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L'absence (dans mon souvenir) d'effort linguistique pour trouver le substrat araméen ou hébraïque sous le texte grec du Nouveau Testament.
C'est un très vieux problème. On voit bien des sémitismes/ araméismes dans les évangiles : thalita koum, barjonas, amen, eloÏ, eloï, lama.. "la chair et le sang" (sarx kai haima) pour dire : "la nature humaine".. l'évangile de Luc abonde en sémitismes (ai-je lu).. mais, malgré les affirmations d'Eusèbe de Césarée (si je ne m'abuse), on n'a jamais retrouvé d'original de Matthieu en araméen ou hébreu, et tous les exégètes s'accordent aujourd'hui pour dire que l'évangile selon Marc (il est bien peu probable que ce soit l'apôtre qui l'ait écrit vers 65-70) est le premier.
Donc le substrat en question ne peut être que des sources orales, et encore faut-il faire la part de l'influence mutuelle des langues quand on les pratique tous les jours à un même niveau : les bilingues le savent bien, on finit par dire dans la langue B une expression traduite de la langue A qui est plus courte, précise, prégnante. Les générations anciennes ont connu ainsi et employé le mot allemand "d'ersatz", nous parlons du "bel canto" et tous les photographes modernes savent ce qu'est un crop. Et les exégètes n'ont pas de mot plus précis pour dire ce qu'est un "logion" de Jésus. Ces considérations bien banales m'incitent à penser que la re-traduction par Chouraqui du NT en hébreu/araméen hypothétique pour le "retranscrire" en français est une entreprise bien périlleuse et peu justifiable... L'historien du christianisme primitif doit se contenter de ce qu'il a : un texte grec maintes fois recopié (et, dit Origène, avec beaucoup de fautes et de légèreté). C'est presque un miracle qu'un aperçu du Jésus historique y transparaisse encore — avant d'être déifié par saint Jean.