recueilli : « Vous voulez avoir la protection du Prophète, il vous aime; vous voulez que les Arabes musulmans accourent sous vos drapeaux, vous voulez relever la gloire de l'Arabie, vous n'êtes pas idolâtre. Faites-vous Musulman : 100,000 Egyptiens et 100,000 Arabes viendront de l'Arabie, de Médine, de la Mecque, se ranger autour de vous. Conduits et disciplinés à votre manière, vous conquerrez l'Orient, vous rétablirez dans toute sa gloire la patrie du Prophète. » Au même moment ces vieilles physionomies s'épanouirent. Tous se prosternèrent pour implorer la protection du ciel. A son tour le général en chef fut étonné. Son opinion invariable était que tout homme doit mourir dans sa religion. Mais il comprit promptement que tout ce qui serait un objet d'entretien et de discours sur ces matières serait d'un bon effet. Il leur répondit : « Il y a deux grandes difficultés qui s'opposent à ce que moi et mon armée.puissions nous faire Musulmans : la première est la circoncision, la seconde est le vin. Mes soldats en ont l'habitude dès l'enfance, je ne pourrai jamais leur persuader d'y renoncer. » Le cheik El-Mohdi proposa de permettre aux soixante cheiks de Gâma el-Azhar de poser la question publiquement et de délibérer sur cet objet. Le bruit se répandit bientôt dans toutes les mosquées que les grands cheiks s'occupaient nuit et jour à instruire des principes de la loi le sultan El-Kebir et les principaux généraux, et que même ils discutaient un fetfa pour faciliter, autant que cela serait possible, un si grand événement. L'amour propre de tous les Musulmans fut flatté, la joie fut générale. Il se répandit que les Français admiraient Mahomet, que leur chef savait par cœur le Coran, qu'il convenait que le passé, le présent, l'avenir étaient contenus dans ce livre de toute sagesse, mais qu'il était arrêté par la circoncision et la défense du Prophète de boire du vin. Les imams, les muezzins de toutes les mosquées furent, pendant quarante jours, dans la plus vive agitation. Mais cette agitation était tout à l'avantage des Français : déjà ils n'étaient plus des infidèles. Tout ce que le Prophète avait dit ne pouvait plus s'appliquer à des vainqueurs qui venaient déposer leurs lauriers au pied de la chaire de l'islamisme. Mille bruits se répandirent parmi le peuple. Les uns disaient que Mahomet lui-même avait apparu au sultan El-Kebir, qu'il lui avait dit : «Les Mameluks n'ont gouverné que par leurs caprices; je te les ai livrés. Tu sais et tu aimes le Coran; tu as donné le pouvoir aux cheiks, aux ulemas, aussi tout te réussit. Mais il faut achever ce que tu as commencé. Reconnais, professe les principes de ma loi : c'est celle de Dieu même. Les Arabes n'attendent que ce signal; je te donnerai la conquête de toute l'Asie.» Les discours et les réponses qu'on faisait faire au sultan El-Kebir variaient et se répandaient sous mille formes diverses. Il en profita pour insinuer que dans ses réponses il avait demandé un an pour préparer son armée, ce que Mahomet lui avait accordé; qu'il avait promis de construire une grande mosquée; que toute l'armée se ferait musulmane; et que déjà les grands cheiks El-Sadat et El-Bekry le considéraient comme tel.
Les quatre muftis portèrent enfin le fetfa rédigé et signé par eux. Il y était dit que la circoncision était une perfection; qu'elle n'avait pas été instituée parle Prophète, mais seulement recommandée; qu'on pouvait donc être Musulman et n'être pas circoncis; que, quant à la deuxième question, on pouvait boire du vin et être Musulman; mais que, dans ce cas, on était en état de péché et sans espoir d'obtenir les récompenses promises pour les élus. Napoléon témoigna sa satisfaction pour la solution de la première question; sa joie parut sincère. Tous ces vieux cheiks la partagèrent. Mais il exprima toute sa douleur sur la deuxième partie du fetfa. Comment persuader à des hommes d'embrasser une religion, pour se déclarer eux-mêmes réprouvés et s'établir en état de rébellion contre les commandements du ciel ? Les cheiks convinrent que cela était difficile, et dirent que l'objet constant de leurs prières, depuis qu'il était question de ces matières, avait été de demander l'assistance du Dieu d'Ismaël. Après un long entretien, où les quatre muftis ne paraissaient pas également fermes dans leur opinion, les uns ne voyant aucun moyen d'accommodement, les autres, au contraire, pensant que cela était susceptible encore de quelques modifications, le cheik El-Mohdi proposa de réduire le fetfa à sa première moitié, que cela serait d'un heureux effet dans le pays, qu'il éclairerait le peuple dont les opinions n'étaient pas conformes, et de faire de la deuxième partie une question qui serait soumise à une nouvelle discussion; peut-être pourrait-on consulter les cheiks et chérifs de la Mecque, quoiqu'ils parussent avoir une plus haute opinion de leur science et de leur influence sur l'Orient. Cet avis fut adopté. La publication du fetfa eut lieu dans toutes les mosquées; les imâms, après la prière du vendredi, où ils ont l'habitude de prêcher, expliquèrent le fetfa et parlèrent, unanimement, fort en faveur de l'armée française.
Le deuxième fetfa fut l'objet de vives et longues discussions et d'une correspondance avec la Mecque. Enfin, ne pouvant vaincre toutes les résistances ni tout concilier avec le texte et le commandement précis du Prophète, les muftis portèrent un fetfa par lequel il était dit que les nouveaux convertis pourraient boire du vin et être Musulmans, pourvu qu'ils rachetassent le péché par de bonnes œuvres et des actions charitables; que le Coran ordonne de donner en aumônes ou d'employer en œuvres charitables au moins le dixième de son revenu; que ceux qui, Musulmans, continueraient à boire du vin seraient tenus de porter ces aumônes au cinquième de leur revenu. Ce fetfa fut accepté et parut propre à tout concilier. Les cheiks, parfaitement rassurés, se livrèrent tout entiers au service du sultan El-Kebir, et ils comprirent qu'il avait besoin d'une année au moins pour éclairer les esprits et vaincre les résistances. Il fit faire les dessins, les plans et les devis d'une mosquée assez grande pour contenir toute l'armée, le jour où elle reconnaîtrait la loi de Mahomet. Dans ce temps, le général Menou embrassa publiquement l'islamisme. Musulman, il alla à la mosquée de Rosette. Il ne demanda aucune restriction. Cette nouvelle combla de joie toute la population de l'Egypte et ne laissa pas de doute sur la sincérité des espérances quelle concevait. Partout les cheiks prêchèrent que Napoléon, n'étant pas infidèle, aimant le Coran, ayant mission du Prophète, était un vrai serviteur de la sainte Kaaba. »
(Guerre d'Orient. Campagnes de Égypte et de Syrie, 1798-1799. Mémoires pour servir à l’histoire de Napoléon dictés par lui-même à Sainte-Hélène, et publiés par le général Bertrand
)


En face, tous n'étaient pas dûpes. Témoignage de Mou'Allem Nicolas el Turki (Expédition française en Egypte):
"Ni les Cheiks, ni le peuple n'avaient cessé de considérer les Français comme des hommes étrangers à leur foi. Quant au détachement dont le général en chef et l'armée toute entière faisaient preuve à l'égard du catholicisme, il ne suffisait pas à leur enlever le caractère d'Infidèles, que seule une conversion à l'Islam aurait pu effacer.
"

"[Bonaparte] leur promettait d'embrasser leur religion, de faire construire une mosquée en son nom, et de faire tout le bien possible à la religion musulmane. Cependant les ulémas n'étaient pas séduits par ces paroles. Ce sont des mensonge, disaient-ils, qu'il profère pour s'établir en Egypte. N'est-il pas chrétien, fils de chrétiens ?
[...]
Le général en chef voulait que les fêtes musulmane et la solennité du débordement du Nil fussent célébrées avec beaucoup de pompe [...] Tout cela était employé inutilement pour gagner l'affection du peuple."





Néanmoins, après coup, et nourri de ses rêves d'Empire d'Orient, Napoléon évoqua l'hypothèse de la conversion :
"Ce n'est pas qu'il eût été impossible que les circonstances m'eussent amené à embrasser l'islamisme ; et, comme disait cette bonne reine de France : "Vous m'en direz tant !" Mais ce n'eût été qu'à bonne enseigne ; il m'eut fallu pour cela pousser au moins jusqu'à l'Euphrate. Le changement de religion, inexcusable pour des intérêts privés, peut se comprendre peut-être par l'immensité de ses résultats politiques. Henri IV avait bien dit : "Paris vaut bien une messe." Croit-on que l'empire d'Orient, et peut-être la sujétion de toute l'Asie, n'eussent pas valu un turban et des pantalon ?"
(Mme de Rémusat, Mémoires)

"Les cheiks me disaient toujours que si je voulais m'établir patriarche, il fallait que l'armée se fît musulmane et prît le turban. C'était bien mon intention, mais je ne voulais faire cette démarche, qu'étant sûr de réussir, sans quoi je me serais, comme Menou, couvert de ridicule."
(Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène)

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 25 Mars 2011 14:32 
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Georges Duby
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Drouet Cyril a écrit :
Comme cela a été dit plus haut, le comportement de Bonaparte en Orient vis à vis de l'Islam relève de la politique et non de la spiritualité. .... Henri IV avait bien dit : "Paris vaut bien une messe." Croit-on que l'empire d'Orient, et peut-être la sujétion de toute l'Asie, n'eussent pas valu un turban et des pantalon ?"[/i]
(Mme de Rémusat, Mémoires)
"Les cheiks me disaient toujours que si je voulais m'établir patriarche, il fallait que l'armée se fît musulmane et prît le turban. C'était bien mon intention, mais je ne voulais faire cette démarche, qu'étant sûr de réussir, sans quoi je me serais, comme Menou, couvert de ridicule."(Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène)
Très intéressant, confirme et explicite ce qu'on trouve dans un autre sujet, Napoléon faisait miroiter aux musulmans sa conversion et celle de l'armée pour fonder un empire.
Par ailleurs on apprend que Menou s'était couvert de ridicule en se convertissant, chez les français. Il a cru en ce que disait Bonaparte sans voir qu'il s'agissait de calculs et pas de vrai intention de se convertir avec une vrai foi.
Il y avait de l'hypocrisie à faire semblant de jouer le jeu de la conversion et des deux côtés. Tout celà ressemble à une comédie de Molière.
On voit combien Bonaparte méprisait la religion en général en bon disciple des philosophes des Lumières, était prêt à devenir musulman et n'importe quoi pensait-il, juif compris, pour conquérir un pays.
En tout état de cause, cette opération de conquête des esprits, très moderne, a échoué et l'aventure a mal fini, les ottomans n'y attachant aucun importance.
Trop gros, suspect même à mon avis comme tout ce qui sent l'artifice et le piège. On ne doit pas jouer avec la religion.

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Message Publié : 25 Mars 2011 17:51 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
Napoléon faisait miroiter aux musulmans sa conversion et celle de l'armée pour fonder un empire.


Avant même de penser à un empire (mais y a-t-il seulement réellement pensé à l'époque ?), il convenait d'assoir une conquête au nom de la République ; processus ne pouvant faire abstraction du facteur religieux.

Citer :
Il y avait de l'hypocrisie à faire semblant de jouer le jeu de la conversion et des deux côtés.


Au delà de l'hypocrisie, c'est bien plus du pragmatisme (comme il en montrera encore à bien d'autres occasions) que je vois dans la politique appliquée par Bonaparte en Orient.
J'ai rappelé plus haut les Mémoires de Roederer :
« C'est en me faisant catholique que j'ai fini la guerre de Vendée ; en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte ; en me faisant ultramontain que j'ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple de juifs, je rétablirais le temple de Salomon. »

Mais on pourrait aussi citer le Mémorial où on trouve quelque echo à ces mots :
« J'ai beaucoup médité sur l'histoire de l'église gallicane. Ces connaissances m'ont été bien utiles comme conquérant et législateur de l'Italie, comme restaurateur de la religion en France. De même qu'en Egypte il m'a fallu étudier le Coran, parce qu'il fallait, de toute nécessité, pour fonder ma puissance au milieu d'un peuple soumis à l'islamisme, que je connusse à fond les croyances des quatre sectes, et leurs rapports avec Constantinople et La Mecque. C'est à ces études que j'ai dû le plus peut-être l'affection et l'aide du clergé d'Italie en 1797, et celui des ulémas en Egypte. »


Citer :
On voit combien Bonaparte méprisait la religion en général en bon disciple des philosophes des Lumières


Bonaparte, comme il le confia à Bertrand (Cahiers de Sainte-Hélène), n'avait pas de religion. Dans le même sens, il tint ces mots à Gourgaud (Journal de Sainte-Hélène) :
« Je croirais à une religion si elle existait depuis le commencement du monde, mais quand je vois Socrate, Platon, Moïse, Mahomet, je n'y crois plus. Tout cela a été enfanté par les hommes. »

Néanmoins, ne pas avoir de religion ne signifie pas forcément la mépriser.
Ainsi, disait-il :

« Le son de la cloche de Rueil vint tout à coup frapper mon oreille. Je fus ému, tant est forte la puissance des premières habitudes et de l'éducation ! Je me dis alors "Quelles impressions cela ne doit-il pas faire sur des hommes simples et crédules !" Que vos philosophes que vos idéologues répondent à cela ! Il faut une religion au peuple. Il faut que cette religion soit dans la main du gouvernement. Ce n'est pas le fanatisme qui est la maladie à craindre maintenant, mais l'athéisme.
[...]
La religion ce n'est pas pour moi le mystère de l'incarnation , c'est le mystère de l'ordre social. »
(Pelet de la Lozère, Opinions de Napoléon sur divers sujets de politiques et d'administration)

ou en core :

"L'athéisme, principe destructeur de toute organisation sociale."
(Napoléon à Champagny, 13 décembre 1805)



Concernant l'Islam, Napoléon disait à O'Meara (Napoléon dans l'exil) :
«je respectais leur prophète, ce qui était vrai aussi ; je le respecte encore. »

Il confiait d'ailleurs à Gourgaud (Journal de Sainte-Hélène) :
« La religion de mahomet est la plus belle »

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 18 Avr 2011 13:08 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 09 Juin 2010 14:22
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émission intressante

http://www.franceculture.com/emission-c ... 04-16.html

bien à vous

_________________
et tout le reste n'est que littérature


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Message Publié : 05 Août 2011 17:45 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 04 Août 2011 16:42
Message(s) : 1
Bonjour à vous,

Concernant Bonaparte il s'est bien converti comme stipulé dans le Journal de Sainte Hélène.
“L’Islam attaque spécialement les idolâtres; il n’y a point d’autre dieu que Dieu, et Mahomet est son Prophète; voilà le fondement de la religion musulmane; c’était le point le plus essentiel: consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Issa Jésus. (...) Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et Mahomet est son Prophète.

(...) Je suis, moi, musulman unitaire et (que) je glorifie le Prophète. (...) J’espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l’Alcoran (Islam - nda), qui sont les seuls vrais et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes.”

Ensuite concernant sa sincérité nul ne peut le savoir ;)

Pour Cousteau j'en avais entendu parlé il se serait converti après avoir comparé les dires du coran sur la rencontre des deux mers ( mer salée et mer d'eau douce) ainsi que la barrière de corail.

Pour ce qui est de Voltaire il me semble pas qu'il se soit converti; il avait juste une grande estime pour cette religion.


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