C'est subtil. Le christianisme présente plusieurs dualismes, mais en les rapprochant, plutôt qu'en les opposant.
La "bonne nouvelle" est une idée majeure pour le christianisme. Elle est la promesse d'un nouveau monde meilleur que le nôtre. Les autres religions parlent aussi du paradis. Mais c'est sans doute plus important pour le christianisme. Et le christianisme fait le lien entre les deux mondes plus nettement que ne le font les autres religions. On le voit par la vie de Jésus qui est confronté à des problèmes, tout comme avant lui, Abraham, Moise, David, et les autres grands personnages de la bible. Mais contrairement à ses prédécesseurs, il ne sort pas vainqueur, du moins pas de son vivant. Il est vainqueur seulement après sa mort, parce qu'il ressuscite. La croix représente un carrefour, une rencontre entre deux mondes, le point d'intersection entre la souffrance terrestre et la résurrection qui l'en délivre.
L'hostie, pour les catholiques, présente un dualisme, car elle est à la fois composée de farine, et d'un élément spirituel qui lui est ajouté lorsque le prêtre refait la cène. L'hostie rassemble les deux parties physique et métaphysique.
Descartes, qui est un philosophe chrétien, écrit : "La nature m’enseigne aussi par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logé dans mon corps, ainsi qu’un pilote en son navire, mais outre cela que je lui suis conjoint très étroitement, et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui." Le contemporain de Descartes, Pierre Gassendi, qui est aussi un philosophe chrétien puisqu'il est chanoine, écrit un ouvrage à la gloire d'Epicure, où il admet la dualité du corps et de l'esprit, mais en cherchant un accord harmonieux entre les deux.
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