Bonjour,
De nombreux ouvrages parlent de la querelle des indulgences, mais probablement aucun ne répondra exactement à vos questions, car l'Histoire est un continent immense, à peine exploré. La recherche de références bibliographiques fait partie du travail de l'Historien. Bien sûr, on aimerait que cette partie soit faite en premier, mais l'expérience montre que l'on ne découvre cette liste que petit à petit, au fil de lectures.
L'Eglise ne défend pas les indulgences, puisque justement Luther les condamne, et Luther fait partie de l'Eglise. Evitons l'erreur habituelle de mettre tous les serviteurs de l'église dans le même panier. Les indulgences sont signées par l'archevêque de Mayence. Donc, c'est lui qui porte la responsabilité de ces indulgences, et non pas l'Eglise en général.
Ensuite, il est évident que l'aspect financier est primordial, puisque aucune indulgence n'est donnée gratuitement, à ma connaissance. Bien sûr, quand on emploie le mot "indulgence" dans cette affaire, il s'agit des feuilles imprimées données contre de l'argent, et non pas d'indulgence dans son sens large d'une rémission de peine, qui pourrait avoir lieu, par exemple, de manière orale et gratuite à la fin d'une confession.
Les formules de politesse sont normales. Elles sont en accord avec les coutumes de l'époque. Beaucoup d'historiens en sont tellement habitués, qu'ils ne les retranscrivent même pas dans les recueils de lettres, se contentant de les remplacer par des points de suspensions. Ces révérences écrites correspondent à des révérences physiques qui étaient ordinaires pour tous les sujets d'un souverain. Or, vous savez que l'archevêque de Mayence n'était pas que le chef spirituel des chrétiens de son diocèse, mais qu'il était aussi le chef temporel absolu sur son territoire. Il était l'équivalent d'un roi dans une royauté, d'un prince dans une principauté, ou d'un duc dans un duché. De plus, les formules ne sont pas entièrement codifiées à l'époque. Il reste une certaine liberté dont se servent les jeunes intellectuels de l'époque. Ils font l'effort de chercher celles qui sont les plus raffinées, afin de se valoriser eux-même par contre-coup. Plus elles sont élégantes et pompeuses, et plus le lecteur ou l'auditeur pourra penser que l'auteur à une bonne plume.
Le moucheron, le tamis, et le chameau, sont des allusions à des textes que connaissent Luther et l'archevêque. Cela fait tout de suite penser au célèbre verset de l'évangile "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu (Marc 10:25). Le tamis est un instrument très utilisé. On le retrouve dans beaucoup d'expressions, même qui ne sont pas bibliques, telle que dans le cas des trois tamis de Socrate. Le moucheron associé au chameau se rencontre dans un autre verset de l'évangile : "Conducteurs aveugles ! qui coulez le moucheron, et qui avalez le chameau." (Matthieu 23:24). Cela se comprend parce que la pratique casher bannit les petites bestioles qui pourraient souiller la nourriture, notamment les moucherons de la vigne dans le vin. Matthieu ne fait que dénoncer ceux qui seraient trop rigoureux pour de petites choses mais pas assez pour de plus grandes. Luther fait de même, en se plaçant derrière lui, de manière à la fois modeste et immodeste à la fois, comme pour les formules de politesse, car d'un côté, il s'aplatit, mais d'un autre côté, il montre qu'il est érudit.
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