Deshays Yves-Marie a écrit :
En quoi la LXX illustre-t-elle le point qui nous concerne? Cette version reprend intégralement le texte hébreu reçu, plus quelques écrits sapientiaux qui ne remettent pas en question l'ensemble doctrinal contenu dans les Ecritures hébraïques ...
Pas nécéssairement. La traduction du texte vers le grec dépassa la simple trasposition d'une langue vers une autre, c'était aussi trés souvent l'intégration de conceptes qui n'étaient pas toujours prévus dans la pensée des auteurs des versions précédentes, et qui donnerons naissance a toute une exégèse nouvelle qui, elle non plus, ne cadrait pas avec l'esprit sémitique d'origine.
Il s'agit donc d'une autre étape "d'évolution" qui été précédée par d'autres, à divers degrés et à divers moments de l'histoire d'Israeël. C'est par exemple sur la LXX que
Philon d'Alexandrie va établir tout son travail d'exégèse allégorique et ce sont sur ces pas que les Pères grecs de l'Eglise vont élaborer l'emryon de la théologie chrétienne que nous connaissons.
Ce ne fut pas que linguistique alors, mais bien plus profond que cela.
Citer :
... Si les juifs s'en sont détachés, c'est surtout parce que les chrétiens s'y référaient dans un contexte fortement imprégné d'hellénisme, et que les chrétiens se détachaient alors des juifs ...
Justement, l'héllénisme -pour ne citer que cela- imprégna de sa marque ces textes en profondeur et pas seulement au niveau d ela langue, parfois en donnant aux mots des sens allant bien au delà de leur sens originel ; le
Kyrios grec dégage plus que le
Rabbi hebreu tout comme le Logos grec peut dire bien plus que ne le dirait le mot hebreu ou aramée qu'il était sensé traduire, et cela commenca bien avant l'avènement du Christianisme comme vous le dites, ce que ne contredis pas les affirmations coraniques sur la question puisqu'il englobe Juif et Chrétiens a part égale en la matière.
Citer :
... C'est d'ailleurs le primat de la Parole sur l'écrit qui explique les réticences des juifs et des chrétiens à être considérés comme les "gens du Livre" (comme les nomme le Coran), car tant les juifs que les chrétiens se considèrent d'abord comme le peuple de la Parole révélée ...
Il ne s'agit pas vraiment de cela ; dans la traditions sémitique en générale -et celle en rapport avec notre sujet en particulier- la notion d'ecris (au sens physique) et oral (au sens transmis) rentrent tous les deux dans le concepte de "Livre" ; n'est-ce pas que le nom meme du Coran (Qur'ân) signifie "récitation" et non pas "écrit" ni même "lecture" ; les mêmes exemples peuvent être trouvés dans les traditions juive ou araméennes pré-islamiques.
Ce que je voulais dire c'est que, justement, quand on parle de "
Ahl al-Kitâb" on pense a
Gens du Livre (ce qui est étymologiquement juste) mais on oublie que dans la pensée sémitique ce
Kitâb renvoie plus vers le concepte de "révélation" que vers celui "d'écriture", comme on lis dans le Coran "
wa anzalnâ 'alayka al-kitâb" (texto =
Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre) alosr que nul codexe n'est vraiment déscendu du Ciel dans aucune tradition musulmane. Il serait donc aussi trés juste de dire "Gens de la Révélation".
Or, que ca soit dans la tradition juive ou chrétienne, la Révélation (donc ce qui est attribuable à Dieu) ne se limite pas forcément aux écritures saintes ; ca dépasse ce cadre pour englober chez les Juifs de l'époque rabbinique (donc celui que l'Islam va trouver a son avènement) l'ensemble des commentaires et enseignements des grands chefs de leurs écoles, ceux réunis dans la Haggadah, ce qui es apellée la Torah orale (avec autorité égale voire superieure aux textes de la Torah écrite) et qui seronta leur tour consignés dans des "Livres" et ainsi de suite.
En un mot, le Coran inclue dans sa critique ce genre de choses aussi puisque, en définitif, c'est attribuer à Dieu ce qui n'est pas de lui, chose gravissime pour le musulman, quelle que soit la forme.