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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 05 Août 2012 21:38 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Savinien a écrit :
Pourriez-vous développer un peu votre idée car j'avoue être un peu perdu là et je me demande si j'ai bien compris vos propos :oops: . Pourriez-vous expliciter ce que vous entendez par glissement de la foi à la raison ? J'avoue également n'avoir que de maigres connaissances sur le sujet (où est passé M. Deshays ?).
Mes connaissances sont encore plus faibles. L'idée est que les chrétiens en europe avaient autrefois une foi intense, naturelle, recueillie de la société et entretenue par elle et qu'avec le temps cette foi a disparue et a été remplacée par une croyance raisonnée, construite, à partir d'un débat intérieur sur croire ou ne pas croire.
Depuis le 17è siècle, environ, chaque croyant voit sa foi ébranlée, il a le contact avec des déistes, des anti-cléricaux, des athées ou des agnocistes qui tentent de le convertir. Son choix est individuel désormais. La raison lui commande de conserver sa croyance dans le dieu de son pays et de sa famille.
Il ne s'agit que d'idées générales personnelles émises à titre d'essai pour voir.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 05 Août 2012 22:26 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 23 Déc 2004 6:42
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Alain.g a écrit :
Savinien a écrit :
Pourriez-vous développer un peu votre idée car j'avoue être un peu perdu là et je me demande si j'ai bien compris vos propos :oops: . Pourriez-vous expliciter ce que vous entendez par glissement de la foi à la raison ? J'avoue également n'avoir que de maigres connaissances sur le sujet (où est passé M. Deshays ?).
Mes connaissances sont encore plus faibles. L'idée est que les chrétiens en europe avaient autrefois une foi intense, naturelle, recueillie de la société et entretenue par elle et qu'avec le temps cette foi a disparue et a été remplacée par une croyance raisonnée, construite, à partir d'un débat intérieur sur croire ou ne pas croire.
Depuis le 17è siècle, environ, chaque croyant voit sa foi ébranlée, il a le contact avec des déistes, des anti-cléricaux, des athées ou des agnocistes qui tentent de le convertir. Son choix est individuel désormais. La raison lui commande de conserver sa croyance dans le dieu de son pays et de sa famille.
Il ne s'agit que d'idées générales personnelles émises à titre d'essai pour voir.

Merci beaucoup de votre réponse. Je me demande si ce "individuel" dont vous parler n'est pas justement à exploité pour apprécier ce phénomène ?

PS: Vous oubliez les protestants ;)


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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 06 Août 2012 0:14 
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Salluste
Salluste

Inscription : 20 Déc 2010 21:48
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Sans compter que le grand éducateur des Français au XIXe siècle, la IIIe République, s'est construite contre le cléricalisme, autrement dit que les modèles moraux de plusieurs générations de Français n'ont plus été les grands personnages de l'histoire du christianisme, mais ceux de l'histoire de France: je n'ai pas souvenir de la présence de héros déjà consacrés par l'Eglise dans le classique de G.Bruno, ni de Clovis d'ailleurs, alors que je me souviens bien du portrait de Vercingétorix.

La laïcisation de la société a achevé de faire du pouvoir temporel de l'Eglise une réalité passée, cependant que la légitimité du pouvoir provenait du peuple et non plus de Dieu (monarchie absolue de droit divin).
L'ébranlement de la foi réside en partie dans ce retrait d'abord brutal (la Révolution) puis plus progressif (le XIXe siècle) du contrôle ecclésiastique de l'ensemble des aspects sociaux. Il allait jusqu'alors de soi de croire à cette évidence de la foi qui s'affichait, dans toute sa massivité et sa spectacularité dans la famille comme dans l'ensemble de la paroisse.

Il est vrai que les historiens ont observé un recul des modes de pensée chrétiens face à la mort et à d'autres événements de la vie tout au long du XVIIIe siècle. Pour reprendre un peu un mot bien connu de R.Chartier en l'appliquant à la sphère religieuse, les transformations de la foi n'ont été possibles que parce qu'elles étaient devenues pensables. Reste à se questionner sur le passage de l'évidence au doute; avec la place de l'humanisme, le doute systématique, les Lumières, avec la nature même du christianisme. De fait, si le christianisme favorise la laïcité par l'opposition du monde terrestre au royaume des cieux (mon royaume n'est pas de ce monde), il rend aussi possible la pensée d'un monde sans Dieu. A l'immanence terrestre du divin a succédé (pas universellement) une pensée transcendante de Dieu. C'était permettre de rendre pensable Dieu et le monde, Dieu sans le monde, et la brèche était ouverte d'un monde sans Dieu.


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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 06 Août 2012 7:28 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Oct 2004 9:14
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Il semble que "mon" sujet hors charte, donc menacé, soit devenu bigrement intelligent, donc "sauvé" :wink:
Reste plus qu'à changer le titre ?

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 06 Août 2012 8:08 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Localisation : Centre
Citer :
soit devenu bigrement intelligent, donc "sauvé"


Ce n'est pas parce qu'il est intelligent qu'il est sauvé, c'est parce que des postants ont recentré le débat sur sa dimension historique.
Mais en effet, lui donner un titre correspondant mieux au contenu, pourquoi pas?


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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 06 Août 2012 10:14 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Savinien a écrit :
Je me demande si ce "individuel" dont vous parler n'est pas justement à exploité pour apprécier ce phénomène ?
PS: Vous oubliez les protestants ;)
Pour comprendre l'avènement d'un ordre nouveau sans Etat et sans Eglise, il y a un ouvrage classique de Paul Hazard: "la cries de la conscience européenne".
Extrait de Wiki: " La Crise de la conscience européenne est le titre de la plus grande œuvre de Paul Hazard, publié en 1935 à Paris.
Tout son travail est d’expliquer le basculement psychologique entre une France marquée par l’ordre, le sens de l’autorité, la croyance aux dogmes, la fidélité à l’Église et au roi et une France marquée par le règne de la Raison, du doute, de la liberté individuelle, du rejet des Institutions, de l’Église, des vérités traditionnelles… Une France confortée dans sa puissance de Royaume catholique et une France marqué par le règne de la Raison, dans une Europe des idées. Changements d'abord essentiellement psychologiques et intellectuels mais qui aboutissent à la Révolution.
Les grandes batailles d’idées ont eu lieu avant 1715. Spinoza, Bayle, Locke, Newton, Bossuet, Fénelon… ont été au cœur des combats intellectuels. Un ensemble d’idées fortes ont jailli : rationalisme, pensée anticléricale, sentiment anti-religieux, égalité, liberté de l’individu, droits de l’homme et du citoyen… Un nouvel ordre des choses a commencé… Quelles en seront les conséquences ? En 1715 personne encore ne peut imaginer comme sont profonds ces courants et de quelle manière ils détruisent les racines de la société. Tranquillement pourtant, la pensée des peuples évolue et à la fin du XVIIIe, c’est sur ces bases que naît la Révolution avec les changements idéologiques qui l’accompagnent. "

Concernant le mouvement de la réforme, je l'ai exclu volontairement de mon tableau historique de la foi, en considérant probablement à tort, que les protestants avaient pour but justement de retrouver la foi des premiers chrétiens avant que l'Eglise ne se pose en intermédiaire obligé.
Mais il est vrai qu'ils ont fortement influé sur l'histoire en général et particulièrement l'histoire de la foi, ébranlant l'édifice politico-religieux européen et centrant la foi sur le dialogue individuel avec Dieu en revenant aux évangiles et à l'ancien testament.

Pour un nouveau titre à choisir par Dédé, n'est-ce pas le terme de paradoxe qui doit être complété pour remettre le sujet dans le forum. Pourquoi pas paradoxe et évolution de la foi ? Par exemple !

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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 06 Août 2012 10:54 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Hugues de Hador a écrit :
Bonjour

Je crois que nous ne pouvons plus comprendre, à notre époque, l'univers mystique dans lequel nos ancêtres vivaient.

Dans l'histoire humaine, il y a beaucoup plus de siècles pendant lesquels la question de l'existence de plusieurs dieux (ou d'un seul) (ou d'entités magiques pour le chamanisme par exemple) ne se posait même pas.

C'était, simplement, une évidence.

Je pose donc la question : depuis quand et dans quelles cultures, le doute s'est immiscé ?

Bien à tous.


EN fait, l'univers mythique des divers peuples est souvent différent. Je me permet de conseiller la lecture de 2 Cahiers de Science & Vie. Celui qui est sorti cet été : L'invention de Dieu et celui de l'été dernier : L'invention du Divin.

On ne vit pas sa foi de la même façon en fonction du contexte religieux et/ou social. Et d'ailleurs ce n'est pas la même foi.

Certains peuples croyaient que si le roi-prêtre ne faisait pas son devoir chaque jour, il en allait de l'équilibre du monde. Tandis que pour d'autres, on devait prier pour attirer sur soi le bon vouloir des dieux. Et pour les religions du Livre, c'est son âme qu'on cherche à sauver. On voit bien que les gens ne peuvent pas avoir la même relation avec le spirituel et/ou le religieux. On n'est vraiment pas dans le même rapport.

De plus, cela évolue en fonction de l'évolution culturelle de la société. Et dans de nombreuses sociétés co-existent un culte d'état et des cultes privés (et l'archéologie montre que ce ne sont pas les mêmes dieux qu'on vénère à la maison ou dans les temples).

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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 Sujet du message : Re: Le paradoxe de la foi
Message Publié : 08 Août 2012 21:16 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 05 Août 2012 16:14
Message(s) : 40
Aponie a écrit :
je n'ai pas souvenir de la présence de héros déjà consacrés par l'Eglise dans le classique de G.Bruno, ni de Clovis d'ailleurs, alors que je me souviens bien du portrait de Vercingétorix.


Paradoxalement, celà peut s'expliquer par le double emploi du livre en question : le premier, servir de manuel, tant de lectures que de "choses de la vie" et autres matières dans l'éducation de la IIIe République, et la seconde, de propagande afin de "préparer de bons soldats" (selon l'expression consacrée d'un de mes anciens profeusseurs) : ce qui explique la présence de Vercingétorix en égérie "no pasaran" de la IIIe République, et l'absence de l'Église : il est assez difficile de faire passer deux messages simultanés dans la propragande (et qui ne soient pas contradictoires, évidemment. Ici propagande est à à prendre dans un sens neutre).
D'un autre côté, les enfants à cette époque (je parle de la période entre 1882 et 1914) n'avaient-ils pas obligatoirement des cours de religion (ou tout du moins de catéchisme ?).
L'absence de la religion dans le livre de G. Bruno (même si celle-ci est présente par le biais des rois de France), peut, à mon avis, ne pas être une volonté anticléricale discrète, mais toucher à un manque... car celà est évident (dans un cadre scolaire. et je ne parle pas des conditions sociales, etc, etc, etc).


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