Oui
Je dirai que ce fut le plus grand homme de l'histoire bysantine, avec lui comme empereur la reconquête de l'empire d'occident aurait pû aller plus loin, et aurai été plus durable, il fut victime de son trop plein de talent, et de la jalousie qu'il inspira. Oui sa loyauté était mal placé, il lui aurait été facile de prendre le trône.
bélisaire :
Bélisarios, en grec, fut le plus illustre général qu'ait pu connaître Byzance. Il est né à la frontière entre la Thrace et l'Illyrie en 500 et meurt à Constantinople en 565.
À la veille du VIe siècle, l'Empire romain morcelé par les royaumes barbares semble appartenir à une histoire définitivement révolue. Cependant, à Constantinople, l'empereur Justinien Ier cherche à retrouver l'unité de l'ancienne puissance romaine et à reconquérir à l'Occident les territoires perdus sur les Goths, les Francs, les Burgondes et les Vandales. Il trouve en Bélisaire, un des officiers de sa garde, un tacticien de génie qui servira l'empire de Byzance pendant plus de trente années.
Les campagnes de Bélisaire furent relatées par son secrétaire, Procope de Césarée, dans les Histoires de guerres.
Dans chacune des campagnes militaires auxquelles il participa, Bélisaire se trouva en état d'infériorité numérique. Ce handicap l'obligea à adopter un style de guerre indirect qui lui permettait de choisir les lieux de l'affrontement tout en évitant le choc direct avec des armées beaucoup plus puissantes. Les armées de Justinien ne ressemblaient plus guère aux légions qui firent jadis la gloire de Rome. La cavalerie lourde avait fait son apparition comme arme de choc. Elle était renforcée par des troupes de cavalerie légère montées par des cavaliers-archers, principalement huns. L'infanterie lourde et légère servait surtout de bouclier aux troupes de cavaliers. C'était aux fantassins que revenait la tâche ingrate d'absorber le choc frontal provoqué par l'offensive ennemie, alors que les cavaliers tentaient de déséquilibrer leurs adversaires par des manœuvres de débordement sur leurs flancs. Avec leurs archers montés et à terre, les armées byzantines possédaient, outre la mobilité, la supériorité du jet.
C'est avec une armée comme celle-ci que Bélisaire fut chargé d'un commandement en Arménie en 529. Il y mène contre les Perses des expéditions d'abord victorieuses, notamment près de Dara (530) où il a vaincu une armée deux fois plus importante que la sienne ; mais il essuie aussi quelques échecs qui le contraignent à demander la paix en 531.
De retour à Constantinople, Bélisaire sauve en 532 le trône de Justinien, en réprimant avec la dernière rigueur la célèbre insurrection Nika qui oppose dans le cirque la faction des bleus, protégée par l'empereur et son épouse Théodora, à celle des verts, appuyée par l'usurpateur Hypace qui sera finalement mis à mort.
Fort de la confiance et de la reconnaissance de Justinien Ier, Bélisaire est chargé d'une mission difficile, considérée même comme impossible, celle de chasser les Vandales d'Afrique du Nord. Or avec seulement 10 000 hommes, en 534, en deux victoires, Bélisaire détruit la puissance vandale, fait prisonnier le roi Gélimer et annexe à l'empire de Byzance, héritier de l'Empire romain, une province qu'on croyait définitivement perdue. Triomphateur à Constantinople, riche des butins arrachés aux Vandales, créé consul, insigne honneur qui ne sera plus jamais décerné par la suite, Bélisaire est envoyé en Italie contre les Goths.
Il reconquiert la Sicile, prend Naples après un siège, remonte vers le nord de l'Italie et entre dans Rome abandonnée par les Barbares qui ont assassiné leur roi Théodat et l'ont remplacé par Vitigès. Enfermé dans Rome, Bélisaire doit faire face à plusieurs dangers : celui des Ostrogoths qui l'assiègent en vain pendant un an, celui du pape Silvère qu'il fait déposer, celui de sa femme Antonine qui intrigue, celui de l'eunuque Narsès, envoyé par Justinien pour le seconder, et qui le jalouse. En dépit de ces embûches, Bélisaire garde son calme, réussit même à prendre Ravenne et à capturer le roi Vitigès en 540. À demi disgracié par l'empereur Justinien Ier qui le soupçonne à tort d'avoir des ambitions personnelles, Bélisaire est rappelé un an plus tard pour repousser les Perses du roi Chosroès, qui tentent d'occuper l'Asie Mineure. Il retourne ensuite en Italie ; par trois fois, il défend Rome contre les Ostrogoths de Totila, mais il sent que la situation lui échappe et il abandonne la lutte. Rappelé à Constantinople, il doit se retirer.
Il est peut-être jeté en prison, après avoir été accusé de complot. La légende, réfutée par les historiens, veut que Bélisaire ait eu les yeux crevés sur ordre de Justinien et qu'il ait été contraint de mendier dans les rues de Constantinople. Sa renommée, que son secrétaire Procope a largement contribué à diffuser dans son De bellis (Histoire des guerres contre les Perses, les Vandales et les Goths), persiste encore. Ce qui a frappé ses contemporains, c'est la pauvreté des moyens militaires dont Bélisaire disposait face aux forces supérieures en nombre des Barbares. Mais Bélisaire a suppléé à cette infériorité par sa prudence et par son habileté tactique. Son humanité, sa douceur ont aussi retenu l'attention des observateurs, à tel point qu'il fut populaire même parmi les Barbares qui souhaitèrent, après leur défaite à Ravenne, et la capture de Vitigès, lui offrir la royauté. Bélisaire aura été surtout le dernier représentant d'une grande ambition. Il souhaite, avec l'appui de Justinien, ressusciter l'Empire romain défunt, redonner au monde son unité perdue. Mais l'empreinte morale, sociale et politique laissée par les Barbares, la désagrégation économique, le pessimisme qui envahissait les mentalités au VIe siècle seront plus puissants que les victoires militaires de Bélisaire qui resteront sans lendemain.
Bélisaire fut un maître de la guerre psychologique. De plus, il savait parfaitement conjuguer les différentes combinaisons stratégiques et tactiques d'attaque et de défense. De cette période naquit la grande tradition byzantine de la guerre qui produisit des stratèges remarquables comme Maurice, Léon, et Nicéphore Phocas.