Sujet restitué jusqu’au 24-03-07
Citer :
Davidk
Je lis en ce moment un texte qui fait référence à la pronoia. Je comprends pas tout à fait les subtilités de ce changement dans l'imposition byzantine,notamment : "la pronoia offrait des revenus du fics à son bénéficiaire."
Florian
La pronoia est un moyen de rémunération qui permet aux empereurs de s'offrir les services de puissants (le plus souvent des chefs de guerre) sans avoir à les payer en numéraire (ce qu'ils n'avaient bien souvent pas les moyens de faire).
Donc en échange d'un service rendu (combattre pour Byzance en général), le pronoïaire (bénéficiaire d'une pronoïa) se voit offert les revenus fiscaux d'une région, qu'il doit se charger de prélever lui-même. Cela évite donc aux empereurs de prélever l'impôt, de le faire parvenir à Constantinople pour le redonner ensuite aux mercenaires.
C'est le développement de la pronoïa qui a pu faire parler d'une "féodalisation" de l'empire byzantin dans la mesure où l'Etat délègue un de ses droits régaliens (prélever l'impôt) à un pronoïaire. Cependant, le pronoïaire n'a rien d'un seigneur pour deux raisons: la pronoïa est une rémunération contre service rendu, et surtout, elle n'est pas viagère (elle cesse en même temps que le service). Jamais l'empereur ne renonce à diriger les régions qu'il donne en pronoïa.
En claire, la pronoïa n'est pas tant une délégation de pouvoir (si ce n'est celui de prélever l'impôt, qui est plus une charge qu'un pouvoir pour l'empereur, qui est donc heureux de la laisser à d'autre) qu'une forme de rémunération (qui a l'avantage de ne pas nécessiter la détention d'importantes sommes en numéraire).
Davidk
Merci pour cette réponse rapide . un bénéficiare de la pronoia qui perçevait un impôt en reversait une partie à l'Etat ?
Florian
Non, tout lui revient car ce n'est pas à proprement parler un fermage (l'Etat délègue la perception de l'impôt à un intermédiaire qui en garde un partie pour se rémunérer) mais un cession (l'Etat délègue son droit à l'impôt à un de ses créanciers).
Davidk
Mais alors l'état perd une partie de ses "revenus" ? est-ce la raison pour laquelle les terres klasmatiques se sont développées?
Florian
L'Etat ne perd pas de revenus puisque il donne une pronoïa en échange d'un service (qu'il aurait autrement dû payer en numéraire): c'est une rétribution et pas une concession.
Les terres klasmatiques n'ont rien à voir avec la pronoïa: il s'agit de terres séparées (klasma) du village auxquelles elles appartiennent car l'impôt les concernant n'a plus été payé depuis 30 ans. Elles sont donc confisquées par le fisc qui les exploite lui-même ou les revend.
Zunkir
L'Etat peut aussi concéder des revenus de parèques de ses domaines à des serviteurs (et pas les terres elles-mêmes), des revenus plutôt en nature apparemment. C'est là que l'effet pervers débute, puisque le bénéficiaire et ses intermédiaires (régisseurs) acquiert un ascendant sur les cultivateurs ... La pronoia ne couvre pas forcément le revenu total, elle peut être complétée par un salaire (roga), parfois elle échoit à plusieurs personnes en même temps ; on la complète par des exemptions de taxes. Au fil du temps ce système est de plus en plus avantageux pour les bénéficiaires, et vers le 13e et 14e siècles elle tend à devenir héréditaire, pendant les guerres civiles, et l'Etat perd effectivement le contrôle des revenus, bien que pendant un certain temps il continue à décider de la somme perçue. Mais c'est une dérive du système, avant l'affaiblissement politique la pronoia s'insère bien dans le fonctionnement courant de l'Empire.
Edmée
Le taux d'imposition était fixé par l'empereur en fonction de la qualité de la terre et du nombre de parèques qui pouvaient événtuellement s'enrichir d'un surplus .
Pour quelles raisons et en vertu de quels critères ,l'empereur pouvait-il relever ce taux?
Oxymore
Pourriez-vous me renseigner, SVP, sur le solemnion logismon dévolue aux monastères et qui précède la pronoïa. D'après ce que j'ai compris le solemnion est une somme donnée par l'empereur à un monastère, et qui correspond le plus souvent au montant de l'impôt foncier que les monastères ont à payer à l'Etat. Le logismon est une somme perçue par l'empereur sur des terres ou redevances est transférée à des monastères.
D'autre part, la pronoïa est-elle bien un prolongement du solemnion logismon aux membres de l'aristocratie civile et militaire ? Ne constitue-t-elle pas une adaptation à la famille impériale, d'abord, puis à l'aristocratie ensuite, du système stratiotique autrefois appliqué aux soldats-paysans des thèmes ?
Zunkir
La pronoia vient plus du logisimon, en tant que dévolution de revenu de l'Etat : concrètement, un particulier ou monastère se voit concéder le revenu de son propre impôt, ou bien un revenu équivalent à celui-ci, ce qui revient à l'annuler dans les deux cas. Pour autant que l'on sache les terres stratiotiques n'apparaissent qu'au début du Xe siècle, et elles sont enregistrées pour être rendues inaliénables, et donc permettre aux soldats de fournir leur équipement et leurs vivres pour aller au combat. Il ne s'agit pas de terre concédée contre service.
Oxymore
merci pour votre réponse. Mais à quoi correspond alors le solemnion ?
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