Jean R a écrit :
Après, il y a la question de "Thomas appelé Didyme", soit "Jumeau appelé Jumeau" en araméen et grec. Jumeau de qui ? Michel Tournier (Les météores) n'est pas seul à supposer que c'est de Jésus.
C'est une vision gnostique ...
Le mot grec «
didumos » dans les dictionnaires signifie d’abord «
double » et ensuite «
jumeau » … mais «
double » n’est pas « ê
tre le double de qcq’un » (du genre doublure) mais se rapporte à une idée de «
dualité » … il exprimerait donc des réalités doubles (équivalent à l’anglais twin).
On le trouve par exemple dans la Septante en Josué (8,29) … là ou le texte hébreu parle d’un arbre pour pendre le roi … la Septante ajoute l’adjectif «
didumou » pour préciser la forme de la branche à savoir «
sur un arbre fourchu » (arbre à l’extrémité dédoublée).
Thomas apparaît donc comme un personnage double (ou dédoublé) non pas au sens négatif (retord) … mais parce qu’il joue (dans le récit de Jean) un double rôle représentant deux personnages à la fois.
Un peu comme le dieu romain Janus, le dieu aux deux visages, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière … ce dieu veillait sur les entrées et les sorties … son nom évoque une porte, frontière/charnière entre intérieur et extérieur, entre l’année passée et l’an neuf.
Or cette fonction de « charnière » se retrouve parfaitement dans l’épisode de Thomas … il fait le lien entre deux groupes … celui des «
douze » groupe fondateur il a le «
visage » ici tourné vers le passé … et celui de la communauté des disciples (et partant de nous-même) qui n’ont connu Jésus que par la mise par écrit du témoignage oral du premier groupe (et à terme l’Evangile) … c’est ici un «
visage » tourné vers l’avenir.
Thomas est donc à la charnière entre voir pour croire et croire sans voir … s’il doit être le «
jumeau » de qcq’un cela ne peut être que de nous-même.
Cordialement, Epsilon