Enzolior-Lassalle a écrit :
Cher Aurélius, j'ai quelques désaccords avec vous.
Ma lecture estivale de Procope ne me laisse guère douter que justinien ait voulu, au moins partiellement, réoccuper des territoires romains.
De plus, les territoires étaient à l'époque très loins d'avoir perdus leur romanité, même si elle s'était quelque peu atténuée : l'afrique et l'italie conservait le sceau romain.
Mon explication sur l'échec de cette politique est simple : la disproportion entre les moyens de Byzance et ceux nécessaires à une conquêtes durable et solide.
Le corps de Bélissaire en Afrique était très limité, pas assez pour écraser les révoltes maures (après des maladresses byzantines, mais les romains en faisaient aussi, mais eux avaient les moyens de tenir le pays malgré tout). De même, les moyens en hommes, argent et ravitaillement étaient insufisantes d'où des conquêtes très difficiles et très ardues.
La fragmentation politique des zones à reconquérir rendait la juxtaposition de l'autorité romaine au détriment des indigènes délicate.
Mais c'est avant tout un manque de moyen : Rome avait plus de troupes et avait mis plus de temps
Je me décide à répondre, 8 mois après la bataille!
Votre analyse sur la lutte byzantino-maure est à mon sens erronée. Les Romains n'ont jamais vraiment su pacifier ces tribus, certaines ont été il est vrai romanisées, d'autres ont toujours été rétives à la romanisation. Au IVe siècle d'ailleurs, la menace accrue qu'exercent ces tribus sur les établissements romains obligent ces derniers à évacuer les franges désertiques, notamment en Tripolitaine et en Maurétanie.
La chute de l'Afrique romaine a fait disparaitre la romanisation superficielle qui avait touché quelques unes de ces tribus. Ces dernières n'ont rien perdu de leur combativité car elles donnent beaucoup de fil à retordre aux Vandales.
Pierre Maraval, dans son édition des
Guerres contre les Vandales de Procope explique bien que les difficultés liées aux tribus ne s'arrêtent pas une fois les Romains revenus, bien au contraire. Un siècle d'absence a suffi pour que les tribus Maures retrouvent une totale indépendance que beaucoup n'avaient d'ailleurs jamais perdue.
Dans ces conditions, même avec une armée nombreuse, contrôler ces tribus relevait de la gageure. Expertes dans les coups de mains et avantagées par cet immense territoire désertique, elles semblent difficilement saisissables (cf le récit de Tacite quant aux campagnes laborieuses menées sous Tibère par exemple).
Le fait est que contrôler les tribus passait par la romanisation d'une partie d'entre elles et non par une écrasante occupation militaire (les troupes romaines d'Afrique sont très peu nombreuses pendant l'Empire). C'est cette romanisation des tribus qui fait défaut à l'occupation romaine du VIe et VIIe siècle.